Baladodiffusion : les enjeux pour l'Education Nationale

La redaction |
Podcasting, iPod et Éducation ? Le mélange peut prêter à sourire. Que trouve-t-on vraiment derrière ? Qui fait quoi ? Est-ce que ça marche ? Comment utiliser ces outils ? Quels sont les enjeux pour l'Éducation nationale ? Et où en est Apple sur le sujet ?

Après un premier épisode sur l'émergence de la baladodiffusion (podcasting) au sein de l'Éducation nationale (lire : Baladodiffusion : une recette numérique pour l'Éducation nationale), un deuxième sur les expérimentations de professeurs ambitieux en province (lire : L'école du futur est en province) et un troisième (lire Education : une potion gauloise pour combattre les idées fixes !) voici l'avant-dernier volet de notre série de cinq sur ces questions.

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La baladodiffusion touche les langues, mais aussi le français, les mathématiques ou l'histoire. Une multiplicité de pratiques sur un même appareil pour des résultats difficiles à quantifier sans évaluations officielles. Les enseignants la pratiquant, eux, sont conquis.


Malgré les rapports réalisés par la crème des inspecteurs généraux, malgré les missions des élus ou des sociétés de conseil, la France se trouve confrontée, 30 ans après le plan "Informatique pour tous", à un perpétuel aveuglement de certains personnels de l'éducation nationale et des collectivités face aux enjeux de l'utilisation des technologies de l'information dans l'éducation. La baladodiffusion ne fait pas exception à cette règle qui fait s'affronter les partisans de leur utilisation à ceux de méthodes plus classiques.

Mais le pays peut-il se permettre d'hésiter à inciter au déploiement de pratiques qui remettent en selle les élèves et redynamisent les enseignants, alors que l'Éducation nationale représente le premier budget de l'État en 2010, et que l'efficacité de son organisation est loin d'être démontrée (20% d'une classe d'âge -150 000 jeunes, sort du système éducatif sans diplôme) ?

Quand une grande partie des acteurs et des usagers du système éducatif est démotivée et ne trouve pas de sens à ce qu'elle fait, des usages susceptibles de réinsuffler de la passion d'apprendre ne doivent-ils pas être rapidement évalués et déployés ?

Une killer App pour le pays ?

Sur le terrain en tout cas, les enseignants qui ont développé les meilleures pratiques ont bien compris les opportunités, mais aussi, et c'est tout aussi important, les limites de la baladodiffusion. Et ces apports ne se limitent pas au seul apprentissage des langues étrangères. La maîtrise du langage en français bénéficie aussi des apports des méthodologies adoptées et de la technologie déployée. Quelques enseignants du primaire, en maternelle comme à l'école élémentaire, ont déjà constaté les effets bénéfiques sur la progression d'élèves initialement en difficulté.

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Les enseignants rencontrés dans le cadre de cette enquête réalisée sur les quatre dernières années sont formels : l'utilisation de la baladodiffusion en classe à l'aide de baladeurs MP3 ou d'iPod, mais aussi à l'aide d'ordinateurs PC ou Mac (L'école du futur est en province), favorise un développement de la compréhension et de l'expression orale. La technologie apporte un cadre d'apprentissage personnalisé aux élèves. “On a moins le stress de parler devant tout le monde comme en pleine classe”, confie Camille une élève de collège. “On sait que si notre accent est mauvais, il n'y a que le prof qui va nous entendre. En plus, grâce aux casques, l'ambiance est plus calme que lorsqu'on parle en classe. Cela permet de mieux travailler, d'améliorer son accent, de progresser à l'oral et de mieux nous évaluer. Et le prof a plus de temps à nous consacrer individuellement”.

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La pratique favorise en effet une véritable dédramatisation de l'oral et induit une implication nouvelle des élèves. Une observation empirique depuis le fond de la classe, met en relief les différences d'attitudes. Elles sont palpables : les élèves, même issus de quartiers défavorisés, sont impliqués et enthousiastes, et les enseignants retrouvent un second souffle. La production s'en ressent rapidement, même si la plupart des enseignants décrivent des phases d'accélération et de ralentissement de cet engouement tout au long d'une année scolaire.

