Apple : « Spotify ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans l'App Store »

Stéphane Moussie |

Accusé par Spotify de concurrence déloyale avec l’App Store, Apple présente sa version des faits dans un long communiqué de presse. La firme de Cupertino répond point par point aux récriminations du service de streaming, qui a déposé une plainte devant la Commission européenne.

Daniel Ek, le CEO de Spotify. Image Spotify.

Alors que Spotify affirme que son application iOS a été rejetée de nombreuses fois pour des raisons injustes, Apple soutient qu’elle n’a demandé qu’une fois des ajustements parce que Spotify ne respectait pas les règles communes à tous.

La Pomme se dit « particulièrement surprise » par le récit de Spotify concernant son application Apple Watch. Tandis que le service certifie avoir voulu proposer une app watchOS dès 2015, Apple déclare de son côté n’avoir reçu à la validation cette app qu’en septembre 2018 et l’avoir traitée comme n’importe quelle autre app watchOS. Et de faire remarquer que Spotify est actuellement l’app watchOS la plus téléchargée dans la catégorie musique.

L’entreprise californienne affirme également collaborer fréquemment avec Spotify. Elle déclare l’avoir contacté à son initiative pour aider à la prise en charge de Siri et AirPlay 2, une aide dont s’est passé le service, selon elle.

Vient ensuite la question de la commission de 30 % (15 % après la première année d’abonnement), considérée comme une « taxe » par Spotify, qui est prélevée par Apple sur tous les contenus achetés dans l’App Store. La Pomme indique d’abord que 84 % des apps ne lui rapportent rien quand on les télécharge ou qu’on les utilise (une précision importante, ces apps contribuant plus globalement à l’attractivité de l’iPhone).

Ne sont effectivement pas concernées par la commission de 30 % toutes les apps suivantes : celles qui sont gratuites, celles qui sont uniquement financées par la pub, celles dont l’acte d’achat se fait en dehors de l’app (par exemple Netflix et Spotify qui ont retiré la facturation App Store) et enfin celles qui vendent des services ou des produits physiques (Amazon, Uber…).

Apple poursuit en soulignant que seule une « toute petite fraction » des abonnements de Spotify est concernée par le partage de revenus avec elle. Une partie importante de la clientèle de Spotify vient de partenariats avec des opérateurs, auxquels le service verse des frais similaires, fait valoir la Pomme.

Elle accuse finalement Spotify de vouloir le beurre et l’argent du beurre :

Nous fournissons la plateforme avec laquelle les utilisateurs téléchargent et mettent à jour leurs apps. Nous partageons des outils de développement essentiels pour la création de l’app de Spotify. Et nous avons construit un système de paiement sécurisé — ce qui n’est pas une mince affaire — qui permet aux utilisateurs d’avoir confiance aux transactions in-app. Spotify veut garder tous ces avantages tout en conservant 100 % des revenus.

Comme elle l’avait soutenu lors de la précédente dispute publique en 2016, Apple estime que « Spotify ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui [le numéro 1 du streaming musical, ndlr] sans l’App Store. » Elle inverse même les rôles en reprochant au service suédois d’exploiter son poids pour ne pas contribuer à un écosystème pouvant profiter à de nouveaux entrepreneurs.

La firme de Cupertino ne répond pas seulement aux accusations de Spotify, elle l’attaque aussi durement sur le plan de la défense des artistes : « sous la rhétorique, l’objectif de Spotify est de se faire plus d’argent sur les dos des autres. »

Elle fait référence à l’objection récente de Spotify (ainsi que de Google, Pandora et Amazon) vis-à-vis d’une augmentation de la rémunération des compositeurs américains. Apple est la seule à avoir approuvé cette hausse. Mais Apple a peut-être aussi plus de latitude pour répondre favorablement aux demandes des artistes, le streaming n’étant pas son activité principale, contrairement à Spotify. Elle n'est pas exempte de tout reproche non plus. Il avait fallu l'intervention de Taylor Swift pour qu'Apple se décide à verser des royalties aux artistes pendant la période d’essai gratuite d'Apple Music.

Au bout du compte, Apple reste donc droite dans ses bottes face à Spotify. Elle ne montre aucune volonté de faire des concessions sur sa façon de gérer l’App Store ou sur le montant de sa commission. Elle y sera pourtant obligé par la force des choses. La Commission européenne prévoit de nouvelles règles pour améliorer l’équité des pratiques commerciales des plateformes en ligne, dont les boutiques d’apps.

