SFR : la guerre des prix n'est pas tenable

Mickaël Bazoge |

Pendant le rachat, les affaires continuent. SFR, dont l'acquisition par Altice a été actée par le conseil de surveillance de Vivendi, poursuit donc son développement : dans les prochains jours, l'opérateur au carré rouge et Vodafone vont annoncer un « partenariat très étendu », d'après Jean-Yves Charlier le PDG de SFR au Figaro - et ce, malgré l'acquisition de l'opérateur par Altice. « Nos clients professionnels auront un accès au réseau Vodafone partout dans le monde », explique le patron, sans rentrer plus avant sur la portée de cet accord si ce n'est qu'il « portera sur de nombreux points ».

Jean-Yves Charlier -dont le sort au sein du futur attelage SFR/Numericable n'est pas encore défini- lève également un coin du voile sur les négociations avec Altice et Bouygues : « Nous avons préparé avec la même attention et en toute neutralité un projet industriel avec chacun des deux candidats, Bouygues Telecom et Numericable. D’un point de vue industriel, les deux projets étaient pertinents pour SFR ». Mais Numericable et son « réseau fixe de 10 millions de prises » a emporté le morceau : SFR peut ainsi se positionner pour la première fois devant Orange dans le très haut débit. L'intégration de SFR au sein de Numericable ne devrait pas poser de soucis, estime t-il, car leurs métiers « sont complémentaires et (…) les tailles sont très différentes ». Le PDG confirme que la nouvelle entité s'appellera bien SFR.

Malgré les polémiques et les coups de menton de Martin Bouygues, l'accord de mutualisation des réseaux entre SFR et Bouygues Telecom n'est pas remis en cause (lire : Bouygues et SFR veulent mutualiser leurs réseaux). « Nous avons signé un contrat pour 20 ans, qui ne comporte pas de clause de sortie pour cause de changement de contrôle capitalistique », rappelle Charlier. La rupture de contrat par Bouygues occasionnerait pour ce dernier une pénalité pouvant aller jusqu'à un milliard d'euros : on comprend dès lors que l'opérateur marri marche sur des oeufs dans ce dossier spécifique.

Jean-Yves Charlier, PDG de SFR.

Sur la sauvegarde de l'emploi, le patron de SFR se fait rassurant. Des engagements -« inédits »- ont été pris dès le départ par Patrick Drahi, le patron d'Altice. « Nous sommes à présent en train de formaliser ces engagements dans le cadre d'un accord avec les représentants syndicaux. La transition se fera par étapes ». Altice a déposé son dossier d'acquisition à l'Autorité de la concurrence mercredi dernier. Autre préoccupation : l'investissement. Avec Numericable, SFR s'est engagé à déployer 12 millions de prises très haut débit d'ici à 2017, « et 15 millions en 2020, contre 8 millions actuellement chez Numericable ». Quant à la 4G, le déploiement se poursuit.

Dans un registre plus large, Jean-Yves Charlier exprime dans cette interview ses doutes concernant l'avenir à moyen terme du paysage de la téléphonie en France. Il estime ainsi que si la guerre des prix devrait se poursuivre encore un moment, elle « n’est pas tenable sur le long terme ». « La France doit choisir entre des prix bas et résorber la fracture numérique. Nous avons atteint un point de bascule » assure t-il, reprenant au passage un des arguments d'Arnaud Montebourg en fin d'année dernière - l'alors ministre du Redressement productif avait estimé sur RTL qu'il était « possible que dans cette guerre des prix nous ayons un mort ». Depuis l'arrivée de Free Mobile sur le marché, les revenus des opérateurs ont baissé de 7,7% mais leurs investissements sont restés stables. Le maintien de quatre opérateurs en France est-il tenable ? Les bouleversements sont loin d'être terminés sur le marché français des télécoms : parmi les scénarios sur la table, Free pourrait ainsi s'offrir Bouygues…

avatar Psylo | 

Foutage de gueule et enfumage complet. Ca fait belle lurette qu'une bonne partie des infrastructure ont été amorties et rentabilisées ; des années que les opérateurs sont subventionné grassement par NOTRE argent public honteusement gaspillé.
Décernons un grand prix d'honneur du jury ("mention pitoyable") pour les 2 enveloppes de 75Millions € investis par l'état dans le "cloud" à la française. Un hold up perpétré par Orange/Thales d'un côté et Bull/SFR de l'autre.
Sponsoriser des grands entreprises déjà établies en situation de monopole, dont ce n'est pas le coeur de métier et qui ne payent pas d'impôts (cf. affaire Orange) c'est vraiment bon pour l'innovation et l'économie.

avatar reese974 | 

Et oui... Les département d'outre mer vont se faire avoir avec un duo SFR/Orange ! Remarque Only (pour le cas de la Réunion) pratiquait des prix bas mais avec une qualité de réseau et un sav digne d'une entreprise fictive. Erreurs de facturation, baisse du débit sans prévenir... Et bien sur après 3 mois d'engagement !

Je lis tout le monde prêcher free ou bouygues... Les gars, dites vous qu'ici nous n'auront plus qu'sfr et orange ! L'un joue à proposer des forfaits à prix "coûteux" et l'autre suit !

Pourquoi drahi s'est battu pour avoir le "plus" d'opérateurs outre mer ? Comptez 49 a 60 euros du haut débit avec une 60aine de chaîne et le téléphone pas illimité vers les mobiles ici, et sur le mobile c'est pire (vous dépassez votre forfait data au delà des 500mo, vous payez par tranche de 10ko !).

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