Le modèle musical d'Apple en question
Apple, sauveur de la musique ? Pour l'intéressé, cela ne fait aucun doute. Mais au Midem, le grand salon international du disque qui s'est tenu cette semaine à Cannes, la question méritait d'être posée. Après une année 2005 qui avait fait croire au désamorçage de la crise du disque, 2006 est venue rappeler à l'industrie que la partie était loin d'être gagnée. En France, les ventes de musiques ont encore chuté de plus de 10%, à 862 millions d'euros. Une baisse que les 43,5 millions d'euros de la musique numérique (+42%) ne suffisent pas à compenser. D'autant qu'il s'agit pour près des deux tiers de téléchargements sur mobiles.
Pourtant, certains veulent encore y croire. "La musique en ligne va enfin décoller", avançait jeudi Frank Leprou, patron de Fnac.com. Sa trouvaille, qu'il partage avec Virgin, c'est de vendre de la musique sans protection, lisible sur n'importe quel baladeur, et notamment l'iPod : 150.000 titres pour l'un, 200.000 pour l'autre, issus du catalogue des indépendants. MySpace y croit aussi aussi. Le site de socialisation permettra prochainement aux indépendants de vendre leurs musiques sur ses pages, en MP3 non protégé. Pour cela, son partenaire Snocap a signé cette semaine un accord de distribution avec Merlin, un groupement de maisons de disques indépendantes qui veulent s'ériger en "cinquième major". L'américain eMusic, devenu numéro deux de la musique en ligne derrière iTunes en misant sur les indépendants, fait des émules.
Ces initiatives ont été au cœur des discussions durant le Midem. S'engouffrant dans la brèche, les associations de consommateurs sont reparties à la charge contre les protections sur la musique, symbolisées par iPod et iTunes. "En imposant des conditions anormales d'usage, les DRM détruisent la valeur de la musique en ligne", a martelé l'UFC Que Choisir, qui s'est félicité du "changement de cap" de la Fnac et de Virgin, et a de nouveau appelé à une ouverture de tous les catalogues. Avec ses homologues allemands, néerlandais, norvégiens et finlandais, elle demande aussi à Apple "de mettre en oeuvre avant la fin septembre 2007, l'interopérabilité pour permettre au consommateur de choisir librement ses matériels de lecture destinés à lire les fichiers achetés en ligne".
Entre concurrence et consommateurs, Apple est pris en tenaille. Mais du côté de Cupertino, on fait la sourde oreille. Portées par le succès de l'iPod, les ventes d'iTunes sont au beau fixe. Le cap des deux milliards de chansons vendues vient d'être franchi et la musique pèse pour plus de la moitié des résultats de la société. La vente des chansons sans protection sur la Fnac et Virgin ? C’est une "stratégie de la dernière chance", expliquait quelque peu hautain Pascal Cagni, responsable d'Apple en Europe. À l'inverse, en gardant ses protections, Apple protège l'industrie du piratage. Pas question de changer ses plans, d'ouvrir Fairplay à d'autres constructeurs ou fournisseurs. Le modèle d'Apple a fait ses preuves.
Dans cette bataille, la position des majors est cruciale. Elles qui ont imposé les DRM à Apple et aux autres disquaires en ligne pourraient revoir leurs plans, alors que la musique légale ne représente encore qu'environ 5% de la musique téléchargée. Toutes les quatre annoncent qu'elles suivront l'évolution des ventes de la Fnac et de Virgin et que leur position n'est pas figée. EMI et Sony BMG ont essayé la distribution sans verrou, mais au coup par coup. Au moins, l'une d'entre elles (EMI ?) pourrait changer de position dans les tout prochains mois. Mais elles pourraient préférer d'autres solutions, comme la distribution gratuite de musique financée par la publicité. Dans l'un ou l'autre cas, si la musique s'ouvre ou devient gratuite, quel pourrait être l'avenir du modèle d'Apple ?
Pourtant, certains veulent encore y croire. "La musique en ligne va enfin décoller", avançait jeudi Frank Leprou, patron de Fnac.com. Sa trouvaille, qu'il partage avec Virgin, c'est de vendre de la musique sans protection, lisible sur n'importe quel baladeur, et notamment l'iPod : 150.000 titres pour l'un, 200.000 pour l'autre, issus du catalogue des indépendants. MySpace y croit aussi aussi. Le site de socialisation permettra prochainement aux indépendants de vendre leurs musiques sur ses pages, en MP3 non protégé. Pour cela, son partenaire Snocap a signé cette semaine un accord de distribution avec Merlin, un groupement de maisons de disques indépendantes qui veulent s'ériger en "cinquième major". L'américain eMusic, devenu numéro deux de la musique en ligne derrière iTunes en misant sur les indépendants, fait des émules.
Ces initiatives ont été au cœur des discussions durant le Midem. S'engouffrant dans la brèche, les associations de consommateurs sont reparties à la charge contre les protections sur la musique, symbolisées par iPod et iTunes. "En imposant des conditions anormales d'usage, les DRM détruisent la valeur de la musique en ligne", a martelé l'UFC Que Choisir, qui s'est félicité du "changement de cap" de la Fnac et de Virgin, et a de nouveau appelé à une ouverture de tous les catalogues. Avec ses homologues allemands, néerlandais, norvégiens et finlandais, elle demande aussi à Apple "de mettre en oeuvre avant la fin septembre 2007, l'interopérabilité pour permettre au consommateur de choisir librement ses matériels de lecture destinés à lire les fichiers achetés en ligne".
Entre concurrence et consommateurs, Apple est pris en tenaille. Mais du côté de Cupertino, on fait la sourde oreille. Portées par le succès de l'iPod, les ventes d'iTunes sont au beau fixe. Le cap des deux milliards de chansons vendues vient d'être franchi et la musique pèse pour plus de la moitié des résultats de la société. La vente des chansons sans protection sur la Fnac et Virgin ? C’est une "stratégie de la dernière chance", expliquait quelque peu hautain Pascal Cagni, responsable d'Apple en Europe. À l'inverse, en gardant ses protections, Apple protège l'industrie du piratage. Pas question de changer ses plans, d'ouvrir Fairplay à d'autres constructeurs ou fournisseurs. Le modèle d'Apple a fait ses preuves.
Dans cette bataille, la position des majors est cruciale. Elles qui ont imposé les DRM à Apple et aux autres disquaires en ligne pourraient revoir leurs plans, alors que la musique légale ne représente encore qu'environ 5% de la musique téléchargée. Toutes les quatre annoncent qu'elles suivront l'évolution des ventes de la Fnac et de Virgin et que leur position n'est pas figée. EMI et Sony BMG ont essayé la distribution sans verrou, mais au coup par coup. Au moins, l'une d'entre elles (EMI ?) pourrait changer de position dans les tout prochains mois. Mais elles pourraient préférer d'autres solutions, comme la distribution gratuite de musique financée par la publicité. Dans l'un ou l'autre cas, si la musique s'ouvre ou devient gratuite, quel pourrait être l'avenir du modèle d'Apple ?