Résultats financiers T4 2018 : un trimestre record… grâce à la politique de prix élevés

Mickaël Bazoge |

Le quatrième trimestre fiscal d’Apple, qui recouvre juillet, août et septembre, n’a pas été de tout repos pour Apple. Le constructeur a en effet levé le voile début juillet sur de nouveaux MacBook Pro avec Touch Bar de 13 et 15 pouces, qui ont achevé de replacer cette gamme sur le radar des utilisateurs professionnels en quête de mobilité.

Pour le grand public en revanche, cela a été plus calme même si Apple a lancé ses nouveaux iPhone et Apple Watch fin septembre. Trop tard sans doute pour peser réellement sur les comptes de ce trimestre. Tout cela n’empêche pas Apple de présenter des résultats solides pour le T4, surtout grâce à une politique de prix élevés. Et d’une excellente tenue pour l’année fiscale qui s’est achevée le 30 septembre !

Ciel bleu pour les finances d’Apple. DR.

Si le chiffre d’affaires et les bénéfices sont en hausse, la stagnation, voire la baisse des ventes pour les appareils ne plaisent pas vraiment aux boursicoteurs qui ont fait plonger l’action AAPL de 4% 7% après la clôture de Wall Street.

En bref

Chiffre d’affaires, bénéfice, services et autres produits : en milliards de dollars. Ventes d’iPhone, d’iPad, et de Mac : en millions d’unités.

T4 2018 T4 2017 Évolution
Chiffre d’affaires 62,9 52,579 19,63 %
Bénéfice 14,125 10,714 31,84 %
Ventes d’iPhone 46,889 46,677 0,45 %
Ventes d’iPad 9,699 10,326 -6,07 %
Ventes de Mac 5,299 5,386 -1,62 %
Services 9,981 8,501 17,41 %
Autres produits 4,234 3,231 31,04 %

Chiffre d’affaires

Apple a engrangé durant ce trimestre 62,9 milliards de dollars, soit un peu moins de 20%, en plus, par rapport aux résultats de l’an dernier à la même période. Les bénéfices s’établissent à 14,125 milliards de dollars, là aussi une belle hausse de près de 32% !

Ce chiffre record pour un quatrième trimestre fiscal repose non pas sur des ventes d’iPhone, de Mac et d’iPad exceptionnelles ; bien au contraire, elles sont peu reluisantes. Il faut lire dans ces ventes pimpantes le résultat de la hausse des prix pratiquée de main de maître par le constructeur.

Sur l’ensemble de l’année fiscale 2018, Apple poursuit sur la lancée de 2017, avec une croissance de 16% : pensez donc, l’entreprise a dégagé un chiffre d’affaires de 265,9 milliards de dollars. Quant aux bénéfices, ils sont eux aussi en progression de 23,12%, à 59,3 milliards de dollars.

Le constructeur est assis sur un gros tas d’or : le cash en stock s’élève à 122,6 milliards de dollars.

Si les États-Unis sont toujours loin devant en termes de ventes (27,5 milliards de dollars, +19,1%), l’Europe reste la deuxième place forte d’Apple avec 15,38 milliards (+18,2%). La Chine ne démérite pourtant pas avec des revenus de 11,4 milliards, en hausse de 16,4%. Les ventes d’Apple à l’international pèse pour 61% du chiffre d’affaires total.

Ventes d’iPhone

Le problème de ce trimestre, ce sont les volumes de ventes. Apple a écoulé 46,8 millions de smartphones cet été, soit une progression de 0,45%. Une croissance stable et surtout, un chiffre en-deçà des attentes des analystes qui tablaient sur 48,4 millions d’unités. L’iPhone représente 37,1 milliards de dollars durant le trimestre (+28,9%). La gamme de smartphones reste la vache à lait d’Apple.

Les ventes d’iPhone sur l’année fiscale demeurent stables à 0,45%. Cela représente tout de même 217,7 millions d’unités vendues pour 166,7 milliards de dollars engrangés (+18%), mais manifestement Apple a atteint un plafond de verre. Peut-être que l’iPhone XR sera en mesure de relancer les ventes ?

