Apple v Samsung : quand Jobs appelait à la Guerre sainte contre Google

Mickaël Bazoge |

Apple et Samsung sont de nouveau devant les tribunaux, pratiquement deux ans après une première victoire du constructeur californien face à son rival sud-coréen. En août 2012, Apple avait réussi à faire condamner Samsung non seulement pour avoir copié les technologies du créateur de l'iPhone, mais aussi parce qu'il avait engrangé de cette activité illicite des milliards de dollars. Si le milliard de l'amende a été réduit par le biais d'un second procès (à l'issue duquel Apple a finalement obtenu 940 millions de dollars), le délit de copie par Samsung a été caractérisé.

Ce nouveau procès entre les deux constructeurs porte sur des terminaux Samsung relativement récents, dont certains sont toujours commercialisés comme le Galaxy S3 ou le Galaxy Note 2. Apple reproche à son concurrent d'enfreindre cinq de ses brevets, ce à quoi Samsung a répliqué en accusant à son tour Apple d'infraction sur deux brevets (pour un point complet sur les positions des uns et des autres, lire : Début du nouveau procès opposant Apple à Samsung).

Pour l'occasion, Apple ne craint pas de sortir les gros chiffres. Les avocats du constructeur ont ainsi demandé des dommages compris entre 33 $ et 40 $ par terminal Samsung enfreignant les cinq brevets en jeu, vendus après le mois d'août 2011, soit 37 millions d'appareils. Cela représente au total une somme de 2 milliards de dollars. Cette amende est motivée par le fait que Samsung a pris le chemin le plus court vers le succès : en copiant tout simplement Apple, alors que l'entreprise avait misé une grande partie de son avenir sur l'iPhone.

De son côté, Samsung ne réclame que 6,9 millions de dollars de dommages et intérêts pour l'infraction à ses deux brevets. Si jamais le jury donnait raison à Samsung, ce dernier pourrait demander à la justice d'interdire les ventes des produits Apple incriminés (iPhone 4/4S/5, iPad 2/3/4, iPad mini, iPod touch 4G/5G).

Un jury impartial

Le procès entre Apple et Samsung s'est ouvert sur la présentation par les deux parties de leurs arguments principaux. 90 minutes ont été octroyées pour chaque représentant, qui ont donné au jury une première idée des débats. Les huit jurés finalement choisis sont de tous horizons, et bien évidemment aucun n'est lié de près ou de loin à Apple ou à Samsung. Un d'entre eux est par exemple un ancien dirigeant du groupe logiciel d'IBM, un autre est officier de police, un autre un enseignant à la retraite… Dans le lot, il y en a même un qui n'a jamais entendu parler de l'iPad, et un autre qui ne possède tout simplement pas de téléphone portable.

Il leur faudra du courage et de la patience : le procès va durer un mois, durant lequel les avocats de chaque partie auront 25 heures pour défendre les causes de leurs clients. La décision est attendue le 29 ou le 30 avril, selon la délibération des jurés.

Apple se bat contre Samsung, pas contre Google

Harold McElhinny, avocat d'Apple, a lancé l'offensive. Pour lui, le constructeur aurait pu présenter devant la justice bien plus de brevets : « Samsung a copié tellement de fonctions, mais il y a des limites dans ce que nous pouvons [produire] durant un procès (…) Nous ne pouvons essayer 50 brevets ». Pourquoi s'attaquer à Samsung, alors que c'est Google qui produit et développe Android, le système d'exploitation qui finalement, enfreint les brevets d'Apple ? « C'est Samsung, et non Google, qui vend ces téléphones », assure McElhinny, qui poursuit à l'adresse du jury : « C'est Samsung qui fabrique ces choses, et qui est en infraction ».

