Les Instant Articles de Facebook se généralisent sans convaincre

Nicolas Furno |

Facebook propose depuis cet automne d’héberger des articles sur ses serveurs. Cette fonction, nommée Instant Articles, doit permettre d’augmenter le nombre de lecteurs grâce à une vitesse de chargement si réduite que l’affichage est quasiment instantané, et grâce à quelques fonctions supplémentaires. Jusque-là, elle était réservée à iOS et à une poignée de médias partenaires, mais le réseau social commence à l’étendre et annonce deux nouveautés.

D’une part, les Instant Articles sont aussi disponibles sur Android, via l’application officielle du réseau social. De quoi toucher beaucoup plus de monde qu’avant… et de convaincre plus d’éditeurs aussi. Facebook annonce aussi avoir signé un accord avec plus de 350 sites et éditeurs de presse, un petit peu partout dans le monde. Voici la liste pour la France :

20 Minutes France, Demotivateur, Groupe Altice Média (L’Express), Groupe Cerise (Ohmymag et Gentside), L’Equipe, Lagardère Active (Paris Match), Le Parisien, Les Echos

Les Instant Articles sont affichés depuis quelques semaines maintenant et on a les premiers retours des éditeurs qui se sont lancés. Pour l’heure, ce n’est pas très positif : le journal Le Parisien, partenaire de Facebook depuis le départ, est ainsi déçu par l’expérience. Certes, les articles sont chargés plus rapidement qu’à partir des serveurs du journal et les lecteurs restent plus longtemps sur chaque article, preuve qu’ils les lisent complètement.

Néanmoins, le réseau social ne transmet pas assez d’informations sur ces lecteurs. Facebook ne fournit en retour que trois éléments : le nombre de vues, le temps passé sur chaque article et le nombre de personnes uniques qui ont affiché un article. Le Parisien en veut plus, probablement pour vendre plus précisément de la publicité.

L’autre problème soulevé par le quotidien, c’est que les Instant Articles ne sont pas assez mis en avant. Seul un petit logo en forme d’éclair distingue les liens standard, des liens hébergés par le réseau social. Les lecteurs ne savent pas forcément ce que cela veut dire. Et puis Facebook avait promis aux éditeurs qui participaient que ces articles instantanés seraient plus mis en avant. Manifestement, ce n’est pas encore le cas et les algorithmes ne favorisent pas ces articles d’un nouveau genre.

L’éclair en haut à droite est le seul élément qui permet de savoir que l’on a affaire à un Instant Article.
L’éclair en haut à droite est le seul élément qui permet de savoir que l’on a affaire à un Instant Article.

Le Parisien n’a pas encore décidé d’abandonner l’expérience, mais c’est une option qui reste ouverte. Le journal veut savoir si Facebook va réagir et répondre à leurs demandes. Peut-être aussi qu’avec l’arrivée de la fonction sur Android, le nombre d’utilisateurs va augmenter de façon significative.

Instant Articles reste une solution fermée pour le moment, mais à terme, tous les sites et blogs devraient y avoir accès.

avatar juju1524 | 

J'espère que cette fonction va s'étendre à plus de partenaires car je trouve cela vraiment pratique.

avatar maxonline | 

Je préférerais que Facebook laisse le choix de rediriger tous les liens externes vers safari sur iPhone, en utilisant web preview par exemple.
Dans safari on a accès à toutes les extensions, cookies etc, très pratique quand on a un abonnement à un journal.

avatar Boumy | 

C'est surtout, je pense, une grande perte pour l'Internet et sa conception de départ.

avatar Sostène Cambrut | 

@Boumy

C'est une idée intéressante qui mériterait d'être développée !

avatar anotherbitethedust | 

"L’autre problème soulevé par le quotidien, c’est que les Instant Articles ne sont pas assez mis en avant"..
Comme si le problème venait de Facebook qui ne mets pas assez en avant les articles de la Presse "voix de son maître".. incroyable de les voir pleurnicher sur le peu d'intérêt que suscite leurs articles.