Autre avantage révélé, les possibilités de mise en place d'une pédagogie différenciée et individualisée. Chaque élève n'est pas égal devant le savoir, même si l'école de la République veut nous le faire croire. Il s'agit d'ailleurs d'un des plus vieux débats de salle de professeurs qui débouche souvent inévitablement sur la culture, la richesse et la maîtrise du langage dans l'environnement familial. La baladodiffusion ne réglera pas ces différences. Mais sa capacité à se transporter au cœur même de la famille permet de fournir un outil, capable d'améliorer la gestion de l'hétérogénéité de la classe et voit souvent un retour de l'implication des parents dans la scolarité de leur enfant.

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La place de la vidéo dans la baladodiffusion est aussi à souligner : elle apporte une dimension pédagogique de facilitation de la compréhension orale que tous les enseignants utilisateurs d'iPod ou de podcasts exploitent. Marie-Anne Roux à La Réole, José Iriarte à Draguignan, Emily Yon à Thonon-les-Bains, et tant d'autres, ont pu constater les avantages de la mise en contexte apportée par l'image animée. “A mesure de l'utilisation de l'iPod en classe et hors classe, les élèves s'imprègnent de la langue vivante et peuvent réaliser des enregistrements nettement meilleurs” relève un des enseignants, qui ne fait que confirmer un phénomène observé par tous. “Ils s'enregistrent jusqu'à tant qu'ils obtiennent une production qui les satisfasse, ce qui a pour effet de renforcer leurs capacités d'expression. Et ces résultats s'obtiennent très vite, en raison de l'exposition répétée, en classe ou à la maison, à la langue apprise.”

Les freins à l'extension de la baladodiffusion

Tous les enseignants utilisateurs en sont d'accord : le principal obstacle se concentre sur la complexité d'identifier ou de dénicher les documents multimédias susceptibles d'être utilisés dans leurs séquences pédagogiques. Les professeurs de langues, de français, voire de latin, qui se sont essayés au podcast s'appuient sur des ressources hétéroclites qui peuvent avoir été découvertes après des heures de recherche, créées par des assistants dans leur langue maternelle ou extraites des manuels fournis par les éditeurs. Pour le latin, il manque toutefois encore des enregistrements d'époque de Cicéron !

La question de l'utilisation de documents multimédias libres de droits se pose alors avec acuité. Les services de certaines académies et du ministère ont réalisé un important travail de défrichage, mais il manque à l'évidence un portail de référence concentrant des documents identifiés, libres de droits, adaptés aux programmes, suivant les niveaux de compétences définis par le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (le CECRL), découpés en séquences, accompagnés de documents, de scripts, d'exemples de scénarios, de pas à pas… et validés par des équipes pédagogiques ainsi que par les utilisateurs.


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Le second obstacle majeur concerne la diffusion de ces ressources dans les établissements scolaires. On en revient à la problématique de la mise en place et de l'utilisation de l'ENT (Baladodiffusion : une recette numérique pour l'Éducation nationale) et de son utilisation en coordination avec des iPod, des baladeurs multimédias ou tout autre matériel informatique supportant la baladodiffusion en classe et à la maison. La difficulté est d'autant plus importante, que les compétences se partagent entre Académies et collectivités territoriales.

Le système éducatif français a en effet cette particularité que les ressources pédagogiques sont financées par l'État et ses représentants locaux, tandis que le matériel dépend des collectivités territoriales (Région pour les lycées, département pour les collèges et commune pour les écoles). Cette séparation des compétences a permis à ces différents acteurs de bénéficier de prix dits du "mieux-disant" dans les appels d'offres destinés aux équipements des établissements scolaires. Le corollaire de cette politique est la faiblesse du taux d'utilisation des matériels achetés par la collectivité, le faible développement des usages des technologies en classe, et l'inadéquation des ressources au principal facteur de motivation des élèves et des enseignants, la créativité autour de documents audio, photo, vidéo…

Le dernier obstacle concerne la question de l'acquisition de baladeurs numériques déclencheurs de motivation, de démultiplication des pratiques et de régularité des usages. Malgré les évaluations multiples réalisées par la presse informatique, un véritable comparatif de l'intérêt pédagogique des matériels disponibles sur le marché n'a pas été réalisé. Le baladeur type doit pouvoir donner envie de se l'approprier par les élèves, lire du son, des images animées ou non, présenter les scripts des documents étudiés, lire des podcasts, se synchroniser avec l'ENT de l'établissement sans contrainte, intégrer un microphone, disposer d'un son de qualité, être simple à utiliser… Un vrai mouton à cinq pattes !

