CES 2017 : toujours plus loin d'Apple
Le Consumer Electronic Show (CES) qui se tient à Las Vegas chaque début d’année est une machine infernale qui entretient sa propre hype. Une bulle hors du temps dans laquelle une armée d’observateurs de la chose techno s’emballe pour la moindre nouveauté dont la plupart n’ont, objectivement, aucune chance de faire leur trou au sein du grand public.
Il y a évidemment tous ces objets connectés qui, du slip anti-radiations à la ceinture qui compte les calories, en passant par le robot tueur de moustiques et la bouteille d’eau connectée, font plus sourire qu’envie. Le compte Twitter Internet of Shit a recensé quelques unes des perles présentes sur le salon cette année — une visite chaudement recommandée pour qui aime se moquer.
Le CES donne volontiers le bâton pour se faire battre. À en croire les précédentes éditions, nous devrions tous posséder un téléviseur 3D, un casque de réalité virtuelle et une imprimante 3D. Évidemment, c’est très loin d’être le cas. Il est malgré tout impossible de ne pas tirer quelques enseignements de l’étalage de nouveautés aperçues cette année, car cela représente en quelque sorte l’état de l’art de l’industrie.
Alexa, un assistant au cœur des discussions
Comme tous les ans, Apple n’était pas officiellement présente à Las Vegas. Le constructeur de Cupertino s’arrange habituellement pour faire passer un message (sous la forme d’un communiqué ou d’une rumeur bien sentie) afin de se retrouver au centre des discussions. Cette année, cela n’a pas été le cas.
Qu’on ne s’y trompe pas, les technologies mises au point par Apple restent toujours aussi courues : un espace entier baptisé iProducts rassemble la fine fleur des accessoiristes pour iPhone et pour Mac. Au détour d’un stand, il est fréquent de voir des Mac en démonstration, et l’iPhone est toujours collé aux doigts de nombreux exposants.
Néanmoins, le nom d’Apple a été largement supplanté par celui d’Amazon cette année. Le géant du commerce en ligne était déjà un poids lourd dans l’univers des technologies grâce à ses tablettes et ses liseuses, mais c’est avec Alexa, son intelligence artificielle, que le groupe est en train de se montrer indispensable pour bon nombre de fabricants.
Alexa par-ci, Alexa par-là… Difficile de faire le point sur le nombre d’appareils intégrant l’assistant d’Amazon ! Cela va du simple haut-parleur à la voiture (la Ioniq de Hyundai, chez Ford et Volkswagen) au jouet (l’Aristotle de Mattel), et même à l’électroménager (chez Whirlpool). Huawei entend aussi intégrer Alexa dans le Mate 9.
Harman Kardon, fraîchement acquis par Samsung, s’y met alors que son propriétaire est en plein développement de son propre assistant, Bixby. Certes, Harman se contente de décliner un haut-parleur conçu par Lenovo, mais cela démontre tout l’attrait de la plateforme d’Amazon.
L’ironie de l’histoire, c’est qu’Amazon n’a fait que s’inspirer de l’intuition des créateurs de Siri, qui avaient imaginé un assistant connecté ouvert aux quatre vents. Après son acquisition par Apple, il a fallu attendre iOS 10 pour que Siri daigne finalement entrouvrir la porte à d’autres services.
Toutefois, il faut savoir raison garder. Même si l’assistant d’Apple est attaqué de toutes parts, souvent avec des propositions dignes d’intérêt (et nul doute que c’est le cas aussi d’Alexa), rappelons que c’est encore la Pomme qui est la championne du monde toutes catégories de ce service.
Aucun autre constructeur ne vend chaque année plus de 200 millions de terminaux iOS et d’ordinateurs embarquant en standard un assistant vocal. Amazon et ses partenaires n’ont vendu que 2 millions d’appareils Alexa durant les neuf premiers mois de 2016, d’après CIRP ; un chiffre qui va sans aucun doute augmenter au vu de la pléthore de produits compatibles, mais on reste très loin des volumes écoulés par Apple.
