Interview adnX

Christophe Laporte |
Derrière adnX se cache une multitude de services et de produits comme appMac, macpassion ou encore macsupervision. Cette société lyonnaise, fondée par deux frères, David et Patrice Calligaris, ne compte pourtant que sept employés. Puisque leurs produits s'adressent en particulier au monde de l'entreprise, nous avons été leur demander ce qu'ils pensent de la stratégie entreprise d'Apple.


- MacGeneration : Comment êtes-vous arrivés dans le monde Mac ?


- DC : Notre arrivée dans le monde Mac est liée à nos formations. Pour moi, c'est la découverte du premier Macintosh au sein du club informatique de la Martinière (Lyon). Une vraie révélation du pouvoir de l'ordinateur sur l'image avec à l'époque Illustrator 1.0 et SuperPaint !


Pour moi, fan de programmation, le Mac a été la suite logique après ma passion de l'Atari ST et du Commodore 64. J'ai découvert le Mac grâce à David, puis je l'ai utilisé lors de ma première embauche au sein du groupe Comareg (réalisation de journaux gratuits).


- Qu'est-ce qui vous a poussé à créer ADNX ?


- DC : En priorité, une grande dose de confiance en l'avenir de la firme Apple et de ses produits (il faut savoir oser quand on crée une société, mais aussi bâtir son devenir sur des bases crédibles).


Ce qui est crédible chez Apple : les nouvelles fondations (matériels, système et iApps) et surtout une stratégie globale à nos yeux et sur laquelle Apple se tient : séduction du grand public, confirmation du secteur des TPE/PME avec pour ambition de revenir chez les grands comptes.



Pour accompagner cela, il faut beaucoup de logiciels, de la compatibilité hardware (modem, imprimantes, webcam etc.) et c'est ce qui manque à la plateforme pour s'imposer.


adnX est donc le résultat de cette analyse : créer une équipe d'ingénieurs spécialistes du Mac, pour résoudre les problèmes des éditeurs et constructeurs, à la fois pour Mac OS Classic et Mac OS X (démarche pérenne de leurs investissements).


- PC : Je rajouterais que c'est à l'époque du retour de Steve Jobs qu'est née l'idée de fonder adnX. Nous avions une grande expérience de la plateforme NeXTStep (rachetée par Apple) et nous savions que ces technologies n'avaient pas d'équivalent sur le marché. Et que forcément, Apple allait tout faire pour en tirer partie.


De nombreuses personnes ne se rendent pas compte que Mac OS X, ce n'est rien d'autre que NeXTStep avec une interface Mac et quelques fonctions en plus. Un système d'exploitation orienté objet, avec des fondations fantastiques pour l'avenir. C'était une motivation de plus pour nous. Time to Market, comme on dit dans le jargon des créateurs d'entreprises.


Justement, selon vous, est-ce qu'Apple met suffisamment en avant les technologies issues du NeXT comme WebObjects ?


- PC : Très bonne question ! Apple masque le passé de NeXT sans doute pour ne pas faire peur aux utilisateurs de Mac. Apple fait tout pour laisser penser que Mac OS X n'est qu'une suite logique de Mac OS. Hors, les deux systèmes sont radicalement différents. Apple n'a pas de raison d'avoir 'honte' de son histoire. Mac OS X, c'est la suite de NeXStep et Apple ne le dit pas clairement. Les professionnels, les scientifiques connaissaient la puissance et l'élégance de ce système. C'est dommage de ne pas communiquer sur ce passé. Un produit comme WebObjects est effectivement masqué chez Apple alors que ses fondations sont toujours fantastiques, encore plus depuis que le produit est 100% Java.


Nous ne faisons pas de développement WebObjects car nos clients ne connaissent pas le produit et pour eux, c'est un nom inconnu. Apple pourrait communiquer aussi massivement qu'IBM que le fait pour Websphere (produit concurrent) car les deux sont très proches au niveau possibilités même si l'architecture est différente. Apple a toujours le même problème depuis son début : un manque de communication sur ses vraies forces !


- Comment jugez-vous la politique d'Apple vis-à-vis du monde de l'entreprise ?


- DC : Elle est discrète, mais bien présente. Apple se concentre sur les secteurs sur lesquels la firme a aujourd'hui légitiment sa place (éducation, vidéo, graphisme, santé, etc.). J'aime assez l'image « du lièvre et de la tortue » qui colle bien à ce que fait Apple. Il faut laisser du temps à Apple avant de pouvoir communiquer de façon importante, car Mac OS X est encore très jeune. Nous sommes dans une étape de migration qui doit arriver à son terme fin 2003.