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Et la toute nouvelle gamme de baladeurs d'Apple ne va pas dans le sens de la baladodiffusion. De quoi se demander si les équipes de Cupertino ont en tête la fabuleuse opportunité que représente le podcasting et les baladeurs numériques dans l'éducation, pourtant mise en avant comme inscrite dans l'ADN de la firme. Ce sera tout l'objet du prochain et dernier volet de cette série : "Baladodiffusion : Apple est-elle en train de louper la mine d'or ?"
avatar DrFatalis | 
Hum. Autant je ne doute pas de l'intérêt de l'utilisation des ipods en LV (et même en français pour ceux qui affrontent cette langue comme une langue "étrangère"), autant je reste dubitatif pour le reste. Voici plus de dix ans que mes cours sont disponible sous toute forme électronique pour les élèves. Les ipods sont répandus largement chez eux depuis 3 ou 4 ans. Pourtant, seul 4 élèves (sur 1000!) en 3 ans ont profité de la possibilité de mettre mes cours en podcast sur leur ipodtouch (ils s'en servent pour suivre ce qui va être affiché, se repasser un extrait video, ralentir pour mieux voir, revenir en arrière pour noter, commenter ou prendre de l'avance, corriger leur orthographe...)... Mais cela a toujours concerné les "bons" élèves, ceux qui ont envie de travailler! Quant au manque de ressources libres.... les profs peuvent les créer eux mêmes, cela n'est pas difficile, et ils auront alors un matériel bien adapté à leurs cours! Un mac, garage band, et en avant! Bien entendu, cela leur coutera du temps et ils n'auront, pour toute reconnaissance, que le mépris souverain de leur hiérarchie, la jalousie de quelques collègues et l'incompréhension des fournisseurs de matériel informatique patentés (sans compter de doux noms d'oiseaux, comme "laquais de l'impérialisme cupertinien" et autres....
avatar DrFatalis | 
Comme le disait mon ami William S., (que j'ai très bien connu!), à propos de l'élaboration personnelles de ressources pédagogiques libres et gratuites:: Créer, ou ne pas créer, telle est la question. Y a-t-il plus de noblesse d’âme à subir la fronde et les flèches d'un socle outrageant, ou bien à s’armer contre une mer de douleurs et à l’arrêter par une révolte? Attendre.., souffrir, rien de plus... et dire que par ce sommeil nous mettons fin aux maux du cœur et aux mille tortures naturelles qui sont le legs de l'éducation: c’est là un dénouement qu’on doit souhaiter avec ferveur. Attendre.., mugir, Mugir! peut-être râler! Oui, là est l’embarras. Car quels monstres peuvent-ils nous venir dans ce sommeil de la raison, quand nous sommes débarrassés de l’essence de la transmission ? Voilà qui doit nous arrêter. C’est cette réflexion-là qui nous vaut la calamité d’une si longue errance. Qui, en effet, voudrait supporter les flagellations et les dédains du monde, l’injure du collègue, l’humiliation de l'IPR, les angoisses du talent méprisé, les lenteurs de la loi, l’insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite résigné reçoit d’hommes indignes, s’il pouvait en être quitte avec un simple Mac ? Qui voudrait porter ces fardeaux, grogner et suer sous une vie accablante, si la crainte de quelque chose après la ZEP, de cette région inexplorée, d’où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait supporter les maux que nous avons par peur de nous lancer dans ceux que nous ne connaissons pas? Ainsi la conscience fait de beaucoup des lâches; ainsi les couleurs natives de la résolution blêmissent sous les pâles reflets de la pensée; ainsi les entreprises les plus énergiques et les plus importantes se détournent de leur cours, à cette idée, et perdent le nom d’action... ;-)
avatar Le docteur | 
