Apple défend la neutralité du net

Stéphane Moussie |

Jusque là silencieuse sur le sujet de la neutralité du net, Apple vient d’exprimer officiellement son soutien à ce principe garantissant l’égalité de traitement de tous les flux sur le réseau des réseaux.

Les « voies rapides payantes » qui ne sont plus exclues par le gouvernement américain « pourraient créer des barrières d’entrée artificielles pour de nouveaux services en ligne, rendant plus difficile pour les innovations du futur de rencontrer le succès », écrit Cynthia Hogan, Vice President d’Apple responsable de la politique publique, dans une lettre adressée à la Federal Communications Commission.

« Les fournisseurs d’accès à internet ne devraient pas bloquer, brider ou discriminer d’une façon ou d’une autre les sites web et les services légaux », expose Cynthia Hogan. Et d'appeler la FCC à conserver des protections fortes et réglementaires à ce sujet.

Bloomberg fait remarquer que cette défense de la neutralité du net intervient alors que les services prennent une place grandissante dans le chiffre d’affaires d’Apple (7,26 milliards de dollars au dernier trimestre, le segment avec la plus forte croissance) et que l'entreprise voudrait se lancer sérieusement dans la production de contenus vidéos.

avatar Madalvée | 

Apple sera la première à réserver sa place lorsque la discrimination sera mise en œuvre…

avatar C1rc3@0rc | 

@Madalvée

La question qui se pose et celle du choix dans ce contexte.

La premiere chose a rappeler est la definition de la neutralité de l'Internet, et pour cela il faut rappeller le principe de l'Internet.
Internet c'est un protocole de communication, libre et ouvert, qui assure 3 choses importantes:
- une interconnexion de reseaux heterogenes
- une architecture tres resistante aux attaques et catastrophes, meme physiques
- une egalité entre les machines qui y sont reliées (toutes machines peut etre cliente et serveur)

Ces trois piliers assurent que l'information passera toujours entre l’émetteur et ses destinataires, meme si l'ensemble du reseau est detruit/bloque a plus de 80%. Cette architecture garantie aussi que n'importe quelle machine, quelque soit sa puissance ou son proprietaire peut devenir serveur de contenu sans requerir d'autorisation de qui que ce soit. Et finalement, cette architecture est naturellement celle d'un systeme peer to peer (P2P) donc un systeme non hierarchique, non reglementé et non censuré.

Concrètement cela signifie, que ni les etats, ni des organisations commerciales ne peuvent censurer la circulation de l'information dans l'Internet et que meme l'acteur le plus "pauvre" et a egalité, en droit, en face du plus riche et puissant.

Cette architecture pose donc un probleme a qui veut censurer et dominer la diffusion de donnees et de l'information. De fait certains etats et gros acteurs industriels tentent de mettre en place des systemes pour faire tomber ces libertés et fonctionnalités et les remplacer par des systemes asymetriques et hierarchique: systemes centralistes (cloud), lignes de communication a peage, firewall geant,... jusqu'a des tentatives de substituer integralement l'Internet soit derriere des encapsulations hermetiques (comme Facebook et ses protocoles proprietaires qui se posent en face de chaque protocole libre de l'internet), soit avec des reseaux integralement proprietaires...

Dans ce contexte il faut bien analyser et comprendre ce que signifie «Les « voies rapides payantes » qui ne sont plus exclues par le gouvernement américain ».

Si l'Internet garanti que l'information arrivera toujours au destinataire meme si le reseau est endommagé a 80%, cela ne garanti ni la vitesse, ni le debit de l'information. Une donnees expediée peut prendre le chemin le plus rapide ou le plus long et cela est imprevisible. C'est pour cela que l'Internet est totalement inadapté pour les systemes de diffusion de type streaming et autre broadcasting, mais tellement efficace avec les systemes P2P et les principes de telechargement...

On peut donc comprendre que des entreprises qui basent leurs business sur une diffusion de données controlée et avec des clients captifs (on peut remplacer entreprise par etats et client par sujet) souhaitent utiliser des lignes a peages aux caracteristiques opposées aux principe de l'Internet.

La question qui se posera si cela devient une realité sera la quesition du choix pour l'entreprise. Dans un systeme concurrentiel, aucune entreprises ne pourra renoncer a utiliser des lignes a peage, ce serait de mettre en defaut dans un systeme de concurrence deloyale. De plus aucune entreprise ne pourra echapper aux obligations de passer par des lignes controlées par une dictature qui ainsi dispose d'un systeme de censure de l'information.