Dans le futur, Apple ne pourra plus changer les règles de l’App Store du jour au lendemain, une récrimination de Spotify mais aussi d’autres développeurs. Les modifications devront être notifiées au moins 15 jours à l’avance.

Apple devra aussi communiquer de manière exhaustive tous les avantages qu’elle accorde à ses propres applications et services sur l’App Store par rapport aux apps tierces. Spotify notait à ce sujet que la firme outrepassait elle-même une de ses règles interdisant l’envoi de notifications publicitaires (il y en a eu pour Apple Music et les nouveaux iPhone).

Le plan de la Commission européenne prévoit également de nouvelles voies de règlement des litiges, dont l’appel à un médiateur spécialisé. Pas de régulation en revanche concernant le montant des commissions, alors qu’un pavé a été jeté dans la mare des plateformes de distribution récemment.

Epic Games s’est attaqué à la forteresse Steam sur PC en proposant une commission supérieure aux créateurs de jeux (88/12 contre 70/30). « Même avec des développeurs qui reçoivent 88 % des revenus et Epic 12 %, [notre] boutique sera toujours une activité rentable pour nous », affirme Tim Sweeney, le patron d’Epic Games. Une offensive qui a poussé Steam à assouplir sa politique de répartition des revenus.

avatar byte_order | 

@themasck

Ah, sur Safari. C'est pas exactement la définition de ce que l'on appelle un "ordinateur", Safari. Safari, c'est un navigateur web édité par Apple.
Et comme celui-ci refuse désormais de supporter les plugins de DRM autre que celui de leur propre DRM proprio, FairPlay, alors même que celui utilisé par Spotify et plein d'autre, WideVine, est celui officiellement soutenu par HTML5, ben voilà.

C'est pas Spotify qui stoppé le support sur Safari. C'est Apple qui a stopper le support des DRM autres que le sien dans Safari, nuance.

Du coup, ben la seule solution qui reste actuellement c'est une app macOS native, dans lequel Spotify a *pu* remettre le support du DRM necessaire, celui que Apple ne veut plus dans Safari.

Spotify ne va pas migrer intégralement son catalogue de DRM au format proprio d'Apple - alors que Apple est désormais en concurrence, juste pour la part de marché réduite des utilisateurs de Safari sur macOS.

Y'a une app macos native à la place, c'est pas comme s'ils avaient cesser tout support de la plateforme mac.

> a quoi comparer l'apple store si ce n'est a Android (correcteur orthographique)

Apple Store : magasin physique vendant des produits Apple.
Vous devez confondre avec AppStore. Un magasin en ligne qui ne vend que des apps pour plateforme mobile iOS.

Android est une plateforme mobile concurrente à celle de iOS, non compatible. C'est pas un magasin dématérialisé.

Le truc le plus proche de l'AppStore, c'est le Google Play Store.
Et il n'a rien d'imposé. Y'a d'autres magasins d'apps pour plateforme Android. Et le propriétaire d'un appareil Android peut désactiver l'usage exclusif des apps venant du Google Play Store.

Ce n'est donc parfaitement comparable, donc.

avatar themasck | 

@byte_order
joue sur les mots , alors je donne la définition de ordinateur :Machine automatique de traitement de l'information, obéissant à des programmes formés par des suites d'opérations arithmétiques et logiques.

avatar byte_order | 

@themasck

Et sur le fond ? Le blocage du support des DRM tiers dans Safari, vous en pensez quoi, et vous attribuez la responsabilité de la rupture de service de Spotify depuis Safari à qui ?

avatar themasck | 

Et pourquoi Dezzer fonctionne très bien sur Safari .
Vous avez votre réponse je crois

avatar LeoNeyssi | 

Apple sous la direction de Tim Cook, se sent toujours obligé de se justifier par le souci d’être transparent ou politiquement correct. Avec Steve Jobs le mec de Spotify se serait bien pris une ou deux punchline bien placées dans les dents et serait gentiment retourné dans son coin.
Si Apple voulait vraiment tuer Spotify il leur suffirait de baisser le prix d’Apple Music a 5€ ou 6€ par mois et c’est fini...

avatar coucou | 

"Avec Steve Jobs le mec de Spotify se serait bien pris une ou deux punchline bien placées dans les dents et serait gentiment retourné dans son coin."

