Steve Jobs: The Man in the Machine explore le côté obscur

Mickaël Bazoge |

C’est durant le festival South by Southwest (mieux connu sous l’acronyme SXSW) se tenant actuellement à Austin, que le documentaire Steve Jobs: The Man in the Machine a été présenté. Ce film n’a rien d’une hagiographie : il s’agissait, pour le réalisateur Alex Gibney, de présenter le côté le moins lumineux du fondateur d’Apple qui, comme chacun sait, n’avait rien d’un ange. Apple n’a pas souhaité participer à ce document, ni même la veuve de Steve Jobs, Laurene Powell, qui avait dans un premier temps donné son aval.

Il est vrai que le film ne brosse pas le portrait le plus reluisant de Jobs. Hollywood Reporter livre quelques anecdotes peu amènes racontées dans le documentaire, comme la promesse de Steve Jobs de mettre les journalistes de Gizmodo en prison après l’acquisition par le site d’un prototype d’iPhone 4 perdu dans un bar; le patron d’Apple n’a pas eu le temps d’accomplir cette funeste tâche : il est mort un an après.

Bob Belleville, directeur de l’ingénierie sur le Macintosh entre 1982 et 1985, a expliqué qu’il entretenait une relation d’amour/haine avec son patron et que la culture de l’entreprise Apple lui avait coûté son mariage. Le docu met aussi en avant la goujaterie du père de Lisa, qui n’a finalement reconnu sa fille qu’après un test de paternité. Après l’introduction en Bourse d’Apple, en 1980, Steve Jobs devenu millionnaire a consenti à verser à Chrisann Brennan, la mère de Lisa, une pension mensuelle de 500$.

Lisa et son père.

La relation entre Jobs et Lisa est complexe (elle sera d’ailleurs au cœur du biopic de Danny Boyle actuellement en tournage), mais le créateur d’Apple avait bien l’intention de baptiser le premier ordinateur à interface graphique du nom de sa fille. Et cela aurait pu être Claire, puisque tel était le prénom voulu à l’origine par Jobs. Finalement, Lisa s’étant imposé, il changea le nom de son ordinateur.

Ces anecdotes dépeignent un Steve Jobs au comportement difficile et colérique, loin de l’image angélique véhiculée après la mort du génial créateur. L’aspect sombre et torturé de Jobs était néanmoins bien connu et documenté. Le film d’Alex Gibney semble toutefois s’appesantir sur les sautes d’humeur et le côté obscur du fondateur d’Apple, comme l’explique un autre journaliste du Hollywood Reporter : Gibney « ne creuse [son sujet] que lorsqu’il a une anecdote négative à raconter ». Il semble d’ailleurs que les spectateurs qui ont quitté la salle de projection durant le SXSW aient été des employés d’Apple.

Le docu passe aussi un certain temps à enquêter sur le concept d’« ordinateur personnel » développé par Jobs, en inscrivant l’iPhone dans cette vision. Pour le reste, si le parti-pris du réalisateur permet de rééquilibrer l’image faussée que l’on peut avoir du fondateur d’Apple, il n’apprendra sans doute pas grand chose aux aficionados de la marque. Le film, qui n’a pas encore trouvé de distributeur, sera sans doute le contrepoint intéressant de la biographie Becoming Steve Jobs qui contient son lot de révélations (lire : « Becoming Steve Jobs » : la bonne foi de Cook envers Jobs).

Mise à jour — Le documentaire a beaucoup déçu Eddy Cue, qui s’en est ouvert sur son compte Twitter. « Une vision inexacte et mesquine de mon ami. Ce n’est pas le reflet du Steve que je connaissais ». Par contre, le grand patron des contenus chez Apple dit tout le bien qu’il pense de la biographie à venir, Becoming Steve Jobs.

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avatar Claude Pelletier | 

A priori pas de raison de s'offusquer. Tous les "grands" hommes ont leur côté face. Que cela nous serve à ne jamais idéaliser, vénérer, idolâtrer, un leader quelconque. Ne jamais élever de statue…… Et dans des domaines plus généraux, pas de sauveur suprême !  ;—)

avatar nova313 | 

A part l'anecdote de Gizmodo je je ne connaissait pas, on apprend pas grand chose. Les aficionados savaient que Jobs était un c*n, mais ils savaient aussi qu'ils pouvaient être un formidable moteur (avec son champ de distorsion).

avatar oomu | 

on oubliera pas aussi l'attitude de Gizmodo, qui avec Steve Jobs tenta de jouer au poker menteur. Puis de durcir le ton puis de se faire passer pour des victimes

Cette histoire couta beaucoup de crédibilité à Gizmodo pendant un temps.

