Apple Store français : un accord signé pour l'égalité femmes/hommes

Florian Innocente |

Apple Retail France — ARF, la branche Apple Store — et quatre organisations syndicales ont signé un accord d'entreprise relatif à l'égalité professionnelle. Un cadre qui est défini par la loi et qui se voit ainsi formalisé au sein des boutiques de la Pomme dans l'Hexagone.

Cet accord — communiqué cette semaine à l'ensemble des salariés — a été signé le 26 mai entre ARF et la CFTC-CSFV, la CFDT, la CGT et l'UNSA. Il vise à améliorer la présence des femmes au sein du personnel, leurs conditions de travail en général et à favoriser leur accès et leur évolution sur certains postes, notamment ceux des techniciens.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, au vu du volontarisme volontiers affiché par Apple à l'international sur ces thématiques, il y avait un décrochage avec la réalité sur le terrain en France. Ce sujet était considéré comme important mais sans traduction ni actions concrètes, jusqu'à ce qu'il devienne urgent de l'insérer dans un cadre légal, sur pression aussi des syndicats.

Le document que nous avons pu consulter indique qu'au 31 décembre 2019, sur les 2 248 employés que compte la société Apple Retail France, le rapport hommes/femmes était de 72 %/28 %. Il y a donc encore du chemin avant d'esquisser un début de parité.

Image Apple, 2018

Élaboré depuis la fin avril 2019, cet accord énumère différentes actions pour augmenter la représentation des femmes à tous les échelons et doter la société et les boutiques de plusieurs indicateurs de suivi des progrès réalisés.

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avatar Derw | 

@Bigdidou

« Franchement, je doute très fort qu’il ne soit généralement pas possible dans les piles de CV qu’on reçoit de trouver à la place de chaque homme qu’on aurait embauché une femme parfaitement compétente. C’est pas vraiment le problème. »

Malheureusement, ce n’est pas vrai. En tout cas pas en informatique. En 2010 j’ai eu un client qui cherchait à recruter à un poste de dev Java avec mini 2 ans d’expérience. Par ailleurs, il voulait féminiser son équipe. Sans faire vraiment de discrimination positive, il prendrait une femme à compétence égale. Et bien, dans la pile de CV il n’y en a eu qu’un de femme. Il l’a reçue en entretien, mais n’a pas été totalement convaincu. Il a vu d’autres candidats et lui a demandé de revenir. Et bien finalement, il ne l’a pas choisie… aujourd’hui, je travaille pour un autre client où il y a entre 20 et 50 dev avec un peu de turnover : depuis 4 ans, je n’ai vu aucune femme dev passer alors que je sais que la RH est aussi sensible à la parité… Et comme vu dans un autre commentaire plus haut, cela ne va pas changer, vu le pourcentage de filles dans les écoles…

avatar oomu | 

Moi j'aime po ces actus et initiatives qui ne parlent po du Oomu. #ranceOomu2020

avatar Andor3a | 

@Bigdidou @Cactacaea

Une piste explicative concernant les disciplines médicales et paramédicales qui sont effectivement à majorité féminines s'observe par une double peine pour ces dernières : elles occupent leur poste à un taux de travail presque-sinon-toujours partiel, qui lui-même s'explique par une répartition génrée des tâches domestiques et du soin des (supposés ou pas) enfants. En termes de compétences, le biais réside dans la naturalisation d'une propriété sexuée où « les femmes sont naturellement de bonnes infirmières puisqu'elles sont porteuses de l'instinct maternel et des compétences associées ». Enfin, le salaire est revu à la baisse du fait d'un taux de travail partiel ET dans le modèle actuel, considérées aux côtés d'un « mari » (supposé ou pas) principal pourvoyeur de richesses du ménage.

De l'autre côté les hommes sont avantagés dans le domaine médical pour les raisons plus ou moins inverses. Ce même modèle familial, qui perdure après maintes vagues « violettes » fait qu'en tant que pourvoyeurs principaux du ménage (réels ou supposés) les hommes vont se voir confier des postes à taux plein et à responsabilité élevée. Les compétences ici devraient, si l'ont suit une certaine « logique de genre » avantager les femmes, or c'est rarement le cas. En effet, la composition familiale projetée tant chez le personnel lui-même que chez l'employeur semble primer sur les compétences : « oui mais on ne sait jamais si vous voulez des enfants plus tard ça va être difficile à 100% cheffe de clinique » dira-t-on à une femme, chose qu'un homme n'entendra presque jamais.

Ces représentations intériorisées (et on est pas là dans du conditionnement) tant chez les femmes que les hommes font que, même si la discipline se féminise fortement, les rares hommes occuperont encore les postes clés. C'est valable dans pratiquement tous les métiers féminins, car comme on l'a dit tres bien ici, les femmes font des enfants, pas les hommes et c'est aux femmes de s'en occuper. Oui, mais les hommes au foyer ça existe et les femmes cadres aussi : c'est du côté du capital économique que cela se joue. Dans mon université nous avons ainsi presque atteint une parité de femmes aux postes de pouvoir. Problème : elles sont toutes « bourgeoises », doté d'un capital économique hérité ou acquis en mariage.

Sources indicatives : les travaux de Dubet F. (2014); Hunt & Macintyre (2000) ; Garrau & Le Goff (2010) ; Deumer (2010) et plus récemment sur la question du capital économique/patrimoine/genre Bessière & Gollac (2020) qui ont par ailleurs participé à l'épisode « Le patrimoine, enjeu capital » du podcast « Les couilles sur la table ».

avatar Bigdidou | 

@Andor3a

« elles occupent leur poste à un taux de travail presque-sinon-toujours partiel, »

N’importe quoi, si tu parles du domaine du soin.

avatar Andor3a | 

@Bigdidou

Et pourtant oui, elles occupent un travail très souvent à taux partiel, parce que la majorité d’entre elles vont avoir des enfants (et « sacrifier » leur carrière) à charge ; ce qui est par ailleurs avantageux dans un ménage puisque l’homme gagne plus. Bien entendu, les femmes ne vont pas commencer leur carrière en partiel, mais diminuer avec la venue des enfants (la tranche 25-45 ans je dirais), puis souvent, augmenter au possible une fois ceux-ci partis du ménage (en fonction de la situation économique de celui-ci). Des externalités comme les divorces/remariages, la situation patrimoniale, les héritages et l’arrivée de petits-enfants, viennent fortement nuancer le « retour au travail » des femmes en fin de carrière.

Attention alors à « l’impression » que les femmes travaillent à taux plein : on voit surtout celles qui sont jeunes (en début de carrière, pas encore mères) et les plus âgées (retour au travail) et cela dans le médical, mais comme partout ailleurs, pour la moyenne de l’échantillon, elles occupent un taux partiel, lorsque possible.

Je m’appuie en partie sur « l’enquête suisse sur la population active (ESPA) » de 2018 de l’OFS. Mon commentaire s’appuie ainsi principalement sur la situation Suisse. En termes de personnes occupées, la Suisse est à 4 points de plus que la France (même si cela n’indique pas la nature de la distribution du travail). Des politiques du travail comme la flexibilisation ou les forces syndicales viennent forcément varier les résultats d’un pays à un autre, mais fondamentalement le prisme du genre/modèle familial est valable pour la France comme la Suisse de part une certaine proximité culturelle.

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