Barack Obama plaide pour une clé de déchiffrement

Mickaël Bazoge |

Barack Obama était l'invité très spécial de l'ouverture du festival SXSW, qui se tient actuellement à Austin (Texas), et où se rassemblent artistes et amateurs de technologie. Le président américain est évidemment revenu sur la bataille entre Apple et le FBI sur la protection des données privées, qui prend de plus en plus l'allure d'un combat entre la Silicon Valley et les autorités américaines (à 1h20 dans la vidéo).

Obama — qui quittera ses fonctions dans un peu moins d'un an — a appelé les protagonistes à trouver rapidement un terrain d'entente. Sinon il redoute que des décisions précipitées soient prises à l'avenir par le législateur, en réponse à de possibles futures tragédies. Il ne s'est pas prononcé spécialement sur le cas de San Bernardino et d'Apple, puisqu'il est encore entre les mains de la justice, mais il a parlé de la problématique du chiffrement au sens large, comme sujet de société.

Barack Obama a rappelé que les forces de l'ordre pouvaient obtenir un mandat et venir « fouiller dans vos sous-vêtements pour voir s'il ne s'y trouve pas des preuves ». Il a une fois de plus assuré au public présent que « le gouvernement ne veut pas regarder dans les téléphones bon gré mal gré », même si « l'épisode Snowden a relevé le niveau de suspicion des gens ». Néanmoins, il a aussi déploré le fait que « la question Snowden a grandement exagéré les dangers de l'espionnage des citoyens. Le fait est que nos agences de renseignement sont très scrupuleuses concernant les citoyens américains, les personnes sur le territoire américain ».

Concernant le problème du chiffrement des données, il comprend tout autant le désir de vouloir protéger les informations (les « secrets d'État et d'infrastructures », pour faire écho aux inquiétudes de Craig Federighi) que la volonté d'être capable de casser le chiffrement dans des circonstances spécifiques.

S'il est technologiquement possible de créer un appareil ou un système impénétrable, si le chiffrement est tellement fort qu'il n'existe aucune clé ou aucune porte, alors comment pouvons-nous appréhender les pédophiles ? Comment pouvons nous prévenir et déjouer un attentat terroriste ? Quels sont les mécanismes à notre disposition pour renforcer le recouvrement de l'impôt ? Si vous n'avez pas accès à ces informations, si le gouvernement ne peut pas avoir cet accès, alors tout le monde va se balader avec un compte suisse dans la poche, pas vrai ?

C'est pourquoi le président américain estime qu'il est impossible d'avoir une « vision absolutiste » sur cette question. Il faut éviter que le « fétichisme de nos téléphones » soit au-dessus de toutes les autres valeurs. « Ça ne peut pas être la bonne réponse ». La solution de Barack Obama est celle du FBI : un chiffrement certes robuste, mais que l'on peut déverrouiller avec une clé « accessible au plus petit nombre de personnes possible, [pour régler] un ensemble de problèmes ».

Pour créer un tel système, « nous avons besoin que la communauté technologique nous aide ». Il appelle à l'équilibre entre les points de vue, en évitant que chacun se retrouve dans son coin : « Si la communauté tech dit "soit nous avons un chiffrement fort et parfait, soit c'est un monde à la Big Brother", ce que vous trouverez en face, si quelque chose de vraiment mauvais arrive, ce sont des politiques qui vont se précipiter et ce sera bâclé (…) Ensuite, nous aurons quelque chose de vraiment dangereux ».

L'après Obama

Reste que la solution ne sera peut-être pas trouvée d'ici la fin de cet ultime mandat de Barack Obama. Sa possible remplaçante à la Maison Blanche, Hillary Clinton, est restée jusque là prudente sur cette affaire. Il y a quelques jours, elle avouait volontiers qu'elle n'avait pas de solution toute faite, mais qu'une forme de compromis devait être trouvée.

Hillary Clinton en octobre 2015

Il y a aujourd'hui une « véritable défiance » entre les entreprises technologiques et le gouvernement, c'est un « problème sérieux qu'il convient néanmoins de régler […] Je ne suis pas experte dans la manière dont il faut s'y prendre » :

Il doit y avoir un moyen de protéger la confidentialité des informations privées. Il doit y avoir une manière d'éviter que l'on ne sape le chiffrement de données et que cela ouvre la porte à de nombreuses et mauvaises personnes. Mais il faut un moyen de suivre les activités illégales et d'empêcher les crimes et le terrorisme. Je suis quelqu'un qui se retrouve dans le pire des dilemmes possibles.
avatar christ60 | 

Oui à la clef!

Désolé mais la démocratie, c'est aussi des avis divergents!

avatar christ60 | 

Pour ceux qui sont pour le maintien du cryptage des téléphones, j'en conclue que vous êtes contre les perquisitions classiques, écoutes judiciaires, filatures, sonorisation des lieux privées ... et toutes autres atteintes à la vie privée.
C'est même atteintes permettent d'arrêter tous les jours des terroristes, des criminelles et autres délinquants.

avatar bugman | 

@christ60 :
Et si cette clé fuitait ? Parce que je suis contre les cambriolages aussi.

avatar fousfous | 

@christ60 :
Oui sauf que tu ne peux pas mettre ça en place systématiquement, la ce serait possible et c'est le problème. Ce serait tellement facile que les forces de l'ordre en abuserait.

avatar XiliX | 

@christ60 :
Pas du tout. Si la justice me demande de donner l'accès à mon iPhone à la police, je leur donnerai l'accès.

Mais c'est ma volonté. De cette manière, mes données sont toujours en sécurités contre les criminels.

Et tous ces agences sont obligées de passer par la justice pour pouvoir accéder aux données des citoyens lambdas...

avatar fte | 

Ce monsieur se contredit, ayant plaidé pour l'inverse il y a plusieurs mois, crypto forte.