Je pense que ça pourrait me servir en philo. J'y avais pensé, pour faire des sortes de récapitulatif des questions clés, mais j'avoue que vu le contexte, je me calme. Reste que si on avait des classes moins chargées on pourrait véritablement dialoguer avec les élèves et ça c'est infiniment plus payant que tous ces gadgets qui, dans beaucoup de matières risquent fort de rester de simples gadgets, n'en déplaise à ceux qui les présentent comme des solutions radicales quant à l'imprégnation du récepteur. En langue, c'est sans doute utile, ailleurs, je ne sais pas. De toute façon les langues sont en train de devenir le patron généralisable pour toutes les matière pour nos grands couturiers de la pédagogie, et leur haute couture pour tous avec moyens d'usine de prêt-à-porter. Se méfier d'un petit côté hypnopédique du truc aussi. Mais je dois être un de ces éléments réfractaires dont l'article parle sans les nommer explicitement. Un vieux con à mettre au rebut à coup d'audits privés, quoi ! On juge bien vite du travail des autres de nos jours... Platon disait déjà (dans un magnifique passage du Phèdre, tout à la fin, pour les curieux) que les livres ne sont que des aide-mémoire à usage privé, et que seule la parole vive peut transmettre quelque chose de vivant entre deux individus. Un livre ne répond pas ... Un iPod si, peut-être ... Après tout, dans les salles de gym "Low Coast" on fait bien des cours collectifs sur grand écran, mais les cours collectifs sont déjà des arnaques, alors...
avatar zoubi2 | 
Ah... J'aime cet article. Merci MacGé. "Quand une grande partie des acteurs et des usagers du système éducatif est démotivée et ne trouve pas de sens à ce qu'elle fait, des usages susceptibles de réinsuffler de la passion d'apprendre ne doivent-ils pas être rapidement évalués et déployés ?" On aime ou on n'aime pas l'iPod, mais l'essentiel est là, non? C'est marrant, il y a eu deux réactions d'enseignants, qui ne ne sont pas fanas du tout. Comme ils sont du métier, il faut les écouter, ils en savent plus que la moyenne. Moi, en tant que (très) vieux parent d'élève, je vois les choses différemment. Si on m'avait proposé ça à l'époque, j'aurais sauté dessus. Mais je sais que l'immense majorité des enseignants ET DES PARENTS auraient hurlé au scandale. "Non mais ça va pas, non, introduire ce gadget infantilisant dans le cursus pédagogique, faut bien être un Cornec pour inventer ça!". Je comprends Le Docteur. En classe de philo, ça me paraît un peu (beaucoup) tard. Moi qui suis de l'autre côté de la barrière, je verrais très bien ça en primaire. Quant à savoir s'il y a là un marché juteux pour La Pomme...
avatar lppa | 
Bon article !
avatar Le docteur | 
Ce n'est pas qu'on ne soit pas fanas dans l'absolu, c'est la présentation de la chose qui nous laisse sceptique. Qu'on puisse utiliser l'outil, c'est sûrement possible, mais qu'on puisse en attendre des miracles et que ça ne pose pas des problèmes importants pour l'appliquer c'est autre chose. On nous sort des lapins de ce genre toutes les trente secondes du chapeau, et ça n'a fait que dégrader notre métier jusqu'ici, et les gamins sont les premiers à le payer. Et pourtant ni moi ni Fatalis ne sommes de vieux barbons rétifs à toute utilisation de la technique et adeptes du cours en chaire avec élèves muets et passifs.... Quant à nos réactions, donc, disons que "chat échaudé craint l'eau froide". Question d'habitude ... Maintenant je comprends que l'aspect ludique soit tentant...
avatar thil | 
[quote=zoubi2]C'est marrant, il y a eu deux réactions d'enseignants, qui ne ne sont pas fanas du tout. Comme ils sont du métier, il faut les écouter, ils en savent plus que la moyenne. Moi, en tant que (très) vieux parent d'élève, je vois les choses différemment. Si on m'avait proposé ça à l'époque, j'aurais sauté dessus. [/quote] Oui, en tant qu'enseignant, j'en sais plus que la moyenne, en tout cas la moyenne des parents. Le problème de l'éducation est que tout le monde, sous le prétexte qu'il a un jour mis les pieds dans une école en tant qu'élève ou parent, pense en savoir autant que l'enseignant. Celui qui sait ce qu'est l'enseignement... c'est l'enseignant ! Désolé pour cette tautologie qui ne se veut pas offensante ! Vous avez votre opinion et c'est normal, mais vous ne pouvez dénier à l'enseignant sa prérogative. Vous pensez que vous auriez "sauté dessus" ! Sans vouloir préjuger (si quand même...), vous dites ça avec le recul des années. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que l'on peut proposer ce que l'on veut, et certains l'ont dit dans les commentaires, que ce soit ludico-informatico-diffusé, ça reste du travail, et nombre d'élèves n'ont pas envie de travailler. Alors on peut mettre la tâche à effectuer sur iPod ou sur photocopie toute pourrie, bien des fois ça ne change pas grand-chose ! [quote=zoubi2]Mais je sais que l'immense majorité des enseignants ET DES PARENTS auraient hurlé au scandale. "Non mais ça va pas, non, introduire ce gadget infantilisant dans le cursus pédagogique, faut bien être un Cornec pour inventer ça!".[/quote] Bon, si d'aventure le Conseil général avait la fantaisie d'équiper comme il se doit notre établissement, je tenterais volontiers l'expérience. Malheureusement, on n'a même pas d'enceinte sur nos ordinateurs qui, quand on les a reçus, faisaient déjà triste mine. Aujourd'hui, même l'ancienne RDA les snoberait.