- PC : Personnellement, je suis plus nuancé. Je pense qu'Apple ne communique pas assez sur le secteur professionnel. La qualité des solutions permet aujourd'hui de pouvoir installer un Mac serveur dans toutes les entreprises équipées de postes clients sous Windows. C'est un marché considérable ! Apple devrait mieux faire connaître son offre en communiquant massivement dans les magazines Windows.


- Estimez-vous vraiment que la montée en puissance de Mac OS X a changé concrètement la donne dans le monde de l'entreprise ?


- DC : Bien sur, c'est une évidence, mais encore mal connue. Mac OS X est très bien perçu, comme le signe d'un avenir riche et performant. Riche par le nombre d'applications qui vont bénéficier de ses solides fondations, et performant par son coeur qui est à base d'Unix. Nous pensons que le Mac n'est plus perçu comme une architecture propriétaire et c'est cela qui donne une nouvelle image à Apple.


- PC : La majorité de nos clients ne sourient plus quand on évoque le nom d'Apple. Il ya quelques années encore, ce nom faisait rire les responsables informatiques tant la solution Apple était jugée peu sérieuse. Aujourd'hui, Il y a une vrai écoute, un vrai intérêt pour les solutions Mac.


Le plus étonnant pour nous, c'est d'avoir vu de nombreux clients équipés de PC Windows s'acheter un Mac pour se faire plaisir ! Et cela, c'est grâce à Mac OS X. Nous avons même des clients qui envisagent de changer leur parc bureautique avec des eMac ou même des iMac LCD.


- Quel a été l'accueil réservé à vos produits disponibles uniquement pour Mac OS X ?


- DC : Pour préciser à vos lecteurs, adnX s'adresse aux constructeurs et éditeurs, en assurant le portage de leurs logiciels et drivers Windows sur Mac. Nous avons créé l'enseigne commerciale appMac pour proposer aux entreprises nos propres solutions logcielles, afin d'accompagner le développement du marché Mac et de répondre aux attentes pour des solutions Mac sur le marché small business.


Depuis la mi-2002, nous avons décidé que certains logiciels ne seraient compatibles qu'avec Mac OS X. Cette décision fait clairement un pari sur l'avenir, mais permet à nos logiciels d'avoir des qualités et une stabilité sans équivalent. Les ventes pour un usage sous Mac OS X sont en progression constante.


- PC : Nos formulaires pour le téléchargement de nos logiciels sont également assez précieux pour mesurer l'audience de Mac OS X. En moyenne, 60 % des téléchargements sont réalisés par des utilisateurs de Mac OS X. Je confirme que nos produits sont beaucoup plus stables et performants avec Mac OS X en raison de l'architecture du système. Il peuvent bénéficier de fonctions innovantes comme la synchronisation automatique avec le carnet d'adresses pour notre logiciel de gestion de contacts bManager, orienté CRM.


- Quels sont vos grands espoirs pour 2003 ?


- DC : Nous avons plein d'idées à développer, mais comme Apple, nous pensons qu'il faut savoir "prendre son temps » afin de jouer un rôle de plus en plus important dans le futur. Ce que je souhaite surtout, c'est que les technologies les plus ambitieuses chez Apple sortent enfin aux yeux de tous (NetBoot, Rendezvous, Xserve Raid, etc) pour que l'offre d'Apple soit connue dans son ensemble. Nous pensons que l'année 2003 sera la grande année de Mac OS X. Nous espérons également que l'enseigne AppMac soit reconnu comme un éditeur majeur sur le secteur du sMall bussiness.


Nous avons de grandes ambitions et la volonté de faire des logiciels "vraiment Mac", simples et puissants.


- Quelle est à l'heure actuelle la technologie d'Apple qui vous impressionne le plus ?


- PC : Cocoa, le frameworks de développement d'applications pour Mac OS X est une vraie mine d'or. Bien sur, on peut lire différents avis sur le sujet, des critiques (et elles existent) mais les fondations sont globalement très prometteuses. Cet héritage de NeXT est une philosophie objet qui permet de réduire les temps de développement de façon importante.


Peu de développeurs savent maîtriser cet environnement de développement, car la culture Mac était différente avant Mac OS X. Mais c'est un vrai plaisir de voir nos ingénieurs se familiariser petit à petit avec cette technologie et de réaliser semaine après semaine des véritables exploits.


Nous lançons par exemple en fin de mois, notre propre navigateur web basé sur le moteur HTML de Netscape. Sans Cocoa, nous n'aurions jamais pu atteindre cet objectif dans des délais aussi courts. D'ailleurs, ne l'oublions pas, le Web est né sur un ordinateur NeXT !
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