San Bernardino : Bill Gates en opposition à Tim Cook

Florian Innocente |

Bill Gates fait entendre une voix discordante parmi celles qui ont offert un soutien plus ou moins appuyé à Apple dans l’affaire de l’iPhone de San Bernardino. Interrogé par le Financial Times à l’occasion d’une soirée organisée par sa fondation, le co-fondateur de Microsoft se range aux arguments du FBI selon lesquels le problème ne concerne qu’un seul iPhone :

Il s'agit d'un cas particulier où le gouvernement demande un accès à l'information. Ils ne demandent pas quelque chose de général, ils le demandent pour un cas spécifique.

Pour lui, la question n’est pas différente de celle où l’on demande des enregistrements à un opérateur ou des relevés à un organisme bancaire.

Imaginons que la banque ait noué un ruban autour d'un disque dur et dise "ne coupez pas ce ruban parce que sinon vous allez me demander de le faire plusieurs fois".

Les propos de l’ancien patron risquent justement d'être démentis par les faits. Le Wall Street Journal explique ce même jour qu’environ douze autres iPhone font l’objet d’une procédure identique à celle de celui de San Bernardino, dans plusieurs affaires qui n’ont pas encore été rendues publiques.

Cette information est apparue dans une lettre adressée hier à un juge de New York par des procureurs travaillant autour d’un iPhone utilisé dans une affaire de drogue. Aucune de ces différentes affaires ne serait de nature terroriste, indique la source du quotidien, et ce sont des iPhone utilisant d’anciennes versions d’iOS, moins sécurisées que les dernières générations.

Le juge en question, James Orenstein, a posé la question de savoir si la demande du gouvernement de forcer Apple à extraire des données d’un iPhone verrouillé était légale. Signe probable de son scepticisme.

Bill Gates estime qu’il y a des avantages à ce que le gouvernement puisse appliquer la loi en matière d’impôts, de lutte contre le crime et qu’il puisse enquêter sur les menaces terroristes. Mais un périmètre doit être dessiné quant à son droit à l’accès à l’information, afin d’obtenir l’assentiment des citoyens.

J'espère que nous aurons ce débat, de manière à ce que des garde-fous soient posés pour que les gens ne disent pas — et ce sera le cas pays par pays — qu'ils ne veulent aucun accès à l'information de la part du gouvernement.

Le soutien des grands patrons de la Silicon Valley a été globalement en faveur d’Apple mais plus ou moins marqué. Marc Zuckerberg et Jan Koum (WhatsApp, filiale de Facebook) ont appuyé sans réserve les propos de Tim Cook, ceux de Google et de Microsoft ont été plus timides, le remplaçant de Steve Ballmer, Satya Nadella se contentant d’une poignée de tweets assez tièdes. Cette semaine a également vu un ancien patron de la NSA s'aligner sur les thèses d'Apple.

avatar ech1965 | 

Une question pour aliementer le débat,

A votre avis, les données qui sont dans la mémoire de votre téléphone sont-elles

1) de la connaissance, du savoir
2) des objets, des choses

Dans le cas 1, je dirais que ce qui se trouve dans la mémoire de votre tel est comparable à ce qui se trouve dans la mémoire de votre cerveau: les autorités ne peuvent pas les extraire sans votre consentement: ex: je retiens le n° de tel d'un complice, la justice ne peut pas me forcer à le communiquer.

Dans le cas deux, les données sont comme mon carnet d'adresse, on peut le saisir et si on arrive à déchiffrer mon écriture ( décrypter) on peut utiliser les données. par Contre on ne peut pas me forcer à lire mon carnet d'adresse à haute voix.

Qu'en pensez-vous ?

avatar sambucus | 

@Albatros86
En tant qu’utopiste patenté, grâce à vous je me sens moins seul ;-) Un sage m’a dit un jour qu’il fallait viser les étoiles pour aller jusqu’au nuage. En fait, je crois que nous sommes pas seuls à l’être.

