Interview F. Rondeau - 1ère partie

Christophe Laporte |
Pour Apple, iPod est peut-être bien la partie visible de l'iceberg. En effet, le baladeur de Cupertino connaît un retentissement auprès des médias bien plus importants que Xserve. Et pourtant, Apple semble bien décidé à surfer sur la vague du succès grandissant du pingouin de Linux dans le monde de l'entreprise. En moins d'un an, son offre matérielle s'est considérablement étoffée dans ce domaine avec les sorties récentes de Xserve RAID et Cluster Node.

L'objectif inavoué il y a encore quelques mois est de se faire une place au soleil dans le monde dans l'entreprise et plus précisément sur le marché le plus lucratif, celui des serveurs. Les premiers chiffres publiés sont encourageants, la Pomme s'est adjugée la cinquième place aux États-Unis avec une part de marché avoisinant 1 %.

Intéressés par tant d'efforts, nous avons interviewé François Rondeau (aucun rapport de parenté avec Benjamin Rondeau, chroniqueur régulier de la rubrique en passant) qui est Responsable Marketing à Apple France. Assisté d'une équipe de dix personnes, il est notamment chargé de faire connaître l'offre d'Apple aux entreprises dans l'Hexagone.

Cette interview est divisé en trois parties. Dans cette première partie, François Rondeau nous explique la genèse de Xserve, quels sont les secteurs qui l'ont adopté en premier et pour quels usages. Les deux autres parties seront publiées d'ici la fin de la semaine...

- Qu'est-ce qui vous a poussé à lancer Xserve ?

- On a introduit commercialement pour la première fois Mac OS X Server il y a quasiment trois ans. On avait déjà, dans nos cartons, Xserve.

À cette époque, le retour de nos clients a été assez net et massif quand on a commencé à leur présenter Mac OS X Server. "Votre produit, c'est très bien, mais il faudrait avoir une plateforme serveur matérielle dédiée". On a donc accéléré l'introduction en mettant le bon niveau de ressources en terme de développements. C'est la genèse de Xserve chez Apple. C'était une forte demande de nos clients dits traditionnels (grands comptes, éducation, créatif...)

-Quelle a été votre démarche lorsqu'il a fallu vendre Xserve ? À qui avez-vous essayé de le vendre ?

- Notre politique commerciale vis-à-vis de Xserve s'est faite en trois temps. Le premier temps, ça a été de voir nos clients traditionnels et de leur proposer cette plate-forme et grâce à eux, Xserve est un vrai succès commercial.

La deuxième étape, ça a été de dire : on a une très bonne plateforme matérielle et un très bon système d'exploitation serveur. Essayons de proposer notre offre aux mêmes segments (administration, grand compte, éducation, créatif) mais à d'anciens clients qui nous ont tourné le dos il y a quelque temps, mais chez qui on a une certaine crédibilité, car nos solutions sont connues. Sur ce créneau, on a un bon succès. Des imprimeries, des ministères, des gens qui nous connaissaient quand Apple avait une part de marché significative sont revenus vers nous.

En ce moment, fort de notre expérience, on est en train d'aller voir des clients qui ne sont pas des clients traditionnels Apple, qui nous connaissent assez peu, mais qui sont intéressés par Linux et les solutions Open Source. On a une accroche assez forte avec Mac OS X Server qui est avant tout serveur UNIX sur lequel on peut bénéficier des solutions Open Source.

Pour ces clients, les atouts de Xserve sont une richesse de solutions logicielles, une plateforme compétitive pour gérer Mac et PC et une offre très agressive économiquement. Quand on parle à ces clients-là, malgré nos nombreux atouts, il faut du temps pour les convaincre. Cela nécessite avant tout trois choses :

* Avoir des commerciaux sur le terrain. On a une équipe grand compte dédiée pour voir ces comptes-là.
* Des solutions qui soient bonnes en terme fonctionnel, mais aussi en terme de support. Quand on va s'adresser à des banques ou à des assurances pour leur proposer des serveurs, ils ne connaissent pas le monde Apple. On n'a pas de références en terme de support, on doit prouver ce que l'on est capable de faire.
* Enfin, s'ils sont pour la plupart sensibles à Linux et sont assez favorables aux solutions open-source, d'autres le sont moins, non-pas pour des questions de fonctionnalités, mais de support. Ils préfèrent attendre la mise à disposition sur Mac OS X Server de solutions qui sont plus éprouvées d'un point de vue entreprise et support, pour n'en citer qu'une Oracle.