De plus, Alexa est encore bien limitée : elle ne comprend que l’anglais US et UK, ainsi que l’allemand. Siri est multilingue… Que cela n’empêche pas Apple de continuer à améliorer son assistant, évidemment. Mais à en croire Phil Schiller, il ne faudra pas attendre d’Apple un produit sans écran : il ne sera sans doute pas question d’un haut-parleur Siri de type Echo… Une déclaration faite à l’occasion des dix ans de l’iPhone, qui résonne bizarrement : après tout, les AirPods proposent une « expérience » de Siri sans écran…
Le salon de la voiture connectée
Le CES, c’est aussi l’antichambre des grands salons de l’auto. L’industrie automobile court après celle des technologies, à moins que ce ne soit l’inverse ; une des plus grosses annonces du salon a d’ailleurs été la FF91 de Faraday Future, la voiture électrique la plus rapide au monde — y compris face à la Model S avec le mode Ludicrous : elle file de 0 à 100 km/h en 2,39 secondes, contre 2,5 secondes pour la voiture de Tesla.
Le véhicule est impressionnant, mais Faraday Future pourrait bien souffrir des difficultés financières de son principal investisseur, LeEco. Le premier modèle devrait sortir des lignes de production en 2018, et si on souhaite s’équiper, il faut déposer un acompte de 5 000 $. Au dernier pointage, on en était déjà à plus de 64 000 précommandes…
Dans un autre genre, Toyota a aussi fait chavirer bien des cœurs avec sa Concept-i. Cette citadine qui ressemble à une voiture de science-fiction ne sera sans doute jamais produite, mais le constructeur a mis au point une intelligence artificielle qui épaulera le conducteur en toutes circonstances. Pas de conduite autonome à proprement parler donc, mais quelque chose entre les deux — et au vu la lenteur avec laquelle les législations évoluent, c’est peut-être la meilleure proposition.
Durant la ruée vers l’or, ceux qui ont fait fortune ne sont pas ceux qui ont passé leur vie à tamiser de l’eau, mais les marchands de pioches. En matière d’automobile connectée aussi, cet adage pourrait s’appliquer. Du moins, c’est dans ce sens que pousse Nvidia. Le constructeur de cartes graphiques a dévoilé durant le salon un partenariat avec Audi.
L’objectif est de concevoir une « plateforme » d’intelligence artificielle, Drive PX, pour l’automobile sans chauffeur. Un prototype d’Audi Q7 était présent sur le salon (ci-dessus), avec en ligne de mire les premières voitures pour 2020. Nvidia entend bien équiper le plus grand nombre de constructeurs.
On ne sait plus trop où en est Apple dans son propre projet Titan. Le dossier rebondit de rumeur en indiscrétion, et si l’on pensait que le constructeur avait abandonné l’idée de concevoir un véhicule pour se concentrer sur une plateforme d’aide à la conduite, Apple a récemment brouillé les cartes avec un vibrant plaidoyer pour les voitures autonomes.
Quoi qu’il en soit, la concurrence n’attend pas qu’Apple dévoile son jeu pour placer ses pions sur un marché prometteur. Mais cela n’empêche pas — généralement — le constructeur de Cupertino de rattraper son retard avec un produit plus abouti.
Les camions roulent toujours
Le PC n'est pas mort. Loin de là ! Les formes les plus diverses se sont épanouies à l'ombre du CES. Si les produits d'Apple sont souvent un marqueur de design sur lequel la concurrence s'aligne, la stabilité (le conservatisme ?) dont fait preuve la Pomme dans ce domaine depuis quelques années incite les constructeurs à sortir de leur zone de confort pour s'intéresser à de nouveaux formats. Pour le meilleur, comme l'intéressante tablette graphique grand format Canvas de Dell ou le XPS 13 "flexible" de Dell, et pour le pire, à l'instar du monstrueux Predator 21 X d'Acer ou de l'étrange « projet Valerie » de Razer.
La tendance un rien mortifère de la finesse à tout prix a été enrayée cette année, pour mieux se consacrer à l’autonomie et son amélioration. Certains peuvent apprécier les produits anorexiques, mais beaucoup préfèreront des machines qui tiennent la route plus longtemps (lire : L’autonomie est tendance au CES).
L’aspect le plus réjouissant de ce CES du point de vue des « camions », cela reste l’engouement des constructeurs pour l’USB-C. Certes, ils n’ont pas attendu ce CES pour intégrer la connectique dans leurs produits, mais il n’y avait pas beaucoup d’ordinateurs sans USB-C cette année… y compris pour les écrans et les docks en tout genre. Et c’est tant mieux pour nous, Apple misant de plus en plus sur cette connectique : plus il y aura de périphériques USB-C sur le marché, moins ils coûteront cher…
HomeKit, une place au chaud dans la maison
Certes, il a finalement été assez peu question d’Apple durant cette édition du CES. Mais une technologie de la Pomme a poursuivi son bonhomme de chemin : HomeKit. La plateforme domotique d’Apple a eu du mal à se lancer, mais désormais elle est bien installée dans le paysage.