Quoi qu’il en soit, Apple est parvenue à augmenter le panier moyen de l’iPhone, qui s’établit au troisième trimestre à 793 $, un chiffre en hausse de 69 $ par rapport au troisième trimestre.

Ventes d’iPad

L’iPad aussi présente des signes de fatigue, avec 9,7 millions de tablettes vendues durant ce trimestre. La gamme accuse une baisse de ses ventes d’un peu plus de 6% par rapport à l’an dernier. L’effet « iPad 6 », sorti en mars, ne se fait plus sentir.

Heureusement qu’Apple a lancé de nouveaux modèles cette semaine… D’ailleurs, le prix moyen de l’iPad a augmenté à 421 $ (contre 410 $ au troisième trimestre), signe que les clients se sont de nouveau tournés vers les modèles Pro. L’iPad a représenté des ventes de 4 milliards de dollars, un chiffre en recul de plus de 15%.

Sur l’année fiscale, l’iPad ne s’en tire pas si mal avec une toute petite baisse de ses ventes de 0,5%. C’est mieux qu’en 2017 (-4%) et qu’en 2016 (-16,9%). En termes de chiffre d’affaires, la tablette a pesé cette année 18,8 milliards de dollars (-2,1%).

Ventes de Mac

C’est toujours la soupe à la grimace pour les ventes de Mac, avec 5,3 millions d’unités écoulées. Les ordinateurs s’en sortent toutefois sans trop de casse avec une baisse de 1,6% par rapport au T4 2018, et un chiffre d’affaires de 7,4 milliards (+3,3%). Il faut sans doute y voir la conséquence du lancement des nouveaux MacBook Pro au début de l’été.

Les Mac n’ont pas été à la fête cette année. Durant l’année fiscale 2017, Apple avait su maintenir une croissance des ventes de 4,15%, mais pour 2018 les ordinateurs accusent une baisse de 5,4%, pour un chiffre d’affaires total de 25,4 milliards (-1,4%).

Services et autres produits

Ces deux lignes rattrapent le trimestre d’Apple. Les services, qui recoupent les différents abonnements (on compte 30 000 apps avec abonnements) et les ventes de l’App Store n’ont jamais été aussi proches des 10 milliards de dollars de recettes (+17,4% !).

Quant aux autres produits, dans lesquels ont trouve l’Apple Watch, le HomePod, les AirPods, les accessoires, l’Apple TV et les casques Beats, là aussi c’est la fête avec des ventes de 4,2 milliards de dollars, en hausse de 31% d’une année sur l’autre.

Tim Cook a indiqué que les ventes de produits « vestimentaires » étaient en progression de 50% d’une année sur l’autre. Le constructeur a vendu beaucoup, beaucoup d’Apple Watch. Par ailleurs, à compter du prochain trimestre, la ligne « Autres produits » sera rebaptisée « Wearables, Home, and Accessories », parce que pourquoi pas.

Pour le premier trimestre fiscal 2019

Tim Cook est évidemment emballé par ces résultats, alors qu’Apple a livré durant cette année fiscale son 2 milliardième appareil iOS et célébré les 10 ans de l’App Store. Luca Maestri, le directeur financier de l’entreprise, précise qu’Apple a reversé à ses actionnaires 23 milliards de dividendes ce trimestre, pour un total de 90 milliards pour l’année.

Le premier trimestre fiscal d’Apple, c’est habituellement un véritable feu d’artifice de dollars, et pour cause puisqu’il recouvre les fêtes de fin d’année. En toute logique, ce devrait être le cas, Apple ayant multiplié les nouveaux produits entre ses deux keynotes de septembre et d’octobre !

Avec des gammes rafraîchies de Mac, d’iPhone, d’iPad et d’Apple Watch aussi riches (on s’y perd, c’est dire) et pas particulièrement bon marché, le constructeur va certainement toucher le jackpot cette fin d’année. Apple prévoit ainsi un chiffre d’affaires entre 89 et 93 milliards de dollars et une belle marge de 38 à 38,5%.

Apple prévient aussi les analystes : les résultats attendus pour les trois derniers mois de l’année risquent de ne pas correspondre à leurs attentes. Le constructeur met en avant les fluctuations des taux de change et l’incertitude économique dans les pays émergents.

