Google commence à accélérer le web mobile

Nicolas Furno |

Lancé à l’automne dernier par Google, le projet AMP (pour Accelerated Mobile Pages) est désormais actif sur certains résultats de recherche. Rappelons qu’il s’agit de versions épurées et allégées des articles publiés sur internet, mises en cache sur les serveurs de Google et proposées aux utilisateurs mobiles pour un chargement plus rapide des articles en question.

C’est à l’occasion de son passage à Paris, mercredi 24 février, que Sundar Pichai a annoncé le lancement public d’AMP. Le patron de Google a rappelé les objectifs du projet et annoncé au passage de nouveaux partenariats en France. En plus du quotidien Les Échos qui était déjà partenaire à l’origine, TF1 et RTL y participeront, ainsi que 20 Minutes et Ouest France. Au total, le moteur de recherche a signé des accords avec des centaines d’éditeurs, mais tous les blogs WordPress vont aussi en bénéficier.

Tous les articles fournis par WordPress.com sont d’ores et déjà compatibles avec AMP et pour les blogs et sites hébergés ailleurs, une extension officielle est également proposée. Dans les deux cas, on peut afficher la version optimisée en ajoutant /amp à la fin de l’URL, mais Google devrait sélectionner automatiquement la « bonne » version en fonction de la situation en cours. De quoi améliorer la navigation mobile et surtout l’accélérer, en retirant la majorité des scripts JavaScript et en chargeant en priorité le début du contenu.

Pourquoi adopter AMP ? Comme Facebook et ses Instant Articles, un projet directement concurrent, Google promet une bien meilleure visibilité, avec un carrousel qui présente les articles en tête des résultats de recherche. Le chargement doit être aussi immédiat et on pourra passer facilement d’un article à l’autre, avec des mouvements latéraux. Ajoutons que, si les versions AMP sont optimisées et allégées, elles peuvent toujours contenir de la publicité.

Néanmoins, Google contrôle très étroitement ce qui peut être intégré à un article AMP, ce qui pose problème. Toutes les régies publicitaires ne peuvent pas s’y retrouver et au départ, on ne pouvait pas utiliser de vidéos Dailymotion, alors que celles de YouTube étaient prises en charge depuis le départ. Depuis la présentation du projet, le nombre de partenaires a été toutefois enrichi et on peut noter que le spécialiste de la recherche n’interdit pas ses concurrents. Côté statistiques par exemple, des grands noms comme Adobe, comScore ou Quantcast sont disponibles et pas seulement Google Analytics.

Par défaut, les versions AMP (ici à droite) sont nettement plus dépouillées et elles se ressemblent toutes. On peut toutefois modifier cet aspect selon ses besoins : pour l’extension WordPress, les instructions sont disponibles à cette adresse.
Par défaut, les versions AMP (ici à droite) sont nettement plus dépouillées et elles se ressemblent toutes. On peut toutefois modifier cet aspect selon ses besoins : pour l’extension WordPress, les instructions sont disponibles à cette adresse.

Conscient sans doute de ces problématiques, Google essaie toutefois de s’effacer derrière sa solution, qui a été conçue en partenariat avec les créateurs de contenus et surtout qui se veut libre et ouverte. Le code source est proposé sur GitHub et n’importe qui peut le modifier, voire le forker pour créer un dérivé. Mais est-ce que le géant de la recherche mettra en avant les résultats d’un AMP différent ? Pas si sûr…

Project Shield : protéger l'information contre les DDoS

Autre nouveauté Google qui intéressera les publications en ligne : le Project Shield est désormais ouvert à tous les sites d’actualité. Derrière ce nom très impressionnant, une protection contre les attaques DDoS assurée par la multitude de serveurs gérés par Google. Ce concurrent de CloudFlare et d’autres services similaires est totalement gratuit et il est désormais ouvert à (presque) tous les sites.

Les critères de sélection ne sont pas très clairs, mais en gros, tous les journalistes et tous ceux qui évoquent l’actualité peuvent prétendre à la protection apportée par Google. Les sites qui participent à Google News seront automatiquement acceptés. Si ce n’est pas votre cas, mais que vous pensez être concerné, remplissez le formulaire en bas de cette page et votre demande sera validée manuellement. Si vous êtes accepté, il faudra modifier les DNS associés à votre nom de domaine pour qu’ils transitent d’abord par les serveurs de Google, c’est le seul moyen d’assurer une protection vraiment efficace.