— «[…] En l’occurrence Apple et le FBI ont tous deux des objectifs et perceptions différentes. Nous, citoyens du monde, avons une autre perception et des attentes qui ne sont pas forcément dans la même direction qu’eux. À partir de ce constat, et de la clarification des intentions, un compromis, à défaut de trouver un consensus gagnant-gagnant, est à mon sens de mise.»

Je me rallie à cet objectif. Mais avant, il faut rappeler pourquoi ce sujet, — que MacG a alimenté tout au long des derniers jours, — est si sensible et déclenche autant de réactions et de réflexions. Ce qui est en jeu n’est rien moins que notre intimité. Être humain signifie que nous sommes des êtres vivants complexes, avec des choses que l’on peut montrer publiquement, d’autres que l’on peut partager avec nos intimes et d’autres encore que nous devons protéger (nos parts d’ombre pas exemple). Faute de quoi, notre équilibre psychologique risque d’être mis en cause. Et cela, que l’on soit du FBI, de la NSA, dirigeants de grandes entreprises ou simples citoyens, c’est notre tronc commun. Pour cette raison, je prends parti pour Tim Cook.

Il se trouve que je vis dans un pays où il y a eu un https://fr.wikipedia.org/wiki/Scandale_des_fiches. L’État avait fiché les gens (plus les gens de gauche que les activistes d’extrême droite étrangement perçus comme moins dangereux pour la sécurité publique!!!). Hallucinant. C’est surtout lorsqu’ont été rendues publiques certaines d’entre elles dans les journaux que le choc a été terrible. L’interprétation des analystes avait dérivé dans des proportions invraisemblables. En France, en Allemagne… aux USA que connaissez-vous des fiches qui nous concernent? Il y en a certainement. Y avez-vous accès? Pouvez-vous rectifier?

cf comment. suivant

avatar sambucus | 

@Albatros86 (suite)
C’est le centre du problème. On collecte des données personnelles sujettes à toutes les interprétations. La violation de votre sphère intime peut ébranler votre équilibre psychoaffectif et vous empêcher de participer à la vie collective par peur de s’exposer (voir aussi d’autres aspects dans Wikipédia: Lanceurs d’alerte, Poursuite stratégique contre la mobilisation publique, WikiLeaks, etc.).

Pour cela, j’ai parlé de confiance perdue avec nos «autorités» qui ne se caractérisent plus que par des jeux de pouvoir en vue d’asservir. Et ce n’est pas que le politique, l’économie joue le même jeu. In fine, ce sont des jeux de guerre qui entraîne des guerres. On parle stratégie, conquête de marchés, etc. Les victimes sont les chômeurs, les marginaux, les handicapés… etc. Il y a même des morts par maladies ou accidents professionnels, suicide…, mais aussi dérèglement climatique, saccage de la nature…

S’ajoute le terrorisme qui renforce la confusion ambiante. Je partage l’avis que la Justice et la Police doivent pouvoir faire leur travail, ce qui entre en tension avec notre besoin d’intimité.

Où vous voyez juste. Comment reconstruire une paix (gagnant-gagnant). Il faut redéfinir les contours de nos besoins de protection publique. Mais pour en parler, il faut d’abord se mettre d’accord qu’il existe un état de belligérance généralisé, de perte de confiance et de confusion. Or, domine un déni à ce sujet.

Pour en revenir à la sécurité informatique, je suis incapable de disserter sur la technique à utiliser. Par contre, ce dont je suis sûr, c’est que notre intégrité physique et psychologique doit être protégée. Il faut reprendre un contrôle démocratique comme cela s’est passé en Suisse. Après cette étape réglée, nous pourrons définir (légiférer) les moyens techniques utiles ou contre-productifs comme le cryptage ou Touch ID. En attendant, je pense que la moins pire des solutions est préconisée par Tim Cook.

avatar popeye1 | 

De la part du meilleur ennemi d'Apple, on appelle ça de l'opportunisme.
Cela m'étonnerai toutefois que même si la vente des iPhone(s) chute un peu, celle des téléphones Micromou en bénéficie beaucoup. Il faudrait d'abord commencer par être capable de sortir un bon Windaube

avatar JLG47_old | 

Bill à bogué ?
Problème de back gate ?

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