Pour ce dernier type de clients qui sont vraiment des prospects, on a des atouts, mais on est un peu au milieu du gué aujourd'hui. Il nous faut continuer à travailler avec les éditeurs pour proposer le plus de solutions possible pour Mac OS X Server. Qu'on soit capables, affaire après affaire, nouveaux clients conquis après nouveaux clients conquis, de bâtir notre réputation en terme de support au niveau des serveurs pour ensuite faire de ces clients des références, et puis par effet boule de neige de conquérir de nouveaux clients.

Pour ce qui est dés références clients, on a engrangé un certain nombre de clients. Aujourd'hui, on s'assied un petit peu, on essaie de rédiger un certain nombre de success-stories pour pouvoir les publier et avoir des comptes de référence qu'on puisse partager avec des prospects. C'est un travail de longue haleine, mais pour être tout à fait clair, je pense que c'est la meilleure opportunité de croissance qu'Apple ait eue depuis bien longtemps.

-Pouvez-vous nous citer des noms d'entreprises qui ont adopté Xserve ?

[NDLR : Certaines entreprises n'ont pas donné leur accord pour être utilisées comme référence par Apple. À titre d'informations, on retrouve plusieurs grands noms dans les médias français.]

- Parmi les clients traditionnels, on va retrouver beaucoup de clients de la presse et de la pré-presse. On a des gens comme la SEGO ou l' Affiche Européenne ainsi que des groupes de presse. Ces clients utilisaient auparavant soit des serveurs Power Mac G4 avec Apple Share IP soit des serveurs PC avec Windows NT 4.

Cette migration est souvent motivée par le fait que l'architecture client/serveur Mac OS X permet de tirer toute la puissance de Mac OS X d'un point de vue fonctionnel. Quand c'est en provenance de Windows NT4, c'est avant tout pour des questions de stabilité. Bien que Windows NT4 soit stable, certains recherchent une stabilité accrue et sont de plus souvent intéressés par le modèle économique de Mac OS X Server qui reprend le modèle économique à la Linux. Mac OS X Server offre un nombre de connexions client illimité à un prix plancher.

- Quelles sont chez les clients d'Apple les principales utilisations de Xserve ?

- On a une série d'usages types qui revient très fréquemment. Le premier, c'est le serveur de fichiers. On a réussi à avoir un coût au gigaoctet le moins élevé du marché pour un serveur de marque. La deuxième utilisation de Xserve, c'est en serveur départemental pour gérer ses clients. Xserve est également utilisé en tant que serveur de flux de productions notamment dans la presse et dans la pré-presse qui nécessite qu'on rajoute par-dessus une solution type XiNet. Quatrième marché très fort pour Xserve, tout ce qui est serveur de calculs et serveur de gestions de postes pour le monde de l'enseignement. Cinquième application, tout ce qui est serveur de messagerie, serveur FTP, serveur Web, on a énormément de ventes dans ce domaine-là. Enfin, Xserve est très utilisé dans le domaine de la vidéo à cause de ses capacités de stockage, mais également de sa puissance de calcul conséquente. Le G4 avec Altivec plus QuickTime Broadcaster ou des solutions comme LiveChannel sont à l'aise sur Xserve. Voici les grosses utilisations aujourd'hui.

Xserve sait faire beaucoup de choses, mais on ne le vend pas aujourd'hui comme le serveur miracle, plutôt comme un serveur dédié à une ou deux applications. Maintenant, on a des PME-PMI avec entre 20 et 100 postes clients qui vont l'utiliser pour faire quasiment tout.


- Est-ce que Jaguar a été aussi important pour la partie serveur que pour la partie client ?

- Depuis Jaguar, on a vraiment un système d'exploitation compatible en amont et en aval. Compatible en amont, parce que Mac OS X Server va s'intégrer avec des technologies OpenLDAP tout à fait simplement dans une structure d'entreprise, qu'elle soit NIS ou ActiveDirectory, une vraie interopérabilité avec un réseau déjà existant, qu'il soit Unix ou autres, y compris Novell.

Et puis, on a une compatibilité en aval. On est capable de gérer des postes Windows ou Linux de manière transparente. Certes, on n'offre pas, par exemple, avec Mac OS X Server toutes les fonctionnalités que propose Active Directory en terme de gestion de la registry Windows. Néanmoins, nous proposons 99 % des fonctions dont un administrateur réseau a besoin (serveurs de fichiers, serveur d'imprimantes, de mail...). Cela intéresse beaucoup de monde...

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Fool : La fin de l'album

Christophe Laporte |
L'iTunes Music Store a également ses détracteurs. Dans cet article, Bob Bobala critique vivement la boutique d'Apple. Selon lui, le concept d'album pourrait tout simplement disparaître. Enfin, le journaliste avoue avoir du mal à s'immiscer dans un monde entièrement numérique, le support restant à ses yeux encore quelque chose de très important.