Bref, entre deux têtes à claque, je choisis toujours celle sous Mac :)

avatar pat3 | 

no news… Steve Jobs était aussi con et barré avec les gens qu'intuitif pour les produits. Malgré son caractère irrascible, beaucoup lui sont restés incroyablement fidèles, le suivant chez Next et revenant avec lui chez Apple. Bref, on n'apprendra rien sur Apple dans ce docu, on pourra peut-être se repaitre de moments sordides, pourtant pas exempts de sa bio officielle.
Pas sûr que je mettrais 10 euros dans ce docu (mais peut-être qu'à la faveur d'un désœuvrement durable, j'essaierai de le télécharger?)

avatar joneskind | 

C'est clair que la bio écrite par Walter Isaacson est déjà bien assez riche d'enseignements sur le côté obscur de Steve Jobs. Sortir un documentaire en argumentum ad hominem aussi manichéen relève simplement de la mauvaise foi la plus totale. Et c'est pas comme si on nous apprenait quelque chose. Par ailleurs, le type qui explique qu'Apple et Steve Jobs lui ont couté son mariage me fait doucement rigoler. Il aurait aussi pu quitter Apple et c'est son mariage qui lui aurait couté son boulot. La vie n'est qu'une affaire de choix.

avatar Kiros | 

@joneskind :
Ah oui ? Enfin b'en non !! Euh ... Si en fait, c'est pas faux.

avatar béber1 | 

"..il n’apprendra sans doute pas grand chose aux aficionados de la marque. "

Mickael, trop fooort
comment fais-tu pour savoir ça de nous ?

avatar tbr | 

Bon, en gros, un film-troll : trouvez-moi quelqu'un — un dirigeant d'entreprise, ou même une simple et humble personne — qui n'a pas son lot de "petits" défauts, insupportables pour d'autres.

Ce qui vaut pour Steve Jobs pourrait être vrai, avec d'autres défauts, pour d'autres, à commencer par ce type.

avatar Moonwalker | 

Après le bioptic, la coloscopie ?

avatar achille70 | 

Je n'ose l'imaginer!

avatar MacGyver | 

trop tard...

avatar achille70 | 

Si Jobs n'avait pas été aussi "Bipolaire" Apple ne serait certainement pas ce qu'elle est, il faut donc se féliciter qu'il fût coloré. D'ailleurs je serais bien curieux de connaître le nombre de fondateur de multinationales ayant un caractère doux et avenant, charmant et attentionné, bienveillant et totalement philanthrope? J'ai parfois l'impression que certains recherchent dans la vie de Steve Jobs des éléments obscurs qui pourraient nous amener à reconsidérer l'empire qu'il a édifié.
Il faudra un jour trifouiller dans la vie d'autres monarques du CAC 40, on se rendra vite compte que Jobs n'était peut être pas si mauvais!

avatar nova313 | 

@achille70 :
Ben, tu as Bill Gates. Il n'a jamais été réputé pour être un gueulard, mais quelqu'un de compétent qui connaissait son métier, ce qui fait qu'on le respectait pour ses connaissances.

avatar Nesus | 

@nova313 :
Tu parles du Bill Gates qui a massivement investi dans Monsento, cette minuscule entreprise qui nous empoisonne constamment ?
Celui qui a fourni des ordinateur au tiers monde pour mieux vendre sa licence d'utilisation de Windows ?
Oui, un grand philanthrope.

avatar oomu | 

Vous parlez de Bill ? qui était sans pitié pour torpiller toute petite société concurrente et qui avait le flair pour exploiter tout contrat pile où ça faisait mal ?

Mais oui, Bill Gates n'est pas connu pour être un gueulard. Mais ne sous-estimez pas son coté retors. On ne devient pas millionnaire en caressant des chatons.

avatar MacGyver | 

ce film est a SJ ce que "The Interview" est a Kim Jong Ill quoi...

avatar Schwarzer Stern | 

"loin de l’image angélique véhiculée après la mort du génial créateur"
je dois passer trop de temps sur macg, jamais vu cette image-là moi ^^

avatar béber1 | 

Mais si, l'image du gars qui fait des confs avec une auréole et lévitant à 4m du sol
tu l'as pas vu sur bfm ou cnn ?

avatar oomu | 

vla encore une explication de pourquoi je regarde ni BFM ni CNN. (ni tout ce qui est en 3 lettres manifestement...)

avatar béber1 | 

y'avait aussi TF1, FOX, CBS, NT1 et… aaaargh

avatar Vanton | 

Pour le test de paternité de Lisa, quand on le replace dans le contexte des années 70 en Californie, ça n'a pas grand chose de bien surprenant... En plein flower power, entre alcool et drogue, ça butinait pas mal... Et apparemment la relation entre la mère de Lisa et Steve était très fluctuante. En tant que millionnaire il devait s'interroger sur les motivations de la jeune femme.