La stratégie d'Apple est similaire à celle qui a mené vers la victoire en 2012 : en 2007, l'iPhone a révolutionné l'industrie de la téléphonie et a représenté un pari audacieux pour l'entreprise. Samsung a été « forcé » de copier les fonctions, ou de risquer de traîner la patte dans un marché à forte croissance. Afin de donner plus de poids à sa démonstration, et prouver à quel point l'iPhone avait soulevé l'enthousiasme, McElhinny a fait jouer au jury la vidéo de lancement de l'iPhone par Steve Jobs sur la scène du Moscone Center, en janvier 2007.

Samsung, ne possédant pas d'appareil ni de technologies capables de rivaliser avec l'iPhone, a choisi « d'utiliser nos inventions parce qu'ils pensaient que ces inventions étaient fondamentales pour trouver le succès ».

Phil Schiller rendu « fou » par la pub de Samsung

La campagne de pub « Next Big Thing » aurait rendu Phil Schiller complètement fou, assure John Quin, l'avocat représentant Samsung. Il a annoncé devant le jury que durant le procès, il présentera à la cour des documents internes prouvant que les publicités moquant les fans d'Apple dans les files d'attente avaient eu le don de rendre fou le patron du marketing d'Apple. Il a estimé dans un courriel à son équipe qu'il allait falloir beaucoup travailler pour renverser la vapeur - une anecdote relevée par un article du Wall Street Journal en janvier 2013 au titre révélateur : « Est-ce qu'Apple a abandonné à Samsung son facteur cool ? ».

L'avocat de Samsung avance également que Phil Schiller, décidément piqué au vif par cette affaire, aurait demandé à Tim Cook de changer d'agence de pub (en l'occurrence TBWACHIATDAY), ce qui aurait provoqué une discussion au conseil d'administration d'Apple. Cette campagne, malgré un humour plutôt pataud, a particulièrement bien fonctionné pour Samsung (lire : Les publicités moquant Apple ont « marqué un tournant » pour Samsung) - un avis partagé par Ken Segall, le publicitaire qui a travaillé avec Steve Jobs durant des années.

Phil Schiller ressert son témoignage

Phil Schiller a été le premier témoin entendu durant ce procès. Le vice-président du marketing d'Apple a resservi à peu de choses près le même témoignage qu'en 2012 - mais cette fois en costume-cravate. Il a rappelé les étapes du développement de l'iPhone, qui était en fait un dérivé d'un projet de tablette.

Il a martelé le fait que l'iPhone était un pari pour l'entreprise. Schiller a été « choqué » de voir un smartphone Galaxy un an après le lancement de l'iPhone, qui s'inspirait visiblement du travail d'Apple. Il a senti que la copie de Samsung avait abaissé la réputation d'Apple en tant qu'entreprise innovante.

Interrogé par la défense, Phil Schiller a admis qu'il n'a pas été complètement mis au courant de tous les brevets impliqués dans la poursuite, et qu'il n'était pas non plus réellement qualifié pour dire que Samsung avait copié tel ou tel brevet spécifique. Le VP reviendra aujourd'hui en cour terminer son témoignage.

Samsung implique Google

Une ombre plane sur ce procès : celle de Google. John Quin, l'avocat de Samsung, a brandi un Galaxy Nexus (un des smartphones qui enfreindrait les cinq brevets d'Apple) en s'exclamant que les fonctions mises en accusation « ont été développées de manière indépendante par quelques-uns des cerveaux les plus sophistiqués de l'industrie » - non, il ne parle pas de Samsung ici, mais bien de Google ! Le Galaxy Nexus a en effet été développé par le moteur de recherche, et produit par Samsung. De fait, il n'embarque pas la surcouche TouchWiz, mais la version « stock » d'Android.

La défense de Samsung espère que cet argument instillera le doute chez les jurés, qui estimeront que le constructeur coréen n'est pas un copieur… et que, peut-être, Apple se trompe de cible. Assez logiquement, Quin s'est également attaché à démontrer les différences entre les terminaux de son client et ceux d'Apple. Les Galaxy Nexus et Galaxy Note incluent ainsi des écrans plus grands, des batteries que l'on peut remplacer, « de meilleures performances, et des stylets, toutes choses qui distinguent les produits Samsung » de la concurrence.