Donc, dans cette hypothese, Apple fera comme les autres, comme Apple fait comme les autres pour l'optimisation fiscale ou la localisation de la production sur les zones les plus rentables au monde...

Le danger reside donc dans la "proprietairisation" de l'Internet et les déclarations d'intentions contre sont sans consistance.

Si Apple veut réellement lutter contre ce mouvement de censure de l'Internet, ses pouvoirs d'action commencent par favoriser le principe du P2P, le telechargement plutot que le streaming et de l'interoperabilite dans ses outils (en les rendant opensource, comme l’arlésienne qu'est FaceTime...).

avatar françois bayrou | 

"Ces trois piliers assurent que l'information passera toujours entre l’émetteur et ses destinataires, meme si l'ensemble du reseau est detruit/bloque a plus de 80%"

Ca c'est la théorie. Actuellement il suffit de sectionner 3 cables ou de faire tomber quelques DNS pour rendre HS l'ensemble.
Le maghreb est particulièrement vulnérable.

avatar oomu | 

"Actuellement il suffit de sectionner 3 cables ou de faire tomber quelques DNS pour rendre HS l'ensemble."

non.

sauf si par "ensemble" vous voulez dire "particulier", comme par exemple l'Egypte et autre endroit sous-connecté, sous-investi ou fermé dictatorialement. Sinon non, internet est assez résistant et DNS fonctionne correctement mondialement ou dans "l'ensemble".

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En effet on est dans une période de repli sur soi et même en France, il y a quelques velléités de diminuer les points d'interconnexion du réseau pour le pays. (peu réaliste dans notre contexte, heureusement).

Internet n'est pas un travail fini. Qu'importe ses principes et ses qualités passées, il faut continuer à améliorer : + de décentralisation.

avatar françois bayrou | 

Il y a quelques années un cable sectionné en Méditerranée a fortement perturbé les connexions sur toute l'Afrique.

http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/02/28/le-trafic-internet-en-afrique-perturbe-apres-une-rupture-de-cable_1649290_651865.html

Récemment c'est chez nous que les gros fournisseurs de contenu ont été impactés - sur une durée assez courte - à cause de quelques serveurs DNS qui étaient tombés.

http://www.numerama.com/tech/203154-panique-aux-usa-des-dizaines-de-sites-web-inaccessibles-apres-une-attaque-ddos.html

Le réseau est prévu pour être robuste et tolérant aux pannes mais dans les faits, il est facile de le faire tomber.
Il est surtout construit sur le principe que personne, sur le paramétrage de l'infra, ne va faire un acte malveillant mettant à mal l'ensemble. Ce qui devient difficile dès lors qu'il est partagé entre plusieurs pays. On se souvient il y a quelques années que 15% du traffic internet passait par la Chine.

http://www.washingtontimes.com/news/2010/nov/15/internet-traffic-was-routed-via-chinese-servers/

Questions : Comment se protéger contre de faux coûts de routage qu'un malandrin injecterait dans les routeurs d'un pays entier ? Quelles facilités a un gouvernement pour mettre en place cette injection ? Quelles conséquences pour le web dans son ensemble ?

avatar C1rc3@0rc | 

@ françois bayrou

Ce que tu ne comprends pas c'est la notion de robustesse de reseau.
Le principe que l'information arrive meme si 80% du reseau est endommagé ne veut pas dire que cela n'a pas d'impact sur la performance, cela veut dire que l'information finira par atteindre le recepteur. De plus l'internet est planetaire, illimité et un dysfonctionnement local n'existe pas, tout y est global.

Apres on peut evoquer des pays qui sont sous equipés et dont les principales lignes sont sous controle gouvernemental, avec des gouvernements pas exactement democratiques et repecteux des libertés individuelles... ben a part la Coree du Nord, et encore, l'info passe quand meme... Et plus on va avoir des multireseaux warried/wireless plus il va devenir difficile de bloquer les transmissions. Alors ça pourra etre lent, les paquets feront peu etre 20 fois le tour de la planete et faudra peut etre les repeter une 30aine de fois, mais ils finiront par arriver...

Apres, il faut faire la distinction entre Internet et des protocoles qui sont utilisés sur internet, comme le WEB... chaque niveau a ses faiblesses.

avatar françois bayrou | 

"Ce que tu ne comprends pas c'est la notion de robustesse de reseau."