De nombreux produits HomeKit ont ainsi été dévoilés en ce début d’année, notamment dans la catégorie des accessoires lumineux (chez Leviton, Incipio, iDevices, Sylvania…).
Des accessoires plus élaborés ont également été présentés, chez Netatmo par exemple qui se rêve maintenant en plateforme de produits connectés. ConnectSense pallie la faible portée du Bluetooth avec son concentrateur Wi-Fi.
Withings a profité de l’occasion pour dévoiler sa nouvelle caméra domestique compatible HomeKit, n’oubliant pas au passage tous ceux qui, ayant acheté le modèle précédent, vivaient dans l’espoir d’une compatibilité avec la technologie d’Apple. Honeywell, D-Link et Ring ont également lancé des caméras de surveillance pour l’intérieur comme l’extérieur.
On ne compte pas non plus les cadenas connectés et les capteurs en tout genre. Notons la présence sur le salon de deux accessoires Eve d’Elgato, pas encore officialisés : l’Eve Aqua (contrôle de la présence d’eau) et l’Eve Extend (concentrateur Wi-Fi).
Au vu de la profusion de nouveaux accessoires, Apple est donc en train de se faire une place au chaud sur le marché de la domotique. Des ampoules et des interrupteurs, cela fait moins rêver qu’une voiture autonome ou qu’un ordinateur tactile, mais ces produits sont plus facilement accessibles au commun des mortels.
La French Tech en force
Le négativisme entretenu par de trop nombreux Français envers l’innovation dont font preuve les entrepreneurs de l’industrie tricolore des technologies ne saurait masquer une réalité : cette année, la France représente la troisième délégation la plus importante du salon, derrière les États-Unis et la Chine. 172 start-ups présentes, 238 exposants en tout…
Alors certes, tout n’est pas forcément à garder de cette myriade de jeunes pousses et d’entreprises déjà bien installées dans le paysage (qui a vraiment besoin d’une brosse à cheveux connectée ou d’une brosse à dents intelligente ?), mais on ne peut pas leur reprocher de manquer d’imagination.
Depuis quelques éditions du CES, l’ébullition qui se produit dans la French Tech à l’approche du salon attire les politiques. Emmanuel Macron a eu droit à son ovation en 2016, et en cette année électorale, François Fillon a aussi fait sensation. Notamment avec une déclaration sur la création de « l’internet » en France qui amuse beaucoup sur Twitter (ici, là, ou encore ici).
Même si on peut s’en amuser, l’intérêt des politiques pour la technologie imaginée en France est de bon augure pour faciliter le développement de solutions innovantes sur le territoire. Qui s’en plaindra ?
énorme ! XD
sinon tu peux te dire qu'ils est prêt quand Siri a fini par comprendre
@jean_claude_duss
Vous y êtes presque.
Peu importe le nombre de smartphones sur lesquels Siri (ou Cortana, ou...) est installé.
Ce qui va compter, c'est le nombre d'appareils exécutants.
Si votre autocuiseur d'oeufs, votre autocuiseur de pâtes, votre atomixaire, votre tourniquette à faire la vinaigrette, votre pistolet à gaufres, votre cire-godasses et votre repasse-limaces ont des interfaces Alexa, c'est Alexa que vous allez utiliser de préférence.
Amazon a les moyens de promouvoir à mort les ratatine-ordures et les canons à patates obéissant à Alexa.
Ils ont compris un truc élémentaire : dans l'internet des machins, il faut commencer par contrôler les machins. Contrôler leur distribution, leur déploiement et leur mode d'emploi. Le reste suit.
@occam
Le ratatine-ordures, je visualise easy, mais les canons à patates pas du tout.
@jean_claude_duss
Aucun autre fabricant ne vend plus de terminaux iOS pour au moins une raison d'importance, aucun autre fabricant ne vend de terminaux iOS.
Par contre, même si Apple réalise 44% des activations à Noël, ça veut quand même dire que Android réalise 56% des activations, et il s'en vend beaucoup plus tout au long de l'année.
Donc de terminaux équipés de pas Siri.
Quant à Cortana, il est potentiellement installé sur quoi, 300 mio de PC maintenant ?
Je ne miserais pas sur Siri comme champion de la base installée.
