Le prochain Mac Pro sera « Made in China »

Anthony Nelzin-Santos |

Alors que le Mac Pro « poubelle » portait fièrement la mention « Assembled in the USA », le futur Mac Pro « râpe à fromage sur roulettes » sera frappé d’un vulgaire « Assembled in China ». La guerre commerciale menée par Donald Trump, les menaces d’une taxation punitive, les potentielles retombées négatives sur l’image de marque de l’entreprise ? Balayées devant les difficultés posées par la chaine d’assemblage installée à Austin (Texas).

Tim Cook en visite dans une usine Foxconn. Image Apple.
Tim Cook en visite dans une usine Foxconn. Image Apple.

Apple avait investi plus de 100 millions de dollars pour équiper les installations du sous-traitant américain Flex1 dans la capitale texane. Si Cupertino est la tête d’Apple, alors Austin en est les jambes. Apple y a d’abord installé une plateforme logistique et sa division éducation, puis s’est greffé au vivier d’ingénieurs spécialisés dans la conception de semi-conducteurs, jusqu’à construire un nouveau « campus ». Reste que l’ouverture d’une chaine d’assemblage était un pari.

Flex a profité d’un abattement fiscal, en échange de l’embauche de 500 personnes, pour s’installer à Austin. Or cet accord avec les autorités texanes prendra fin le mois prochain, explique le Wall Street Journal, et cette chaine n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les trois quarts des lignes d’assemblage sont à l’arrêt, et le reste sert autant à produire de nouvelles machines qu’à réparer les anciennes, reconnait un ancien vice-président de Flex.

En décembre 2013, le démarrage des lignes d’assemblage avait connu plusieurs faux départs, notamment après une rocambolesque rupture des stocks… de vis (lire : Une vis responsable du retard du Mac Pro 2013 et symbole de la complexité du made in USA). Alan Hanrahan, qui a dirigé la formation des équipes du centre d’Austin, expliquait l’an passé que plus de 80 % des salariés étaient payés au salaire minimum pour travailler huit heures par jour. Dès leur journée terminée, et même si les trois lignes d’assemblage tournaient encore, ils partaient sans autre forme de procès.

« Vous pouviez tourner le dos pour aller boire un café », explique ce cadre intermédiaire qui avait été dépêché depuis les bureaux irlandais d’Apple, « et 10 ou 20 personnes étaient parties. » En attendant la relève, les salariés encore présents devaient arrêter la ligne d’assemblage, et prendre leur mal en patience. Mal payés, peu impliqués, pas motivés, les ouvriers fournissaient un travail médiocre. À peine 30 % de la production passait le contrôle qualité.

Le chiffre s’est progressivement amélioré, mais dès début 2015, Flex avait commencé à réduire la voilure et licencier des salariés. À mesure que les lignes consacrées au Mac Pro ont perdu en importance, d’autres fabricants ont investi les locaux. Aujourd’hui, Flex assemble notamment des ordinateurs pour HP dans son usine texane. Le nouveau Mac Pro, lui, devrait être assemblé par Quanta dans une usine près de Shanghai.

Quelques composants de la station de travail sont fabriqués aux États-Unis, mais la plupart proviennent de fournisseurs asiatiques. Cette « redélocalisation » est donc motivée par l’abaissement du cout de l’approvisionnement (et bien sûr du travail), mais aussi par les possibilités logistiques offertes par l’industrie chinoise. Le fait est que l’industrie américaine souffre d’infrastructures vieillissantes et d’une pénurie d’ouvriers qualifiés (lire : Apple en Chine : pourquoi Donald se Trump).

Au-delà de cette seule machine, Apple a commencé à financer l’ouverture de chaines d’assemblage hors de la Chine, sous la pression des politiques protectionnistes (Brésil, Inde) comme pour répartir certaines productions (Taïwan, Viêt Nam). Une partie de la production des iPhone pourrait ainsi déménager à Taïwan, et les sites californien et irlandais, aujourd’hui dévolus à l’assemblage de quelques configurations bien spécifiques, pourraient gagner en importance.


  1. Anciennement Flextronics. ↩︎
avatar Maitre muqueux | 

Parfait j’espère que du coût l’économie sera reportée sur le client final

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