Apple ouvre à nouveau les portes de Cork en Irlande

Florian Innocente |

Apple a ouvert aux Echos les portes de ses installations de Cork en Irlande. Il n'y a pas en ce moment d'actualité particulière qui entoure cette usine… à part peut-être les 13 milliards d'euros que Bruxelles réclame à Apple pour des raisons fiscales. La Pomme avait procédé de même l'année dernière, toujours en réaction à ses tourments bruxellois.

On apprend quelque détails supplémentaires sur l'activité de la Pomme dans cette ville, située à moins de trois heures de Dublin. On se souvient que Cork fut, à l'époque des premiers Mac, la seule usine européenne qui fabriquait les ordinateurs d'Apple. Avant que la Chine ne devienne une destination de premier choix, sous l'impulsion d'un Tim Cook fraîchement recruté par Steve Jobs.

Devenu principalement un centre de logistique et un centre AppleCare, Cork continue de fabriquer des iMac. Les pièces sont envoyées de Chine puis assemblées et testées sur place par 360 personnes, explique l'article.

140 iMac peuvent être produits quotidiennement pour le marché EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique). Pourquoi les faire en Irlande plutôt qu'en Chine ? Pour les adapter aux besoins des différents pays servis, mais aussi pour la même qui faisait que Cork assemblait des Power Mac et Mac Pro « parce que vu la taille des iMac, les assembler en Chine et les faire venir de là-bas jusqu'aux consommateurs européens coûterait bien plus cher… ». Et puis les volumes ne sont pas du même ordre que ceux des iPhone qui sortent de certaines usines chinoises à raison de 500 000 unités par jour. Cela explique aussi pourquoi Apple a pu se permettre de faire fabriquer son dernier Mac Pro sur le sol américain.

Une chaîne d’iMac en 2015

Cork s'occupe aussi de l'impression de cartes iTunes, des tests de futurs matériels pour s'assurer de leur adéquation avec les différentes réglementations du continent, et de la traduction des logiciels : « Il y a 650 000 mots dans macOS. Or, ils sont en moyenne de 30 % plus longs en allemand et de 40 % à 45 % plus longs en grec ou en hongrois qu'en anglais. Il faut donc réduire la taille des messages ».

Il y a des équipes de développeurs, des testeurs de prototypes et puis toute la partie logistique ainsi que l'assistance AppleCare. 2 000 personnes répondent aux questions des clients présents dans tous les pays de la zone couverte. La logistique s'occupe de fournir les boutiques Apple et les autres enseignes en produits et de surveiller leurs stocks. Trente millions de colis ont été envoyés au dernier trimestre, explique le responsable de cette partie.

Cork sert ainsi de poste d'aiguillage entre les produits qui arrivent de trente sites de production à travers le monde, transitent par neuf centres de distribution et repartent en camion vers les revendeurs.

6 000 personnes, de 96 nationalités différentes, travaillent aujourd'hui à Cork, explique Apple. Les effectifs ont repris du poil de la bête après une période de creux lors des années de vaches maigres (600 postes au lieu de 2 000 après le retour de Jobs) et une grande extension au campus est en construction.

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avatar maruku | 

Cette communication d'Apple tente de justifier le rapatriement du CA Europe en Irlande : "Regardez on peut fabriquer 50.000 iMacs par an à Cork, on a un centre de logistique, etc... C'est donc tout à fait normal d'y faire affluer le CA".

Tout cela est bien ridicule... Que représente en part de CA Europe cette production ? Très peu...

Cette affaire est avant tout un symbole de l'échec de l'UE :
- échec de n'avoir pas pu contenir la création d'un paradis fiscal : l'Irlande (on pourrait rajouter : échec de n'avoir pas mis fin au paradis fiscal luxembourgeois dont profite encore Amazon) ;
- échec de n'avoir pas su imposer la création d'usines aux fabricants de Hi-Tech (regardez ce que l'Inde veut imposer à Apple pour ouvrir son marché ; ou encore Alstom qui doit construire des usines aux USA pour pouvoir remporter les marchés publics de transports).

