Des patrons de la high-tech américaine inquiets ou révoltés par le décret sur l'immigration

Florian Innocente |

Plusieurs grands groupes américains de la high-tech américaine ont exprimé leur préoccupation, en des termes plus ou moins mesurés, face à l'un des décrets signés ce vendredi par le président Trump.

Donald Trump après la signature du décret intitulé « Protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux États-Unis », limitant l'entrée de certains ressortissants de pays musulmans.

Le texte interdit, pour une durée d'au moins 90 jours, l'entrée sur le sol américain des ressortissants (hors diplomates et employés d'organisations internationales) de sept pays musulmans (Syrie, Iran, Soudan, Libye, Somalie, Iraq et Yémen). Quand bien même ils seraient détenteurs de visa en règle ou d'une carte verte leur permettant de travailler aux États-Unis.

Cette décision a sorti les Microsoft, Apple, Google, Facebook, Box, Netflix ou encore Uber d'une certaine léthargie depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Car l'application immédiate de ce décret a bloqué de facto l'entrée de certains de leurs salariés ou de membres de leurs familles.

Tim Cook qui a discuté de la question de l'immigration cette fin de semaine à Washington, a envoyé un courrier à ses équipes, dans lequel il ne cite pas Donald Trump mais insiste sur l'importance que revêt l'immigration à ses yeux, pour Apple comme pour l'Amérique.

Aucune allusion en revanche aux origines syriennes de Steve Jobs (par son père). Il s'agit peut-être pour Cook de ne pas instrumentaliser cet élément biographique de son ancien patron et ami. Cook a indiqué toutefois que plusieurs employés d'Apple étaient concernés par ce décret et que son entreprise s'en était émue auprès de la Maison Blanche. La communication se termine sur une déclaration de Martin Luther King : « Nous sommes peut-être arrivés sur des navires différents, mais nous sommes désormais réunis sur le même ». Ca ne mange pas de pain, mais d'autres chefs d'entreprises comme lui ont été bien plus offensifs.

Même son de cloche chez Microsoft, dont le patron Satya Nadella a rappelé ses origines étrangères (lui, comme les dirigeants de Google et d'Adobe, pour ne citer qu'eux, sont d'origine indienne). 76 employés de Microsoft sont touchés par ce décret, explique Brad Smith, le directeur des affaires juridiques, dans un courrier envoyé en interne. Il y parle également des risques que cette décision fait peser sur la vie même de certains immigrés en possession ou en attente d'un visa.

Chez Google, 100 employés sont concernés. Sundar Pichai, a déclaré dans un courrier qu'il était préoccupé par les conséquences de ce décret et de toute autre proposition qui conduirait à gêner la venue aux États-Unis de talents désireux de travailler pour Google.

Reed Hasting, le patron de Netflix, est plus virulent. N'hésitant pas à citer nommément le président américain et à juger ses actions en contradiction avec ce que l'Amérique représente.

Il évoque les risques que cela pourrait faire peser sur les États-Unis qui vont se retrouver « détestés et lâchés par leurs alliés ». Et de conclure par un appel à la résistance : « Il est temps de se serrer les coudes pour protéger les valeurs américaines de liberté et d'opportunités ».

Reed Hasting, Netflix Cliquer pour agrandir
Aaron Levie, fondateur de Box, le spécialiste du stockage dans le nuage

Cette actualité américaine a poussé le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, à déclarer à nouveau sur Twitter, son pays ouvert à tous ceux qui, indépendamment de leur foi, « fuient la persécution, la terreur et la guerre. La diversité fait notre force. »

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