L’entreprise assure toutefois qu’elle ne collectera pas de données à des fins publicitaires. D’ailleurs, le Project Shield n’est pas assuré directement par Google, mais par Jigsaw, l’une des filiales d’Alphabet dont l’objectif est de trouver des réponses aux plus gros problèmes géopolitiques grâce à la technologie. S’assurer que tous les sites d’actualité restent disponibles, même en cas d’attaque DDoS, entre donc dans cet objectif. Apparemment, la maison-mère ne souhaite pas rentabiliser cette branche plus idéaliste.

avatar JegnuX | 

Mon avis est mitigé.*

* Ce commentaire est uniquement là pour faire plaisir à l'auteur de l'article qui, déçu du manque de réaction, se plaint sur Twitter. Paix à lui.

avatar Jetel | 

Passionnant.

avatar Jetel | 

Epatamment subjuguant. (*après relecture ; mais toujours passionnant)

avatar tekikou | 

Fantasmagorique.

avatar Mickaël Bazoge | 
Fantabuleux.
avatar xDave | 

Pourquoi est-ce que ce truc me gêne quelque part?
En gros ça signifie que :
- On ira pas sur le site directement (mais on consulte via Google), donc visites en baisse
- L'effort des webdesigners sera réduit à néant avec une version dégradée
- La régie Google qui passe en priorité mais quid des autres
- Les DNS via Google
- ...
ça va finir par faire un web Facebook et un web Google?

avatar patrick86 | 

@xDave

Ça sent le Minitel quoi. :-)

Perso, je préfère Internet.

avatar Nicolas Furno | 

@ xDave : point par point :

- Non, on peut installer un traqueur parmi ceux qui sont acceptés ;
- Non plus, tant qu'on utilise du CSS, on peut faire ce que l'on veut ;
- Ça, c'est moins sûr, mais a priori Google veut jouer la carte de la transparence… il faudra voir à l'usage en effet ;
- Non, la version AMP reste sur votre serveur, avec vos DNS, mais effectivement il y a le cache de Google, peut-être en fonction de la localisation du serveur et du visiteur ? C'est pas clair non plus…

Dans un cas, comme dans l'autre, il faut toujours un web ouvert, un site hébergé par vos soins. Google et Facebook affichent simplement une version différente à partir du contenu original.

Au fond, c'est un peu comme un flux RSS, mais avec des specs différentes.

avatar xDave | 

J'entends bien Nicolas mais...

- Non, on peut installer un traqueur parmi ceux qui sont acceptés ;
Voilà voilà CEUX qui sont acceptés par Google.
Un traqueur de quoi? Que la personne a lu l'article? et alors? elle n'ira pas sur le site voir le reste du site.

- Non plus, tant qu'on utilise du CSS, on peut faire ce que l'on veut ;

On utilise évidemment les CSS mais il y a des CSS qui sont aussi poussés à la volée via JS. Et qui dit que Mr Google va vouloir passer certains CSS qu'il considère inutiles? Que telle image n'est pas "Utile"?
J'ai une application (News Republic) qui fait ce genre d'agrégation de contenu, et bien souvent on ne comprend rien à l'article parce qu'il en manque des bouts, que la moitié des images ne chargent pas, que la mise en page est inexistante, etc… etc…

Déjà que la plupart des gens ne prend pas la peine de taper une URL, passe par Google pour accéder à une information, sur la première page et en préférence celle qui a une bannière de pub bien visible.
Testé et vu, même si le site est le premier lien en référencement naturel, si il y a une bannière au dessus du même site (AdWords) l'internaute clique sur la bannière, sans se dire que ça va coûter une coucougnette au dit site.
Ce truc ne bénéficie qu'à Google.

Dans pas bien longtemps les sites qui passent par ce biais vont pleurer qu'ils n'ont plus de visiteurs, plus personne qui ne commentera les articles, qui naviguera d'une article à l'autre pour découvrir d'autres contenus dans le site.

Pour le point du DNS, l'article dit pourtant qu'on doit utiliser les DNS de Google (donc passer de Gandhi, OVH ou autre à Google), ou je n'ai pas bien saisi.

Optimiser le web mobile, ça serait déjà cesser de nous faire avaler des vidéos en autoload pour des pubs, ça c'est insupportable! surtout quand en plus on a du son!

avatar rideaudedouche | 

C'est aux sites de s'adapter. Quand on demande une information à un assistant vocal comme Siri ou l'appli Google, c'est un algorithme qui ira fouiller sur différent sites pour en tirer une information et rendre la navigation plus rapide et agréable pour l'utilisateur. Alors ces sites devront s'adapter et innover à leur tour pour survivre, comme toute autre société.

avatar iDanny | 

Et vous allez vous y mettre, à MacG ? :)

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