Quant à l'utilisation pratique et réelle, j'utilise plus la reconnaissance vocale de Google que Siri. Sur iPhone ! Je ne suis absolument pas un échantillon statistique valable, évidemment. Mais je me pose la question de ce que les gens font vraiment de leurs assistants vocaux, lesquels sont vraiment utilisés.
Pour ma part, l'utilisation première, c'est le GPS. Google marche. Siri ne me trouve jamais une seule destination, même en étant super précis. Google trouve presque tout, et il interprète très bien les approximations. L'autre jour je lui demandais le Sunrise shop le plus proche, trouvé tout de suivre. Siri m'a trouvé un magasin de riz bio à Sonne. Pas sur que ce soit le magasin de riz bio le plus proche.
Siri n'est champion de rien du tout je pense.
Oh, je dis du bien de Google, alors qu'en réalité c'est de Cortana dont je pense du bien. Marche vraiment super. Inutile sur PC, mais marche super quand-même. Google est OK. Siri ne l'est pas. (Pour moi.)
"Même si l’assistant d’Apple est attaqué de toutes parts, souvent avec des propositions dignes d’intérêt [...], rappelons que c’est encore la Pomme qui est la championne du monde toutes catégories de ce service."
C'est excellent ! ?
Championne du monde de quoi ? De popularité ? Je ne pense pas, il se vend 5 fois plus d'appareils équipés de Google Now. De reconnaissance vocale ? Google Now est encore une fois loin devant. Qualité des réponses ? Reconnaissance des noms propres et mots étrangers ? Proactivité ? Diversité de services ? Écosystème logiciel ? Utilisation à l'écrit ?
Ah si, j'ai trouvé ! Siri est champion du monde de blagues !
On sait donc désormais que "toutes catégories" = blagues. :)
@sachouba
Ah merde j'oubliais les blagues. Oui, Siri est sûrement championne dans cette catégorie, très juste.
Je retire ce que je disais dans mon message plus haut. Pardon.
le CES c'est aussi la presentation des TV/smarttv/hub pour l'année en cours et là, Apple est vraiment dans la panade
@heero
La seule smart TV qui ne sucks pas balls, c'est les machins équipés d'AndroidTV. Le reste, c'est de la vaste blague pas drôle du tout. Plus un emmerdement constant que n'importe quoi d'autre.
Le point positif est que ça ne peut que s'améliorer.
A moins que ça juste reste merdique.
Bon. Le point positif est que ça ne peut pas empirer.
A moins que... nooon. Pas possible.
J'ai une TV LG, acheté essentiellement pour regarder des films, et j'en suis très content. Par contre les rares fois ou je dois naviguer dans l'OS… OH MY GOD, WebOS a été tellement massacré :-(
Quand on comprendra qu'Apple n'est plus du tout geek, mais plutôt "Burberry's, on ne s'étonnera plus qu'ils n'ont rien à faire du CES !
Siri deviendra très rapidement hyper nullard par rapport aux autres !
diegue
"Quand on comprendra qu'Apple n'est plus du tout geek, mais plutôt "Burberry's, on ne s'étonnera plus qu'ils n'ont rien à faire du CES !"
Cela fait des années qu'Apple évite la geekitude du CES
@Occam
Et "java" dans les bombes atomiques ?
@Mike Mac
C'est pas la java bleue, toujours...
Superman sur la planète Krypton !!! photon° 2
Ah non, il porte un gilet orange et ce sont des Alexa Echo, pardon.... j'avais mal vu. hahaha
Un CES vraiment intéressant pour une fois.
Pas vraiment d'accord avec l'avis sur Alexa. L'auteur de la news a t'il testé le produit ?
Perso j'ai un dot à la maison et c'est autrement plus puissant que cette bouse de Siri sur mon iPhone. Ca comprend parfaitement mon anglais sans devoir se répéter 15 fois, c'est réactif et compatible avec un grands nombres de mes objets connectés (TV, lumières, prises, etc). Et encore, le produit est limité en France, je n'ai pas accès à ttes les features.
Perso, je crois que je n'ai jamais vu personne utiliser réellement Siri (s'entend à part pour faire le con)...
Alors bon, il pourrait être présent sur cent milliards d'appareil, si seulement 1 pour mille l'utilise un peu de temps à autre...
Je pense que le seul avenir de ces assistants (s'entend, ou ce ne sera pas juste un petit jouet mais un truc indispensable) s'ouvrira le jour ou il sera capable de lui-même de savoir si on s'adresse à lui ou non.... Bref on en est tellement loin...
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