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ZDNet : L'autre face d’iTunes

Christophe Laporte |
Est-ce que la lune de miel entre Apple et les majors de disque pourrait être perturbée par l'apparition de logiciels transformant iTunes 4 en usine à piratage ? Le site web s'intéresse bien évidemment à ces petits modules qui permettent d'échanger de la musique entre internautes via iTunes 4.

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Mac OS X for Java Geeks

Christophe Laporte |
Mac OS X for Java Geeks est un livre édité par O'Reilly qui passe en revue l'implémentation de la machine virtuelle Java dans Mac OS X. Le livre a été rédigé par Will Iverson qui n'est rien d'autre que le responsable de cette technologie chez Apple. Ce bouquin, en anglais hélas, est destiné à tous ceux qui utilisent ou qui souhaitent utiliser Mac OS X comme principale plate-forme de développement en Java. Mac OS X for Java Geeks couvre le JDK 1.4.1 qui a été rendu récemment disponible au téléchargement par Apple. Le livre est disponible au prix de 42,75 euros sur Amazon.

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PCW : Test de l'Alu 12"

Vincent Absous |
Plus de quatre mois après sa présentation au Macworld de San Francisco, le PowerBook 12", le Minime, fait l'objet d'un test publié sur le site Personal Computer World. La note globale est bonne (4/5), le rédacteur ne trouvant pas grand chose à reprocher au portable si ce n'est l'absence d'un port USB 2.0 et d'une carte AirPort d'office.

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Un processeur nommé désir

Christophe Laporte |
Le PowerPC 970 est un peu attendu comme le messie chez les aficionados de la Pomme. C'est d'ailleurs l'un des sujets qui revient le plus souvent actuellement sur les forums. Si certains détails restent encore mystérieux, cela n'a pas empêché la revue Ars Technica de publier la deuxième partie de son long dossier dédié au petit dernier des usines d'IBM.


Selon son auteur, cela ne fait aucun doute, cette puce a été conçue dans le but de satisfaire les besoins d'Apple. Ces supputations confirment la plupart des rumeurs circulant autour du PowerPC 970 et de la prochaine génération de Power Macintosh. Jon Stokes, qui propose une analyste très détaillé de ce processeur, se risque à faire de nombreuses comparaisons avec les processeurs d'Intel et d'AMD. Selon lui, le PPC 970 devrait permettre à Apple de combler une grande partie de son retard face aux Pentium IV lors de l'exécution de programmes faisant appel à des calculs d'entiers. Le probable successeur du G4 n'aura également pas à rougir en face du processeur d'Intel lors de cacluls à virgule flottante et devrait tout simplement écraser la concurrence sur tout ce qui touche de près ou de loin aux calculs vectoriels avec Altivec (Les ingénieurs d'IBM nomment cette unité VMX). L'intégration de ce processeur dans nos Macintosh est un travail de longue haleine pour Apple qui a dû revoir complètement la conception de ses cartes-mères, mais cela aura pour conséquence une augmentation très sensible des performances.


Apple a donc une occasion inespérée de revenir dans la course à la puissance. Le PowerPC 970 est le parfait candidat pour équiper les prochaines générations de Power Macintosh, de Xserve et de PowerBook. Ce processeur, avec son architecture 64 bits, pourrait ouvrir de nouveaux marchés à la société de Cupertino notamment sur le plan des serveurs et des stations de travail. Le rédacteur d'Ars Technica estime qu'Apple et IBM vont continuer à offrir des solutions s'appuyant sur le mutliprocessing ; il ne serait d'ailleurs pas étonné de voir, selon lui, l'une des deux sociétés proposer des ordinateurs disposant de quatre processeurs. Enfin, il semble également probable qu'Apple arrête à terme de collaborer avec Motorola qui reste à ce jour l'un des plus vieux partenaires de la Pomme.


Reste néanmoins quelques incertitudes sur la stratégie autour de cette puce qui contient un peu plus de 50 millions de transistors. Est-ce qu'IBM arrivera à la faire évoluer assez rapidement pour suivre le rythme d'AMD et d'Intel ? Quelle stratégie adoptera Apple avec ce processeur ? La Pomme cherchera-t-elle à se lancer dans la bataille des parts de marché en offrant sa prochaine génération d'ordinateurs à des prix très compétitifs ou cherchera-t-elle à satisfaire seulement sa niche de clients ? Si la rumeur se confirme, nous aurons, à ne pas en douter, un début de réponse à la WWDC fin juin...

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