A part passer pour un con à chaque fois qu'il la ouvert, le cadavre a sorti quoi comme punchline qui remet l'autre à sa place ?

avatar byte_order | 

@coucou

"You Hold It Wrong!"

Ca c'était de la punch line.

avatar coink | 

30%... quand on voit le % de commission sur les mises en rayonnages de la grande distribution ... et je parle même pas des têtes de gondoles... bref le monde du numérique qui se rends pas compte de la chance qu’il a

avatar byte_order | 

@coink
> de la grande distribution

*des* différentes chaînes de la grande distribution. Des. Comme dans "concurrence".

Par ailleurs, attention à ne pas oublier que les euros / m2 de la grande distribution est nettement plus faible que dans le monde numérique. Le stockage des octets de l'app Spotify pour iOS sur les serveurs d'Apple alors qu'à chaque abonnement in-app elle rapporte 3 euros à Apple, sans autre effort de sa part.

Comparer les contraintes de distribution dans le monde physique avec ceux du monde numérique c'est rigolo mais c'est comme comparer des pommes et des oranges.

Et encore une fois, la grande distribution est un marché en concurrence, avec un organisme qui les surveille pour éviter les ententes illicites, les abus, des lois, y'a même un code la distribution rien que pour ce secteur. Et ils sont brutalement bousculé par Amazon, au passage.

Rien de comparable avec la situation actuelle des stores en position de monopole (AppStore) ou quasi-monopole (Google Play Store) dans le monde numérique.

Il serait justement plus que temps que des conditions de libre concurrence soit plus assurée dans ce secteur.

avatar Luna sur Android. | 

Le App Store ne serait pas ce qu'il est sans Spotify et tout ceux qui sont venus y participer , faut arrêter de raconter n'importe quoi, cette taxe est scandaleuse, le reconnaître on se doit.

avatar themasck | 

Il serait justement plus que temps que des conditions de libre concurrence soit plus assurée dans ce secteur.
une belle phrase qui devrait être étudiée par la plupart des banques .
ces mêmes banques qui ont fait un procès a Apple en Australie pour pouvoir utiliser le sans contact de l'iPhone sans reverser un pourcentage mais qui ponctionnent nos compte pour un service du siècle dernier et se plaignent des neobanques gratuites.
Spotify n'est toujours pas rentable après dix ans et 100 millions d'utilisateurs .

avatar byte_order | 

@themasck
> banques qui ont fait un procès a Apple en Australie pour pouvoir utiliser
> le sans contact de l'iPhone sans reverser un pourcentage

Qui est propriétaire des iPhones dont les banques australiennes voulaient pouvoir utiliser le support du sans contact ?

> mais qui ponctionnent nos compte pour un service du siècle dernier et
> se plaignent des neobanques gratuites.

Preuve qu'elles subissent bien, elles, la mise en concurrence.

> Spotify n'est toujours pas rentable après dix ans et 100 millions d'utilisateurs .

Et donc qui profite le plus de la situation de non concurrence dans lequel les propriétaires de terminaux iOS et les éditeurs d'apps pour terminaux iOS sont depuis 10 ans ? Spotify ? Les consommateurs ?
Ou un constructeur qui a mis un verrou de contrôle après *vente* dans lesdits terminaux ?

Vous voulez d'un monde où le seul service de streaming qui existe impose d'acheter (fort cher) un terminal d'accès sur lequel vous n'aurez jamais le libre arbitre final ?
Vous voudriez d'un monde où un seul service d'opérateur d'accès internet ou de réseau mobile existe, imposant d'acheter (fort cher) un terminal d'accès avec lequel vous n'aurez jamais le libre arbitre des usages ?

Comment d'un côté se réjouir à juste titre de la mise en concurrence d'un opérateur de téléphonie historique et de l'autre se réjouir de l'existence d'une situation monopolistique qui nie toute concurrence !?

Au final, c'est *toujours* le consommateur qui est victime d'une situation non concurrentielle.

avatar themasck | 

@byte_order
vous n'êtes pas obligez d'utiliser un iPhone .
la mise en concurrence d'un opérateur de téléphonie historique a été voulue par l'Europe et la france qui a vendue des licences fort cher .

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