Et toi tu as bien sûr tout compris. On en reparle dans quelques temps, de la robustesse du réseau.

avatar Bigdidou | 

@françois bayrou

« Récemment c'est chez nous que les gros fournisseurs de contenu ont été impactés - sur une durée assez courte - à cause de quelques serveurs DNS qui étaient tombés.

http://www.numerama.com/tech/203154-panique-aux-usa-des-dizaines-de-sites-web-inaccessibles-apres-une-attaque-ddos.html »

Oui, DNS qui avaient été mal renseignés à cause d’une erreur de frappe.
Quelques serveurs très localisés, une panne mondiale géante, et, contrairement à la légende colportée qui veut qu’internet est tellement solide,sue l’information arrive toujours, un paquet de trucs définitivement perdus dans le cybesrspace.
J’avais lu beaucoup de papiers de spécialistes (ou qui se disaient comme tels) expliquant que l’architecture d’internet n’avait plus rien à voir à celle qui était prévue au départ, et que c’était devenu un colosse aux pieds d’argile, d’une fragilité inquiétante.
Je ne sais pas si des mesures ont été prises depuis.

avatar françois bayrou | 

Très peu, mais est-ce même possible.
les gros points de transit sont trop peu nombreux pour assurer une vraie redondance et certaines faiblesses dûes à l'archi même d'internet, et au fonctionnement des protocoles, existeront toujours.

Il suffit de voir les différences de débit vers Netflix selon que l'on est chez Free ou ailleurs.
Donc un ISP peut contrôler le débit ( et donc au pire, l'accès ) des sites que je consulte, et de l'autre on m'explique que même si 80% du réseau est down il continuera de fonctionner, ca sera juste plus lent ? mwais j'y crois pas une seconde ;)

internet est très fragile.
L'an dernier, le réseau a subit plusieurs attaques.
Récemment on a vu une augmentation anormale du téléchargement d'apps sur le store apple.
Pour reprendre une phrase lue ailleurs, quelqu'un apprends à faire tomber internet, et quand il y arrivera, ca va nous faire tout drôle.

avatar françois bayrou | 
avatar ovea | 

Apple est déjà tellement incohérente sur les échelles de neutralité du réseau qui fait circuler l'information

De multiples médias : mais aucun flux d'informations autorisé par Apple entre divers application de façon autonome et fonctionnelle

Sons inter-application : si iOS est possédé par le démon du son et de sa transmission entre applications, ce n'est pas permis de façon autonome pour toute application produisant du son et encore moins entre une application accédant à la bibliothèque iTunes, les traitement avec les AudioUnits.

Sons (Musique): aucun accès à sa propre bibliothèque «musicale» ni même plus généralement sonore et à un ensemble de services depuis le système d'accès à la musique et en particulier à la fermeture d'iTunes à toutes extensions, comme pour les fichiers en général.

Photos (Vidéo): absence de synchronisation totale de la bibliothèque de photos avec tous supports de stockage, comme pour les fichiers en général

Fichiers : monumentale échec de la communication d'Apple autour de la technologie iCloud Drive, montre bien ses velléités de ne pas être neutre du tout, et d'empêcher tout échange de données entre Drives, si ce n'est en passant par l'iCloud … WTF !?!?

Inter-applications : l'échange de données est toujours impossible entre applications sans une recopie, ou une duplication intégrale d'un fichier, et plus il est lourd, plus ça dégrade les performances, d'où une optimisation très largement sous-évaluée, et un échec dramatiques d'autonomie pour le système Apple qui ne maîtrise absolument pas l'aspect fonctionnel de la transmission d'informations par réécriture, ou l'utilisation des drivers pour les programmeurs old-school avec une gestion irréprochable des erreurs dès la conception bien d'aujourd'hui, de quoi ne plus se demander, malheureusement ce que veux dire sécurité chez Apple, tellement c'est devenu inique de lui dérouler de nouveaux tapis rouges pour se renouveau des mensonges d'automne.

avatar kymm | 

« Discrimer » ? ?

avatar Stéphane Moussie | 
C'est corrigé. Il y a une fonction très pratique dans l'app pour signaler les fautes (appui long sur la faute).
avatar kymm | 

@stephmouss

Je ne connaissais pas. Merci

avatar iPop | 

@stephmouss

Il y a une fonction dans iOS très pratique aussi : correcteur orthographique. De rien ?