Ce monsieur semble en outre oublier que ceux qui ont des activités illégales à protéger des regards peuvent le faire avec toutes sortes de solutions autres que les téléphones cryptés. Les maths en œuvre dans les systèmes cryptographiques ne sont pas compliquées, écrire un outil de cryptage est aisé.

Rendre la crypto forte illégale ? Encore ? Ça n'a pas marché la première fois, ça ne marchera pas plus cette fois. Si on a des trucs illégaux à cacher, qu'importe si on utilise un outil illégal ? Quelle serait la peine ? Injection létale ?

C'est d'un niveau de bêtise exceptionnel, je crois rêver.

Bref. Il fait ce qu'il peut dans son rôle politique, je suppose.

avatar pariscanal | 

Il est fatigué Obama ,...,compréhensible , et Snowden vient de lui répondre

avatar dscreve | 

Le fait est que le chiffrement asymétrique ne supporte pas la notion de passe comme dans une serrure...donc, on peut tergiverser autant que l'on veut, ça n'existe pas....La seule solution pour laisser entrer le FBI, c'est d'affaiblir le système dans son ensemble et donc de le laisser ouvert pour tous....

avatar fte | 

Il peut y avoir une enclave cryptée contenant la clé de décryptage, enclave cryptée avec la clé publique du gouvernement qui serait supposé être seul détenteur de la clé privée. L'enclave n'est pas décryptable sans la clé privée et donc le téléphone reste sécurisé tant que cette clé privée le reste.

avatar narugi | 

Un jeu d'équilibriste entre liberté et sécurité. Je prône le fait que les autorités puissent avoir la possibilité de surveiller les réseaux pédophiles et terroristes pour la sécurité de tous. A condition que cela soit encadrée (sur mandat). Quitte à ce que Apple fasse le backdoor elle même.
Néanmoins, je suis défavorable à ce que les autorités de renseignements américains, européens, russes et asiatiques puissent compromettent la vie privée de ses citoyens.

Espérons que les agences de renseignements et Apple trouvent un consensus et que les utilisateurs ne soient pas les grands perdants de ce AppleGate.

avatar Woaha | 

Votez Bernie Sanders.

avatar tbr | 

J'y vais fort mais n'y arrive-t-on pas, d'une certaine façon ?

"Et elle fit...
> celle qui décida de "nous gouverner tous" (mais pas sous forme d'anneau, si ce n'est sous forme latine)

que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves...
> les gens, le peuple, nous.

reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre...
> un fichage, une surveillance généralisé "pour notre bien", car "nous n'avons rien à cacher". Le front ou la main droite, why not mais je pense à quelque chose de plus moderne, plus discret et néanmoins efficace

sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom.
> si on n'obéit pas/n'accepte pas : baisés, "terroristes", suspects, asociaux... dangereux ! Les étoiles jaunes d'un temps maudit pas si lointain, en somme.

C'est ici la sagesse. Que celui qui a de l'intelligence calcule le nombre de la bête. Car c'est un nombre d'homme, et son nombre est six cent soixante-six.
> Ce nombre ou bien un nombre symbolique... ou bien ce qui caractérise chaque individu mieux que son n° de sécu, sa CNI ou son passeport : son code ADN ! OU un combo...

En gros, sans vouloir souffler sur la braise, je pense que tout va — en réalité avec notre bénédiction d'abrutis décérébrés par "ceux qui pensent et nous et nous cataloguent parmi les cons, quitte à nous fourguer des emissions de TV débiles — vers un fichage massif avec croisement intégral de nos données privées, le tout sans (ou plutôt avec) notre accord. LA clé, c'est notre futur numéro, notre "ultra" identité, notre futur numéro de vie qui nous servira pour tout. Qui le refusera... mourra (ou devra chercher un autre moyen d'exister, hors de notre monde de consommation).

Non, je ne vais pas construire mon bunker au fond de mon jardin en attendant, la fin du monde, armé jusqu'aux dents comme ces tarés de survivalistes (ou que sais-je). Je ne suis plus dupe, c'est tout.

avatar philipponna | 

Quand ton fils ou ta famille meurs à cause d'un tueur j'aimerais bien qu'il puisse fouiller dans l'iPhone avec l'aide d'Apple

avatar tbr | 

@philippona
"Quand ton fils ou ta famille meurs à cause d'un tueur j'aimerais bien qu'il puisse fouiller dans l'iPhone avec l'aide d'Apple"

Non. je ne me précipite pas vers le tueur (quand je le trouve et s'il n'est pas mort) pour lui ôter son téléphone. La première chose que je fais, c'est de lui prendre son arme.
> va falloir trouver les priorités et cesser de nous la jouer à l'envers : tout ce ci n'est qu'un prétexte à quelque chose de très grave et certaines personnes disent "amen". Dommage d'être aussi dupes et serviles envers un système qui cherche à vous la mettre profond.

Et, pour te répondre encore, NON, je ne laisserai pas non plus celui ou ceux qui ont tué mes enfants libre. C'est juste que "LE téléphone" n'est pas l'instrument que l'on doit cibler en 1er comme étant le responsable du méfait.

avatar Maverick73 | 

@Ultranova

Alors toi, dans la médiocrité il n'y a pas mieux ! Jugé des gens alors qu'ils n'ont encore rien fait, il est clair que pour toi il s'agit d'intelligence ? Tu devrais suivre ton propre conseil, va t'acheter un cerveau.

avatar ce78 | 

Désormais, la police devra avoir un passe-partout en mesure d'ouvrir toutes les serrures de vos maisons.

Est-ce que vous accepteriez que la police ait un passe pour pénétrer dans votre chambre ? Non ? Eh bien c'est pareil.

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