Le vrai problème de ces quotidiens sont les articles "dilués" et triés avant d'être publiés. Les Français sont fatigués de lire du journalisme orienté, sensationnaliste, ou 'écran de fumée'.

Tous ces quotidiens pleurnichent en disant qu'ils perdent de l'argent parcequ'il y a une baisse des ventes de leur feuilles imputables au développement des news sur Internet. Mais ce n'est pas la vrai raison de la baisse de leurs ventes.. et cet article est bien révélateur car il montre que les gens s'intéresse à d'autres types d'articles mieux renseignés, techniquement, aussi bien que par des faits véritables par des presses locales voire des individus sur place et pas commentés par de l'intellectualisme orienté dont les Français sont fatigués.
Ce serait intéressant de voir les statistiques de visionnage des articles soi-disant "presse" comparées à celles qui sont re-partagées et qui font du buzz.. facebook est certainement une mine d'or pour voir ce genre de stats.
En tout cas ce serait bien que les patrons de presse intègrent bien le fait que la baisse des ventes des quotidiens "à fort tirage" est bien imputable au contenu "passé à la lessiveuse" de leurs articles.

avatar Irandal | 

Et vous MacG vous y passez quand ? :)

avatar Sostène Cambrut | 

"le réseau social ne transmet pas assez d’informations sur ces lecteurs (...) Le Parisien en veut plus, probablement pour vendre plus précisément de la publicité."

Bah justement, les lecteurs ne veulent pas être pistés, pas plus qu'ils veulent voir de la publicité.

Quand on y pense, ce sytème de financement par la publicité est une hérésie d'un bout à l'autre. On paye la pub sur le budget marketing de l'objet, on paye la pub sur la bande passante de notre forfait data, et on repaye la pub en temps passé à se les farcir sur les pages web, la radio, la télé, les pages de magazine... Et le pire c'est qu'il y a vraiment des gens qui croient que la publicité c'est gratuit...

J'attends le moment où on nous proposera un internet sans publicité, et où les sites internet seront rétribués grâce à l'économie de bande passante réalisée par l'opérateur.

avatar Boumy | 

@Sostène Cambrut
C'est gentil, mais si j'ai bien eu cette vision sans l'aide de personne, elle n'en est pas moins commune. L'Internet ou, plus précisément, le World Wide Web est riche de sa diversité. Visuellement, entre autres. Riche aussi de son mode de navigation : le surf. Surfer, quelle belle métaphore, non ?

Sur Facebook, au contraire, tout commence par une dominante d'un bleu qui, personnellement me sature, et par un défilement boulimique. Autre problème avec ses articles encapsulés: la diversité des contenus. C'est Facebook qui la contrôlera (fréquence, sujet, visibilité, etc.). Ça ne me semble pas bon.

Accessoirement (ou pas), j'imagine que, pour un humain, l'effort intellectuel de définir une recherche dans un moteur de recherche est encore un apprentissage pour l'utilisateur, la mise en œuvre de ses capacités d'abstraction et de concision. En revanche, le tout en Push en fonction de nos centres d'intérêt co-déterminés par une machine à plaire... Est-ce différent d'une télé un peu évoluée ?

avatar Sostène Cambrut | 

@Boumy

Je suis parfaitement d'accord ! C'est d'ailleurs pour ça que j'ai dégagé Google et ses liens sponsorisés pour DuckDuckGo. La Longue Traîne c'est important, mais c'est aussi plus difficile d'accès. Il y a un autre moteur de recherche dont j'ai oublié le nom qui vire automatiquement de sa liste les sites qui ont été visionné plus de 100 000 fois (quand il y a une alternative) pour laisser leur chance aux "petits". C'est un concept intéressant je trouve !

avatar Aimstar95C | 

Facebook devient un média pour influencer les plus jeunes s:

avatar Boumy | 

Influencer avec quel objectif ? Pousser à acheter ? Un acteur de soap opera (série TV) m'a dit un jour : ce ne sont pas les pubs qui interrompent les feuilletons, ce sont les feuilletons qui interrompent les pubs pour maintenir le téléspectateur réceptif à leur message !

CONNEXION UTILISATEUR