avatar iPitch93 (non vérifié) | 

@iPop

Très pratique je ne sais pas trop là. Je me tâte à le désactiver tellement ça me remplace des mots pour des autres

avatar iPop | 

@iPitch93

Roooohh ! ?

avatar occam | 

Le nôt'e était neut'e, c'est net !

avatar deltiox | 

Si Apple veut produire du contenu Video et si elle continue à proposer de plus en plus de services alors cette neutralité du net est clairement son intérêt

Sans cela, les providers diraient à leur clients, soit vous payez pour ces services consommateurs de trop de bande passante soit on restreint la bande passante...ou alors Apple nous paie (cf les accords avec YouTube etc. De certains opérateurs )

Bref, Apple défend surtout ses intérêts

avatar oomu | 

bof.

c'est son intérêt comme le mien. Ce qui est l'unique chose importante.

Mais si internet devient à la carte et beaucoup plus cher pour y participer, cela ne changera pas grand chose pour Apple.

Je n'aurai pas les moyens d'assumer une bonne qualité pour moi, mais Apple les a. Elle se fondera dans la nouvelle industrie, paiera ce qu'il faut, voir achètera les opérateurs qu'il faut pour peser sur ses coûts.

Pour Apple, tout ira bien.

Mais en l'occurence, elle a raison de défendre ce principe, vu qu'il me convient aussi. C'est uniquement ça qui compte.

avatar android3665 | 

Je ne suis pas d'accord je pense au contraire que c'est une bonne chose , je m'explique :
Cette décision est une bonne nouvelle en effet, car elle fait partie du démantèlement voulu par Donald Trump des ingérences de l’État fédéral orchestrées par son prédécesseur. Ces règles donnaient en réalité au gouvernement américain, par l’intermédiaire de la FCC, un pouvoir de contrôle sur Internet requalifié en service public au même titre par exemple que les réseaux de téléphone. En apparence, mais en apparence seulement, cette réforme d’Obama partait d’une bonne intention, puisqu’il s’agissait d’interdire aux fournisseurs d’accès internet des pratiques qui pouvaient au premier abord apparaître comme déloyales : blocage ou ralentissement délibéré de services Web concurrents, et priorité donnée aux services prêts à rémunérer le fournisseur d’accès.

La neutralité du Net réglementée par l’État n’est pas un gage de liberté ni de neutralité

Défense des libertés, donc ? Non, si l’on considère la liberté du marché. Les fournisseurs d’accès ont de bonnes raisons de vouloir privilégier leurs propres services ou les services qui leur offrent une commission pour obtenir un retour sur investissements et offrir à leurs clients des prix réduits, et la libre concurrence entre fournisseurs d’accès leur interdisait d’abuser de ces pratiques. En revanche, la Net Neutrality permettait à la FCC de décider du contenu auquel les internautes pouvaient avoir accès au moyen du concept un peu trop vague de contenu conforme au droit.

En outre, dire, comme cela a été le cas, que ces nouvelles « règles de neutralité » allaient faire entrer les Américains dans l’ère de l’Internet libre et ouvert était un double mensonge. L’Internet n’était pas moins libre et ouvert avant l’adoption de ces règles en 2015, et ces règles ne s’appliquaient de toute façon qu’aux fournisseurs d’accès. Les fournisseurs de contenu tels Google, Amazon, Facebook, etc., tous en phase idéologiquement avec l’administration Obama, ont pu continuer de développer librement leurs outils de censure politique, une censure à laquelle est donc venue s’ajouter la capacité du gouvernement à imposer sa propre censure au niveau de l’accès à Internet, par une prise de contrôle de l’accès au moyen de la régulation des tarifs et de l’imposition de règles de bonne conduite.

Avec la fin de la Net Neutrality, l’Internet pourra rester libre et ouvert

Ces problèmes créés par Obama appartiennent donc désormais au passé, et c’est d’autant plus appréciable que les mauvaises régulations sont rarement abrogées. La nomination par Donald Trump, à la tête de la FCC, d’Ajit Pai, qui s’était vigoureusement opposé, en tant que sénateur, à la Net Neutrality, a marqué le début de la fin de la régulation d’Internet par le gouvernement. L’Internet n’est plus considéré comme un service public et la FCC n’a plus de pouvoir sur lui. L’Internet pourra donc rester libre et ouvert.

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