D'après l'avocat, les consommateurs ne choisissent pas un smartphone selon la manière dont le système d'exploitation corrige la frappe, affiche un écran de verrouillage ou synchronise les données en tâche de fond - ce sont là quelques-uns des brevets qu'Apple utilise pour tenter de confondre Samsung. Pour finir, Quin assène qu'à travers ce procès, Apple cherche à obtenir par la justice ce qu'il a perdu en terme de parts de marché.

Samsung appelle Steve Jobs à la rescousse

Samsung a produit une correspondance de Steve Jobs qui, en octobre 2010, prévenait ses équipes qu'Apple faisait face à un « dilemme d'innovateur » face à la menace d'Android et de Google. Le fondateur d'Apple promettait alors une « Guerre sainte » contre les smartphones fonctionnant sous Android. Samsung se sert de ces courriels comme d'une preuve qu'Apple lance une « attaque contre Android » - d'ailleurs, la réunion « Top 100 » (qui regroupe les cent personnalités les plus importantes d'Apple, lire : Le "non" de Steve Jobs à une TV Apple) de 2011 a tourné majoritairement autour de cette fameuse guerre contre Google.

Dans ces e-mails, Steve Jobs écrivait également qu'Apple devait « rattraper Android » pour certaines fonctions, comme les notifications, la connexion avec d'autres périphériques, la reconnaissance vocale (Apple a lancé Siri en 2011), ainsi que l'intégration avec les services dans le nuage.

avatar Tnt1701 | 

oh oh oh la campagne de pub samsung aurait rendu fou Phil Schiller, un argument de poids pour le jury mort de rire... ils n'ont tellement aucun argument pour se défendre (à part rejeter la faute sur Google et sortir les mails d'un mort), qu'ils en viennent à discuter des rumeurs qui n'ont rien à voir avec l'affaire... c'est mal barré pour eux lol... j'espère qu'ils vont devoir payer un autre milliard de dédommagement + un autre comme bonus !

avatar 8enoit | 

Moi je choisis mon téléphone pour sa facilité d'usage au quotidien, ce qui inclut la facilité de la frappe, la correction. Le clavier est un élément essentiel.

D'ailleurs en ce moment j'ai un téléphone dit "smart" au clavier exécrable. Marque: Samsung.
C'est mon premier et dernier Samsung.

avatar Ast2001 | 

Je trouve le clavier Apple infiniment inférieur au clavier standard Android pour deux raisons:

a) pas de swype
b) pas de passage en majuscules / minuscules des lettres en fonction du contexte. Il y a juste la touche Maj qui passe en gris.

avatar phantoom | 

@8enoit

"D'ailleurs en ce moment j'ai un téléphone dit "smart" au clavier exécrable. Marque: Samsung."

Si c'est effectivement le cas (ce dont je doute puisque tu envo ton message depuis un Iphone...), arrête de penser comme IOS et change le clavier...

Parce que sur Android c'est possible. Et en l’occurrence on dispose du meilleur clavier toute plateforme confondus :

j'ai nommé SWIFTKEY

https://play.google.com/store/apps/details?id=com.touchtype.swiftkey&hl=fr

avatar melaure | 

Apple devrait peut-être souffler au juge que Samsung n'a pas que des histoires avec Apple … A voir si c'est bien une tradition de la boite …

Enfin perso je boycotte les produits coréen purement et simplement … Japan Inside !

avatar 8enoit | 

@phantoom :
J'écris depuis un iPod touch sous iOS 6. Mon tel lui, est bien un Samsung. Je ne tape sur iOS aucune apostrophe, et peu de tirets. Cela se fait tout seul. Je trouve la correction très efficace.