Ça ne rend pas pour autant la chose très élégante, c'était loin d'être un gentleman, mais juger cette histoire comme si elle arrivait aujourd'hui me semble un peu trop facile.

avatar béber1 | 

c'est tout le problème des jugements faciles rétrospectifs.

avatar vincepalmer | 

Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à montrer le sale caractère de Jobs - ce n'est ni un secret ni un tabou.
C'est aussi son caractère bien trempé - voir carrément bipolaire - qui a fait de lui ce personnage fascinant. Ces crises de fureur, son histoire compliquée avec sa fille, sa manière de traiter ses employés, son franc-parler, c'est aussi ça Steve Jobs.
C'est surement dommage de ne se concentrer que là-dessus par contre. Mais est-ce qu'un documentaire se doit d'être toujours objectif? C'est un parti-pris, c'est à charge, c'est pas pour ça que ce n'est pas intéressant.

avatar oomu | 

un documentaire ne peut pas être objectif, car vous êtes obligé de composer avec les matériaux accessibles et ce qui reste de la vie de la personne.

C'est une chose à savoir quand on regarde tout documentaire, aussi bon soit il.

avatar oomu | 

" loin de l’image angélique véhiculée après la mort du génial créateur"

PARDON ?! On parle des médias de la Terre ou de ceux de Venus (notoirement connu pour tout pardonner) ?

avatar Aphelion | 

La réaction de Eddy Cue est assez prévisible, mais bon, pour sa défense, il est difficile d'avoir un avis objectif quand il s'agit de quelqu'un qu'on connait et qu'on a côtoyé durant plusieurs années. Il est rare que l'on connaisse tous les aspects d'une personne, on a tellement de visages et tellement de réactions différentes en fonction des situations et des personnes avec qui on est, qu'il est difficile voir impossible de prétendre tout savoir de quelqu'un.

avatar Neufouad | 

J'aurais un poil plus confiance en l'ami d'un défunt qu'à un journaliste pas du tout en quête de sensationnalisme…

Chacun mon truc comme on dit. ;o))

avatar dumas75 | 

500 dollar pour son "ex" ?
Quel radin ce Steve ;)
Je comprend que Apple ne nous fasse pas de cadeaux sur les prix :)

avatar Berechit | 

@dumas75 :
Oui mais 500$ par mois :)
Et sa fille, elle, est dans ses héritières...
Bon, on sait tous que Steve était lourdement caractériel, ego centré... Un ass hole comme ils disent là bas ! Mais son champ de distorsion de la réalité a bel et bien entraîné des tas de type bien et fini par faire créer une partie de cette réalité rêvée...
Perso, j'aimais bien le coup de la Mercedes sans numéro minéralogique (mais moins celui des places handicapés) !

avatar tbr | 

Il n'a pas eu de gosse avec toi. :-)

avatar Moonwalker | 

Le meilleur film a déjà été réalisé sur le sujet, qui éclaire, sans forcer le trait, la personnalité complexe de Jobs : Les pirates de la Silicon Valley.

Au passage, Bill Gates est, et à toujours été, un tueur en affaires, un animal au sang froid, redoutable joueur de poker.

Nota : la photo avec Lisa date de l'époque NeXT.

avatar Zoupinou | 

La subtilité nuit au sensationnel. Comme dit le dicton, "l'homme du mardi n'est pas l'homme du lundi".
Le Steve Jobs du début et le Steve Jobs de retour chez Apple sont très différents même s'il a toujours eu un caractère hors normes.
Et il y a beaucoup de raisons à ça (enfant abandonné qui lui-même abandonne pour le versant Lisa, etc.)
Il est plus simple et plus vendeur de dire que c'était un salaud que d'enquêter sérieusement sur l'évolution du personnage.
On peut espérer que le film à venir soit plus nuancé et réellement informatif.

avatar Veetouine | 

Je pense que l'idée du reportage est plutôt de montrer l'antinomie existante entre un homme "publiquement charismatique", capable d'avoir une standing ovation juste avec un "oh ... one more thing", et ce meneur d'hommes qui devait être imbuvable, mais qu'un nombre incroyable de génies (techniques, commerciaux, financiers, etc.) ont suivi et supporté des années durant, et qui n'auraient changé de boss pour rien au monde !

A un moment où le moindre programmeur de la Silicon Valley pouvait choisir son employeur et le montant de son chèque, certains sont restés à supporter un homme colérique, quasi cyclothymique, capable de dévaloriser le travail de ses collaborateurs, ou des prendre à son compte comme les siennes les idées des autres.

Ou comment présenter un indescriptible caractériel pourtant tellement fédérateur ?

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