avatar thil | 
[quote]un perpétuel aveuglement de certains personnels de l'éducation nationale et des collectivités face aux enjeux de l'utilisation des technologies de l'information dans l'éducation[/quote] Ça fleure bon le cliché méprisant tout de même ! Les enseignants particulièrement technophiles sont légion, tout comme "certains personnels de l'éducation nationale" sont en effet réfractaires... Mais pourquoi évoquer ceux-là ? De toute façon le problème n'est pas là. Je suis persuadé que si les enseignants, pour lesquels l'informatique constitue une terra incognita, découvraient dans leur établissement un véritable matériel, disons beau, simple à utiliser, bourré de programmes ergonomiques (des Macs quoi ! ), ils seraient moins rétifs. Quant aux collectivités, elles sont toutes contentes de montrer qu'ils ont équipé tel ou tel établissement. Hélas, elles n'ont pas toujours les fonds nécessaires. Quand un Conseil général rénove un établissement, je ne suis pas sûr qu'il reste de l'argent pour l'équiper comme il se doit (devrait).
avatar lau1967 | 
Bonjour, Tout d'abord, merci pour ces articles ;) En ce qui concerne l'utilisation des TICE ou nouvelles technologies, il faut comprendre à quel point c'est autant un enjeu, qu'un terrain miné, pour bien saisir l'imbroglio de la situation. L'éducation ressemble à un pantin écartelé par ses divers décideurs sans que rien de cohérent ni de durable ne soit fait pour toute la France. Le modèle de l'école unique, de l'école pour tous, prend l'eau de toutes parts. La violence à l'école, aux abords de l'école n'est plus seulement un épiphénomène tout juste bon à remonter dans les sondages/audiences pour les politiques et les médias. Bref on vit une époque formidable où l'enseignant se retrouve souvent coincé par des ukases idéologiques qui lui mène l'éducation dure. Conclusion ? Si des décideurs n'approuvent pas ce que vous faites parce que vous ne suivez pas la voie toute tracée, vous aurez beau avoir utilisé le podcasting ou d'autres outils, vous n'en serez pas moins jugé indésirable ou inconvenant. Que ce soit un chef d'établissement, un inspecteur ou tout autre personne investie d'un pouvoir incommensurable. Alors ? Et bien, si ça marche et que vous n'êtes pas écœuré, vous pouvez poursuivre, surtout que les élèves en redemandent ;) Laurent
avatar lau1967 | 
Et bien le bonjour aux deux docs, que j'ai toujours autant de plaisir à lire ;) Merci pour le poème, même s'il ne valait pas celui qui détournait Le Cid :) Laurent
avatar Lamar | 
Je n'ai pas encore lu l'article, mais je me permets de rajouter une petite info : dans les collèges bien équipés (comme celui dans lequel j'exerce), il y a un réseau très performant, maintenu en excellent état par quelques profs quasi bénévoles (deux en fait). On va réorganiser, façon éducation nationale : les deux qui bossent beaucoup et qui ont droit à quelques heures supp, vont être remplacés par plusieurs (un comité de pilotage ils appellent ça), qui bosseront (un peu) moins, mais qui surtout ne seront pas payés (aucune heure prévues pour les indemniser, aucune heure de décharge, rien, du bénévolat pur et dur). Ça donne envie, non ?
avatar spacetito | 
Pour ceux qui font bougé les chose mais sont des kleenex de l'éducation... http://www.mobilisation-ae.fr/
avatar Le docteur | 