Sur mon Samsung, quand je tape dans le champ de recherche de contacts pour téléphoner, la correction orthographique me fait des suggestions de noms communs! Je dois taper le nom en entier et sans erreur pour atteindre mon objectif.
Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de la médiocrité de ce tel.

Mon iPod touch a 3 ans, mon tel 2.

avatar phantoom | 

@8enoit

"Sur mon Samsung, quand je tape dans le champ de recherche de contacts pour téléphoner, la correction orthographique me fait des suggestions de noms communs! Je dois taper le nom en entier et sans erreur pour atteindre mon objectif."

Je veux bien essayer de te croire (je connais mal les Samsung) mais je n'ai pas du tout la même chose sur mon Nexus (pas de correction ortho dans le champ de recherche des contacts. Pourrais tu envoyer une capture d'écran de ton appareil montrant ce que tu dis en action?

avatar mfam | 

Si c'est effectivement le cas (ce dont je doute puisque tu envo ton message depuis un Iphone...), arrête de penser comme IOS et change le clavier...

Parce que sur Android c'est possible. Et en l’occurrence on dispose du meilleur clavier toute plateforme confondus :

j'ai nommé SWIFTKEY

Il y a aussi SWIFTKEY sur iOS il me semble

avatar phantoom | 

@mfam

"Il y a aussi SWIFTKEY sur iOS il me semble"

Non, sur IOS ya une app de prise de notes qui utilise le clavier swiftkey (partiellement en plus)

Il n'y a aucun moyen de remplacer le clavier dans toutes les apps par un autre sur IOS. Cela fait parti des limitations d'IOS.

Sur Android quand tu change de clavier il change le clavier d'origine de l'appareil pour le remplacer par un autre. partout, dans toutes les apps.

avatar mfam | 

@ phantoom c'est vrai, c'est une App à part .... mais j'ai regarde le petit vidéo ça a l'air amusant comme un jeu... je peux comprendre son attrait pour certains

avatar phantoom | 

@mfam

Cest loin d'être un jeu. Sur Android tu peux modifier la forme du clavier (par exemple le rétrécir pour l'utiliser dans un coin de l'écran. Du coup tu peux taper un message à une main, même sur un Note 3.

Et la principale raison de son efficacité, c'est qu'il apprend a connaitre ton style au fur et a mesure que tu l'utilises. Et au final il est capable de prédire le mot suivant avant même que tu ne le tape.

Ce clavier est diabolique, très très loin de toute la concurrence dans le domaine.

avatar p@t72 | 

tu oublies le clavier de bb10

avatar phantoom | 

@p@t72

"tu oublies le clavier de bb10"

Non je ne l'oubli pas. Mais on en a fait tout un flan pour un résultat final moins précis et rapide que la concurrence.

En fait le clavier BB10 se situe au niveau de celui d'IOS en terme de précision et de vitesse.

Swype (clavier Android) est plus rapide et précis, a cause d'une simple chose : le swype justement (tu glisse ton doigt d'une lettre a l'autre, pas besoin de l'enlever de l’écran pour chaque lettre, et quand tu lève le doigt, ça fait un espace.

Enfin Swiftkey est encore au dessus de ça, parce qu'il intègre le swype, mais aussi la prédiction de mot (il devine ce que tu vas tapper ensuite et te propose directement les mot sans même avoir mis une lettre) - Simplement parce qu'il aprend au fur et a mesure que tu l'utilises (plus tu t'en sert et plus il est efficace)

En fait je comprend même pas pourquoi APPLE / GOOGLE / ou autre n'as pas déjà racheté cette société.

avatar fosterj | 

Apple me,donne la nausée. Ils n'ont pas assez de cash ? C ridicule .. Tu veux changer le monde ou tu veux te battre pour quelques milliards de plus ?

J'adore Apple a la base mais cette boîte me devient vraiment très antipathique .. Tout mon écosystème est Apple mais ce que je souhaite le plus au monde c que d'autres acteurs fassent aussi bien voir mieux .. Pour que vraiment oui on change le monde.

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