En tout cas, il faudra jouer à la divination dès le prochain trimestre : Apple ne donnera plus les volumes de Mac, d’iPad et d’iPhone vendus ! Uniquement les chiffres d’affaires de ces catégories.

avatar oomu | 

ha ben vi.

n'empêche le powerMac bi proc, quelle machine.

avatar misterbrown | 

@oomu

Oui !! ??

avatar umrk | 

Pour donner les ordres de grandeur, le chiffre d'affaires TRIMESTRIEL (environ 60 Milliards de $) , c'est le chiffre d'affaires ANNUEL de Airbus Group (la maison mère). Je ne compare même pas les profits .....

avatar MKO | 

-5% a la fermeture sur l’action apple
Comprendre qui pourra !

avatar oomu | 

inquiétude sur l'avenir.

L'investisseur veut une croissance illimité pour avoir un revenu toujours plus cool chaque mois.

avatar anonx | 

Les populaces qui n’étaient pas équipées le sont et n’achèteront plus... Chine Russie Brésil

Suffit de voir l’Europe et ses chiffres catastrophiques d’années en année

Ils ont intérêt à innover sinon ?

avatar Un Type Vrai | 

En lisant les commentaires, j'ai conclu que la définition de pigeon, c'est un consommateur qui ne dépense pas son argent chez moi...
Ai-je vu juste ?

avatar oomu | 

rourourouuu *s'envole dépenser dans un truc pas aimé par un geek aléatoire d'internet*

avatar oomu | 

comme dit le centriste virtuel François Bayrou (c'est internet, c'est donc forcément vrai)

"C'est marrant mais j'ai l'image inverse.
Pour moi Apple - depuis toujours - cherche à maximiser la marge et se contente très bien d'un faible nombre de ventes. J'irais plus loin, c'est ce qu'ils recherchent : ça rajoute à l'image élitiste et haut de gamme qu'ils veulent avoir."

c'est VRAI.

Ca a toujours été, à terme, le positionnement d'Apple.

bien sur quand ils ont un produit novateur qui pousse le marché, Apple en profite. Pas de soucis.

Mais que cela soit le mac, l'ipod, l'iphone, l'ipad Apple tentera de monter en gamme, de maxer le prix, même au détriment du volume.

Pire encore: si Apple estime que le temps des ventes en folie est terminé, elle préférera augmenter le prix (et monter en gamme hein) que de sortir des appareils à petit prix.

Elle évite ainsi :
- d'être en concurrence frontale avec le gazillion de petits fabricants installés juste à coté des usines
- d'être facile à comparer
- de se battre sur des marges faibles.

Et c'est le commerce d'Apple depuis la Nuit des Temps. La Nuit des Temps ayant commencé en 1976.

Même avec l'apple 2, le lisa et bien sur le mac, même si c'était des machines "business" (moins pour le mac), Apple privilégiait d'être dans le haut de gamme que d'être abordable ou à petit prix.

même si bien sur, elle doit tempérer sa névrose (en remaniant une gamme ou en introduisant un produit plus raisonnable), c'est essentiellement ainsi qu'elle fonctionne.

-
conclusion: elle poussera l'iphone aussi haut qu'elle peut. Si une part substantielle de sa clientèle décroche, elle se calera là.

elle tente idem avec la montre, avec plus ou moins de réussite. Il leur a fallu vite se poser comme "montre" prestigieuse (donc avec le bagout et luxe des plus grands) pour démarrer, avant de redescendre sur Terre. Mais elle fera remonter le prix.

Je m'attends à ce qu'elle tente progressivement de pousser le prix de base de l'apple watch à au moins 990 dollars. Le modèle de _base_ hein.
(je sais que le modèle céramique a été retiré. la vie est difficile hein :) mais c'est la tendance sur 40 ans qui compte pour comprendre Apple)

avatar bibi81 | 

C'était vrai avant quand Apple n'avait de services dépendant de ses produits. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Moins de produits vendus implique moins de services vendus (avec le risque même de devoir arrêter certains services).
ApplePay a bien du mal à prendre aujourd'hui, si la part de marché diminue, c'en est fini (sauf à proposer le service sur les produits concurrents)...

avatar oomu | 

moins de services parce que moins d'utilisateurs ?

bon, déjà, on est encore loin d'une clientèle de seulement des 1% :) tempérons nos propos radicaux. Je parle bien sur d'une tendance d'Apple, de son commerce "fondamantal" : c'est une société de matériel "premium". elle a donc un commerce de "premium".