qui sont une partie des kleenex de l'éducation ... cf. ceux qu'on appelle de façon charmante des "vacataires" et qu'on caricature souvent comme "des étudiants ayant une licence" ... Ils sont aussi parfois de vrais profs (des bac+5 ou plus avec une expérience professionnelle de x années, des compétences largement reconnus, ayant tout donné à leur boulot et n'ayant plus assez d'énergie pour préparer les concours (sans compter le sentiment d'injustice d'être validé comme compétent et performant mais de ne pas être assez bons pour être déclarés officiellement "bons pour le service". J'en profite pour signaler que la nouvelle mode du moment, et ce depuis déjà quelques années consiste à les repasser en vacation tous les ans, ce qui permet d'avoir de bons petits soldats jamais malades le temps d'avoir bouclés leur 200 heures et sûrement bien d'autres arrangements avec les textes hautement sympathiques. Ca va même jusqu'à les repasser au statut de prime arrivant tous les ans et à les payer trois mois plus tard en leur jetant une part ridicule de leur salaire en aumône pour patienter, en appelant plaisamment des "avances sur salaire". Apparemment, dans le même temps on bidouille leur contrat pour les faire arrêter en juillet et non plus le 31 août, ce qui doit aussi permettre bien des arrangements scripturaux. Qu'on se comprenne bien : je suis le premier à considérer comme normal de demander à quelqu'un de passer des concours, mais comme tout aussi normal d'adapter ces concours à la charge de travail des enseignants et de ne pas aller jusqu'à l'absurde. Non aux charters de titularisation, mais oui à une prise en compte de cas vraiment trop litigieux (prof inspecté(e), validé(e) comme très efficace, redemandé(e) sans cesse par les chefs d'établissements : là ça devient ridicule de ne rien faire dans ces cas-là).
avatar Le docteur | 
Je suis sidéré d'ailleurs par l'indifférence des syndicats et de beaucoup d'enseignants à l'égard des "contractuels" d'ailleurs, et à l'égard de beaucoup d'autres d'ailleurs, voir le post de Spacetito (j'ai vu des jeux de chaises tournantes inadmissibles dans ce type de poste). On bafoue la morale et sans doute bien d'autres choses sous leur yeux et ils ne bougent pas. Le chacun pour soi nous gagne tous. En fait ce qui règne aussi c'est la peur, comme partout ailleurs : peur de se faire remarquer, de sortir du rang, que l'opinion publique s'intéresse à eux (il faut dire que quand on voit comment les profs sont traînés dans la boue sur certains forums...). Les syndicats donc : seul le SG... envoie des lettres aux contractuels, mais le SG...est très fort pour envoyer des lettres, comme vous le savez sans doute... C'est honteux. Mais ce n'est qu'une honte de plus... Et après on veut réformer notre enseignement et on nous traite de réacs si on renâcle (j'ai même entendu pire à mon égard et pourtant...) ... TZR sur quatre postes, contractuels précarisés, postes d'enseignants proposés par Pôle Emploi dans des conditions délirantes, classe de 35 h, TL sabordée, TS victime de son succès, réduction des facs à être des substituts de prépas et des prépas à être le dernier refuge des gens qui veulent bosser, surveillants inexistants et réduits pour les quelques survivants à faire de l'administratif, CES et autres contrats précaires maintenant (je ne suis plus)... Oui : il y a pas mal de chose à réformer avant de payer grassement des consultants pour expliquer aux profs ce qu'ils doivent faire...
avatar Le docteur | 
classe de 35 élève, et désolé pour le style, mais je suis un peu en colère.. il vaut mieux que j'évite de traîner sur ce sujet...
avatar Brewenn | 
Désolé pour vous les mômes !
avatar lau1967 | 
@Le docteur J'ai été maître auxiliaire pendant 8 ans, aussi je compatis et j'enrage itou quant au sort des vacataires. Plusieurs mois sans salaire, j'ai vécu aussi. Aussi le dégraissage actuelle et les hautes ambitions du ministère me semblent...comment dire, du foutage de gueule. Mais je préfère m'arrêter également là... Sinon Brewenn, poster pour poster, autant dire prems ou derche, là au moins on n'aurait plus l'ombre d'un doute. Laurent
avatar Brewenn | 
C'est bien de douter, c'est déjà un premier enseignement !
avatar JIl | 