Peut-être nous faut-il un Trump européen, pour balancer quelques tweets bien sentis pour effrayer les multinationales ? Je me le demande...

avatar Trillot Bernard | 

C'est pas un échec de l'UE, c'est le résultat de sa stratégie d'enchère fiscale à la baisse des impôts. Il s'agissait d'obliger tous les pays européens à baisser leurs impôts afin d'affaiblir les Etats, selon l'idéologie Reagan/Thatcher.
Et ça a bien marché! trop peut-être, certains états sont trop endettés et ça plombe la croissance européenne. Mais c'était quand même un effet recherché.
Que des boîtes en profite pour diminuer leurs impôts c'est peut être triste sur le plan éthique, mais on peut difficilement leur reprocher de saisir l'opportunité qu'on leur offre.

avatar maruku | 

Echec de l'UE ou résultat de sa stratégie, c'est pour moi la même chose. Effectivement, c'est ce modèle d'hyper compétitivité sans avoir des normes fiscales communes qui a permis l'émergence de certains pays sous-développés tout en s'endettant massivement. Résultat, l'Irlande est le pays le plus endetté de l'UE après la Grèce, l'Italie et le Portugal...

Là où l'Irlande devient agaçante c'est quand elle bénéficie d'un plan d'aide de 100 milliards d'euros (financés par le FMI et l'UE) et que dans le même temps elle ne souhaite pas toucher l'amende d'Apple de 13 milliards... Double peine pour les autres pays européens : payer le dumping fiscal irlandais et ne pas toucher les recettes fiscales manquantes (à cause du transfert du CA vers l'Irlande)...

Effectivement on ne peut pas reprocher grand chose aux entreprises, sauf sur le plan éthique. C'est au gouvernement européen et national d'agir, mais je ne sais pas si cela arrivera un jour...

Je vous conseille d'ailleurs la lecture très intéressante de l'article de Jean-Michel Quatrepoint au Monde diplomatique où il montre que les amendes des agences américaines contre les entreprises françaises ne sont faites que pour protéger les intérêts de leurs propres entreprises...

avatar C1rc3@0rc | 

Heu non il s'agit bien d'un echec politico-economique europeen.
L'Irlande est sous perfusion depuis des annees et sa gestion financiere et fiscale est auditée en permanence par les institutions de l'UE.
Et la l'UE reclame a l'Irlande d'imposer un redressement fiscal aux entreprises qui ont beneficié - par attribution decidée ouvertement et legalement parle gouvernement irlandais - de subventions europeennes aujourd'hui considerees comme indues.

En gros l'europe reproche a l'Irlande de ne pas avoir fait le boulot de controle des commissions qui geraient le dossier irlandais depuis des annees.

Donc cela constitue bien un echec europeen et montre un dysfonctionnement inconstestable.

« Il n'y a pas en ce moment d'actualité particulière qui entoure cette usine… à part peut-être les 13 milliards d'euros que Bruxelles réclame à Apple pour des raisons fiscales.»

Bruxelles ne reclame rien a Apple, la reclamation se porte sur le gouvernement Irlandais qui aurait illegalement attribué des subventions europenne principalement sous le forme de reduction fiscale aux entreprises internationales qui se sont installées en Irlande.

La reclamation est d'ailleurs interressante puisque elle releve typiquement d'une ingerance dans la direction de l'etat. Le mecanisme est tordu et pervers, mais l'Europe fait clairement fi de la notion de souveraineté nationale dans le cas presente. Le pire c'est que la commission n'attaque nullement Apple sur ce dossier, mais bien le gouvernement irlandais, et les media restent sur la communication UE against Apple. C'est pitoyable!

avatar maruku | 

Globalement d'abord sur ton appréciation. Deux points méritent seulement des précisions :

Ce n'est pas un "mécanisme tordu et pervers", c'est l'application pure et simple de l'article 107 du TFUE (traité sur le fonctionnement de l'UE, ratifié par tous les Etats membres). Cette disposition interdit les aides d'Etat (comme ici, un cadeau fiscal fait à Apple par l'Irlande) qui menacent ou faussent la concurrence au sein des Etats membres de l'UE.

De plus quand tu dis "L'Europe fait fi de la notion de souveraineté nationale", je ne suis pas d'accord : ce sont les Etats qui, en ratifiant les traités, ont perdu volontairement et en connaissance de cause une partie (essentiellement économique et migratoire) de leur souveraineté... Libre (ou pas, on le verra avec le Brexit), à eux de sortir de l'Union pour recouvrer leur souveraineté.

avatar Jeanmatthieu | 

À ce propos, il y a une opportunité dans mon équipe à Cork. http://bit.ly/HWEcrk1

avatar byte_order | 

> Passion for Apple platforms and writing simple, elegant software

Ah mince, j'ai perdu la première.

avatar Domsware | 

@Jeanmatthieu
Intéressant ! J'aimerai bien discuter avec des personnes travaillant pour Apple.

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