Dans le cas où Apple abandonne de croître en nombre d'utilisateurs (face à une saturation en eu/us et un refus catégorique des indiens et chinois de mettre tous les sous qu'ils n'ont pas dans Apple), Apple peut faire avec les services comme avec le matériel : augmenter le panier moyen !

Ainsi, Apple Care se "doit" de devenir plus onéreux et plus "urgent" à avoir.

On doit multiplier les services au près de CHAQUE client : programme de reprise, leasing, réparation (payante) de "vieux matériels", abonnements en long et en large (icloud, music, vidéo, timmy on line, etc) et j'en passe.

A mon sens, vous verrez Apple faire en service comme avec le matériel : faire en sorte que tout acheteur apple reparte aussi avec un ou plusieurs services payant.

-
Apple Pay décolle peu hors usa parce que c'est un produit américain d'une société californienne pour résoudre un problème d'américain du point de vue de californien.

Nous avons moins d'urgence d'un apple pay en Europe, en particulier en France, et les Banques le savent.
Hormis celles (ou filiales) qui jouent la carte du "moderne" pour attirer de nouveaux clients (les jeuuuunes dans le vent, qui ont plein d'énergie, bouh zeunesse que ze zalouze), il n'y a pas une grande demande d'apple pay dans un pays où la carte bleue marche bien, où y a pléthore de services bien implantés pour payer, du monéo jusqu'aux téléphones android.

avatar Un Type Vrai | 

Et cette stratégie permet aussi à Apple de ne pas avoir à se préoccuper d'une éventuelle récupération de ses "pigeons" (puisque chaque entreprise à ses pigeons si j'ai bien suivi).

A l'inverse, Google a du compter sur la CROISSANCE rapide et non maitrisée d''Androïd et se retrouve concurrencé sur le Staure le Cloude, le Browzeur ... par ses "partenaires"

Samsung ne peut pas vendre de l'Androïd sans lorgner sur le business des services (fabless is more ?)
Apple ne regarde qu'un seul chiffre, le bénéfice engrangé par Apple vs le reste de l'industrie.
(Les macs font 50% des bénéfices de toute l'informatique...)
Pourquoi viser 90% des PDM ? C'est aussi s'obliger à casser les prix, à mettre du windows ou à laisser des parasites potentiels installer de l'OS X...
Avoir un très large marché nécessite d'avoir une très large offre.

Ça me rappelle un libraire dans un livre d'Eco qui suite à une succession va voir une vielle bibliothèque à vendre (enfin, les livres dans la bibliothèque...).
Il dit en gros :
"Je ne vous fais pas d'offre pour le lot, mais je vous prends ces 4 livres là 500€, le reste intéressera certainement un autre libraire..."

Oui, pourquoi se farcir le transport, le tri, le nettoyage et la rénovation de 150 livres si on gagne à peine plus qu'en se concentrant sur 4 ?

avatar Jacalbert | 

- 7,18 % ???

avatar pechtoc | 

@Jacalbert

Revends vite toutes actions, Apple en dessous les 1000 milliards, c'est le début de la chute libre.

avatar Jacalbert | 

@pechtoc
Au contraire acheter !
Les premières j’avais payé 77,88 $ fin 2013

avatar pechtoc | 

@Jacalbert

Pour acheter il faudrait qu'Apple ait un nouveau vecteur de croissance qui puisse prendre le relais de l'iPhone qui stagne, certainement parce des chinoiseries au tier du prix de l'iPhone propose aujourd'hui une expérience satisfaisante.
Donc c'est trop incertain pour investir ne serait qu'un centime sur Apple vu sa valorisation actuelle.
À voir au prochains résultats si le ralentissement se confirme.
Joli d'avoir acheté à 77.88, j'espère que t'en avais pris assez ?

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