Avis partagé avec tout ce qui vient d'être dit à la fois sur les vacataires, les contractuels, le collège unique qui montre depuis bien longtemps ses limites etc etc… L'usage des TICE permet d'intéresser très temporairement certains élèves tout comme l'introduction de la vidéo VHS puis celle du DVD le faisaient il y a quelques années… Mais les gamins vivent au rythme du zapping ! Rien ne tient bien longtemps dans la durée dès l'instant où il faut "travailler"… Cette absence de goût pour l'effort se déplace maintenant au lycée et même à la fac où certains étudiants viennent faire de la figuration en fond d'amphi, les yeux rivés sur FaceBook, Twitter and Co… Il paraîtrait même que les classes prépa sont touchées par le phénomène !!! A 53 ans, j'avoue ne plus trop savoir ce qu'il faut faire. J'aime bien les gosses. J'aime toujours enseigner. Mais il semble, qu'en l'état actuel, il n'y ait plus vraiment d'adéquation entre les gosses, les contenus d'enseignement et les méthodes d'enseignement. Alors, à moins d'un changement en profondeur sur les tenants et les aboutissants de l'Ecole au sens le plus large possible, seules les TICE, de par leur caractère en perpétuel mouvement, me semblent "jouables" au sens figuré comme au sens propre ! Dernière nouveauté qui semble "impressionner" les mômes : les TNI ! C'est bien ! Profitons-en mais pour combien de temps ? Il faudra ensuite trouver autre chose.
avatar Le docteur | 
Ce qu'il faudrait c'est revenir sur ce que nous attendons de l'école et ce que nous souhaitons réellement pour les jeunes ... Tant qu'on réfléchira à partir des moyens sans mettre une bonne fois pour toute la question des fins sur la table, on ne saura pas où on va. Qu'attend-on de l'école de la république ?
avatar Ben-J | 
Avant de réinventer la poudre, l'éducation nationale pourrait déjà utiliser les technologies en place. Je ne sais pas... commencer à remplir iTunes U avec des universités françaises, ça serait un bon début vue la pauvreté actuelle de contenus francophones !
avatar zoubi2 | 
Il me semble, et c'est confirmé par les commentaires, qu'il y a au moins 2 problèmes qui se superposent: 1) Les problèmes structuraux et "de moyens" évoqués par Le Docteur. Ils sont dramatiques, c'est vrai, du primaire à l'université, et c'est mal parti pour s'arranger... 2) L'adéquation entre l'attente des "gamins" et ce qui leur est proposé, comme noté par jil. Pas évident, hein, parce que... Qu'est-ce qu'ils attendent, les gamins? Le savent-ils eux-mêmes? Je me souviens, il y a déjà un certains temps, mes fils et leurs copains... A la moindre difficulté c'était "Oh la la, prise de tête!" Tout ça pour dire que MacGé soulève -à juste titre- un lièvre de taille...
avatar Malcolmm | 
@ ceux qui partagent " Avis partagé avec tout ce qui vient d'être dit à la fois sur les vacataires, les contractuels, le collège unique qui montre depuis bien longtemps ses limites etc etc… " 1/ sur le fait que syndicats et enseignants titulaires ne se bougent pas contre les personnes en situation précaires dans l'enseignement dépend de l'engagement de vos établissements respectifs , dans certaines régions des collèges sont actuellement en grève contre les suppressions de poste , et oui il n'y a pas que les retraites , évitez ainsi les généralisations genre conversations du bar du coin . 2/ le collège unique ( quel rapport ici ? ) peut être perfectible du fait d'un manque de moyen , mais c'est pour l'instant encore la meilleure réponse pour limiter les inégalités , vous enseignez dans des collèges en zone difficile , sensible , de violence ? zep ,? ambition réussite ? 3/ "Ce qu'il faudrait c'est revenir sur ce que nous attendons de l'école et ce que nous souhaitons réellement pour les jeunes " c'est qui les "jeunes " ? 4/ " le rendement de l'éducation nationale " “On sait que si notre accent est mauvais, il n'y a que le prof qui va nous entendre " ,"Malgré les rapports réalisés par la crème des inspecteurs généraux, malgré les missions des élus ou des sociétés de conseil" désolé mais autant d'arguments qui font froid dans le dos. Enfin toutes les expérimentation peuvent être intéressants mais il ne faudra pas confondre technologies et pédagogies , contrats juteux et éducation "nationale"
avatar Malcolmm | 
J'oubliais "d'une pédagogie différenciée et individualisée. Chaque élève n'est pas égal devant le savoir, même si l'école de la République veut nous le faire croire. " Navré mais pédagogie différenciée n'a rien à voir avec le collège unique ,dans un cas il s'agit du dispositif mis en place dans une classe et dans l'autre de la mise en pratique d'un programme commun pour garantir une éducation équitable quelle que soit la région , d'ailleurs pour rappel : La loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'École du 23 avril 2005 (BO n°18 du 5 mai 2005), mentionne l'innovation dans son article 34, inséré désormais L. 401-1 dans le Code de l'éducation : "Dans chaque école et établissement d'enseignement scolaire public, un projet d'école ou d'établissement est élaboré avec les représentants de la communauté éducative. Le projet est adopté, pour une durée comprise entre trois et cinq ans, par le conseil d'école ou le conseil d'administration, sur proposition de l'équipe pédagogique de l'école ou du conseil pédagogique de l'établissement pour ce qui concerne sa partie pédagogique.
avatar Malcolmm | 
Et enfin , par pitié arrêtez de taper sur les profs , les syndicats , l'éducation nationale et pensez en termes intégration , compatibilité , facilité d'utilisation , extension , durée , coûts , si les Apple , HP , Samsung and co avaient développé des technologies innovantes et utilisables pour les enseignants , cela ferait sans doute longtemps qu'ils les utiliseraient dans leurs classes . Pourquoi toujours tenir se discours selon lequel les profs ne s'adaptent pas et ne pas avouer que l'univers de l'informatique dans son ensemble n'est pas vraiment adapté à l'éducation ? Il s'agissait pourtant d'une des idées de départ des créateurs du Mac , un ordi utilisable pour tous , non ?
avatar Brewenn | 
@Malcolmm Il faut dire qu'ils nous bassinent sérieusement à s'apitoyer en permanence sur leur sort sans évoquer celui des élèves alors que c'est l'élément primordial de leur existence professionnelle. La baladodiffusion n'a aucun enjeux pour l'éducation nationale ce n'est que du bourrage de mou d'un de ces [url=http://www.vaninadelobelle.com/Qu-est-ce-qu-un-Community-Manager_a963.html]"Community manager"[/url] au service de l'image des marques et qu'on lit de plus en plus souvent (hélas) sur le net.
avatar thil | 
[quote=Malcolmm]Navré mais pédagogie différenciée n'a rien à voir avec le collège unique ,dans un cas il s'agit du dispositif mis en place dans une classe et dans l'autre de la mise en pratique d'un programme commun pour garantir une éducation équitable quelle que soit la région[/quote] Si en fait :-) On a commencé à vraiment parler de pédagogie différenciée en même temps que la réforme Haby qui y voyait un moyen de mettre en œuvre le collège unique. D'ailleurs, il faudrait dire à tous ceux qui battent en brèche le collège unique que ce dernier n'a jamais vraiment existé dans le sens où la pédagogie n'a jamais véritablement été différenciée. Les enseignants ont continué à enseigner comme ils le faisaient auparavant.
avatar thil | 
[quote= Brewenn]Il faut dire qu'ils nous bassinent sérieusement à s'apitoyer en permanence sur leur sort sans évoquer celui des élèves alors que c'est l'élément primordial de leur existence professionnelle.[/quote] J'adore la vision que tu as de mon métier et de ceux qui l'exercent \o/ Il faudrait inventer un point Godwin spécialement pour ce qui a trait à l'enseignement.
avatar Brewenn | 
@thil [15/11/2010 10:04] Ta présence un lundi à 10:04 sur un blog consacré aux produits Apple explique, en partie, ma vision sur ton métier. Je préférerais te savoir en train d'éduquer que de pérorer sur un blog.
avatar lennoyl | 
Comme l'a dit un sage, les professeurs doivent enseigner, pas éduquer. Éduquer, c'est le rôle des parents. Quand chacun reprendra son rôle, ça ira surement mieux.
avatar Le docteur | 
@Brewenn Si les profs "s'apitoient sur leur sort" c'est parce que leur sort s'en prend plein la gueule, et avec des gens comme toi qui applaudissent des deux mains. Et sache que la plupart du temps c'est au nom de "l'intérêt des élèves" et en allant à rebours de leur intérêt véritable (aux élèves). C'est étrange quand quelqu'un se plaint de ses conditions de travail c'est normal, mais un prof, c'est toujours un pauvre geignard qui brime les élèves. Je lis ton post concernant l'heure et je me pose la question : qu'est-ce que tu y fous toi, à cette heure-là, sur le forum ? Tu postes du boulot, ou tu ne bosses pas ???? Et tu oses donner des leçons à quelqu'un qui est sans doute chez lui mais qui te réponds entre deux paquets de copies..
avatar Le docteur | 
[quote]Je préférerais te savoir en train d'éduquer que de pérorer sur un blog[/quote] Et toi ? Donc ?

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